Au bout de deux semaines, une routine c'était finalement formée.
Entre-temps, Kenny avait été remit sur pied après un passage rapide en gériatrie -demandée de la part de son neveu, qui n'était 'plus sûr' de son âge finalement- qui n'avait pas duré plus de deux jours. L'Ackerman pouvait être très persuasif quand il s'en donnait l'occasion.
En vérité, il avait compris -à ses propres dépens- que faire chier un Ackerman, qu'il soit plus jeune ou plus vieux, menait toujours à une repentance. La sienne avait eut comme nom "Service gériatrique" autrement dit "on t'aide parce que tu sais plus pisser seul".
Pour quelqu'un comme Kenny, c'était un énorme coup à encaisser. Son ego s'en était retrouvé démoli quand la première infirmière avait voulu lui foutre un thermomètre dans le cul.
Il avait tapé un scandale par la suite et pour le calmer, on lui avait injecté une bonne dose de sédatif.
C'est d'ailleurs un Levi passablement amusé qui l'avait retrouvé, le lendemain, lui shooté comme un cheval. Il en avait tiré de bonnes conclusions. Et de bonnes opportunités pour l'emmerder à l'avenir.
Le neveu de Kenny passait depuis environ une bonne semaine presque tout son temps libre au Starbucks de la gare, à discuter avec le gamin à qui il inculquait un meilleur vocabulaire. C'était, clairement, l'hôpital qui se foutait de la charité.
Mais d'une certaine manière, ça lui plaisait que malgré son manque cruel de vocabulaire 'adapté', le mioche pouvait quand même apprendre de lui. A vrai dire, il se délectait de cette situation, après tout, qui l'aurait cru? Lui, celui possédant une panoplie de défauts linguistiques donnant des leçons à un jeunot capable de lui fermer le clapet.
Personne n'y aurait cru. Pas même Mikasa, cette jeune et naïve jeune fille.
Possédant des manières pires que les siennes.
A embrasser un vieux galeux coincé dans un lit d'hôpital -dont les frais étaient couverts par nul autre que son bienveillant neveu- et à espérer un avenir merveilleux rempli de bonheur et de câlins au monde entier.
Cette Kissackerman était une trop grande idéaliste, elle finirait par se faire déplumer par un crétin.
Un raclement de gorge attira son attention. C'était le gamin.
- Levi?
- Bordel. Quoi, encore?
- Comment ça, encore?
Il ne reçut pour réponse qu'un regard agacé et il continua donc.
- Tu saurais m'écouter deux minutes sans rêvasser? Je viens de te poser une question hypra importante. Genre, de vie ou de mort.
- On ne dit pas "genre". Putain Eren, j'ai l'impression d'être ta mère à t'apprendre tout ça.
- On ne dit pas non plus "putain" ou encore "merde" à tout bout de champ.
Le lycéen se leva et repassa de l'autre côté du comptoir, faussement indigné par le manque d'attention flagrant de son public restreint -composé uniquement du noiraud- et soupira exagérément pour convier son interlocuteur à prendre de ses nouvelles. Sans succès.
Il fronça dès lors les sourcils, véritablement remonté. Il le snoba quand il vint prendre commande, quelques minutes plus tard, laissant à son nouveau collègue l'immense 'chance' de le servir.
Il partit en salle afin d'essuyer les table et de mettre à la poubelle ce qu'apparemment des gens n'étaient pas capable de jeter. Levi se rendit à la place qui était maintenant la sienne aux yeux d'Eren. Il était rapidement devenu un habitué du café, malgré les prix qui faisaient mal au cul. Il s'était familiarisé avec les autres employés qui remplaçaient Eren mais il n'arrivait pas à avoir le même genre de discussion avec eux. Ce mioche et lui pouvaient parler des heures quand le café n'était pas remplis de monde de n'importe quel sujet.