Chapitre 1

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Un matin, peu de temps après son installation, Emma sortit sur la véranda une tasse de café à la main. Elle se plaisait ici à Storybrooke : c'était différent de Boston, où elle avait vécu durant des années.

Aujourd'hui, cependant, elle avait besoin de nouveaux souvenirs, de tranquillité. Elle devait surtout oublier son passé douloureux, qui lui faisait toujours aussi mal.

Elle n'avait pas eu, de fait, un endroit bien à elle depuis fort longtemps. Bien sûr, la maisonnette ne payait pas de mine, mais c'était tout de même son chez-elle, un espace où nul ne pouvait pénétrer sans sa permission. La petite maison se situait un peu à l'écart des autres, près des bois. Cet isolement, pourtant, ne la dérangeait pas. Elle en avait l'habitude.

La propriétaire lui avait proposé, étonnamment, d'acheter les produits et les fournitures nécessaires, afin d'en changer la décoration. C'était une drôle de femme, un peu irritante par ses bavardages incessants, bien qu'agréable et gentille. Elle avait de courts cheveux noirs. Son prénom, Mary Margaret, était assez drôle.

La jeune femme blonde n'avait pas, depuis son arrivée, de véritables amies. Elle n'était pas sûre d'en avoir eu avant, d'ailleurs. Elle n'était pas non plus certaine de savoir comment se faire des amies, encore moins de le mériter : son passé formait un mur entre elle et les autres, un mur qu'elle ignorait comment abattre, un mur qu'elle ne voulait pas vraiment détruire.

Par ailleurs, elle économisait systématiquement la moitié de ses pourboires. Chaque soir, elle mettait son argent dans un tiroir dans sa chambre. Elle le gardait pour les coups durs ou n'importe quoi d'autre, juste parce que son passé la menaçait encore et qu'il risquait de la rattraper à tous moments, ce qui l'angoissait à un très haut degré.

— « Bonjour ! Lança une voix, l'arrachant en sursaut à ses pensées. Vous devez être Emma. »

Elle se retourna. C'était un homme aux cheveux courts bruns. Il avait l'air d'avoir trente-cinq ans, guère plus, un très bel homme. Mais elle se méfiait dorénavant des hommes un peu trop beaux.

— « Mary-Margaret Blanchard m'a dit qu'on était voisins.
— Je ne savais pas que quelqu'un était installé à côté de chez moi, répondit-elle.
— Je crois qu'elle non plus, reprit le jeune homme. Elle a bien failli tomber de sa chaise quand je lui ai dit que je prenais l'appartement. Mes amis m'appellent Daniel, ajouta-t-il en lui tendant une main.
— Bonjour, lui dit Emma en serrant la main tendue vers elle.
— Vous avez vu ce temps superbe ? fit-il remarquer.
— C'est splendide ! Quand avez-vous déménagé ?
— Hier après-midi. Et vous ?
— Trois semaines !
— Storybrooke vous plaît-il ? demanda Daniel. C'est un monde à part...
— Que voulez-vous dire ? S'inquiéta la jeune femme blonde.
— Que vous n'avez pas l'air d'être de la région...
— Je viens de loin, effectivement.
— Je comprends maintenant. Bon, je vous souhaite bonne journée. »

Une fois Daniel parti, Emma respira plus sereinement. Elle s'était forcée tout au long de la conversation, supposant qu'il en était ainsi dans les petites villes. Il avait été poli, n'avait pas tenté de s'incruster, s'était contenté du peu d'informations qu'elle avait daigné lui donner. Elle en fut rassurée et put continuer d'aménager son nouvel appartement, bien qu'elle n'eût que très peu de choses à y ranger, ses uniques possessions tenant dans le sac à dos qu'elle portait en arrivant à Storybrooke.

Elle avait prévu de réorganiser la véranda. Elle avait déjà pris l'habitude de s'asseoir sous celle-ci, de s'y relaxer, d'y boire son café. Elle aimait particulièrement y lire les romans qu'elle empruntait à la bibliothèque, l'un des premiers endroits qu'elle avait recherché à Storybrooke. Les livres lui avaient terriblement manqué ces dernières années.

Elle installa dans un coin des canisses, afin d'avoir un espace où nul ne pouvait voir ce qu'elle faisait. Elle y plaça un petit établi, très étroit, qu'elle avait elle-même conçu, ainsi que des étagères qu'elle avait fabriquées avec soin. Elle y disposa diverses boîtes sans étiquette, ainsi qu'un réchaud.

Revenue à l'intérieur, elle sortit du sac à dos un coffret sur lequel était gravé un caducée, qu'elle observa longuement. Elle décida finalement que le contenu en était trop précieux pour être laissé à l'extérieur. Elle le posa avec précaution sur le rebord de sa table de nuit, le recouvrit d'un tissu léger, comme s'il s'agissait d'un trésor des plus précieux. Satisfaite, elle attrapa un livre sur la flore des alentours.

Un amour éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant