Kenny Ackerman détestait énormément de choses sur cette maudite Terre et les hôpitaux figuraient sans doute en Top 1 si on omettait les incapables, les faibles, les actrices pornos sans formes, les cornichons et les interactions sociales avec d'autres personnes que les Ackerman. Quoique... Levi n'était pas d'une compagnie agréable mais il ne pouvait pas s'empêcher de l'emmerder, c'était sa façon à lui de lui prouver qu'au fond, il l'appréciait. De manière totalement gauche, il est vrai.
Puis ils n'étaient plus que trois (mis à part le vioque qui semblait vivre sa meilleure vie à bouffer des feuilles et boire de l'eau de pluie dans le tréfonds des montagnes) : lui, Mikasa et Levi.
Il haïssait presque toute la planète donc. Presque.
Le petit toutou de son neveu, celui qu'il avait pu voir deux minutes à tout casser, n'avait pas l'air d'être quelqu'un de banal s'il avait réussi à mettre le grappin sur Levi. Il devait carrément lui manquer une case.
Il ricana en tentant de se relever mais tituba et trébucha. Un des gardes postés à l'entrée de son appartement passa la tête pour voir ce qu'il se tramait et soupira.
- Putain de merde, vous pouvez pas arrêter de picoler une minute? s'offusqua l'homme, un grand blond aux yeux bleus. C'est pas que c'est chiant de vous entendre grommeler comme un ivrogne mais...
- Ta gueule Eld, tu fais juste chier à l'ouvrir, grogna Kenny, mécontent. Déjà j'ai rien demandé à personne, tu peux te barrer. Je comprend toujours pas pourquoi on me colle des imbéciles pour me "protéger", cracha-t-il. Je suis plus compétent que tous les gardes que vous mettez à ma disposition depuis que Levi a ouvert sa grande gueule pour me pister.
Il grogna en y repensant. Il se releva et se dirigea vers sa chambre.
- Si quelqu'un demande après moi, envoies le chier. Je compte me pieuter et je suis pas la putain d'Aurore donc si Mikasa débarque, elle aussi tu peux l'envoyer bouler.
Et sur cette dernière remarque, il claqua la porte.
***
Si Kenny n'aimait pas beaucoup de choses, cela semblait être un trait de famille dont avait hérité Levi. Et la patience devait aussi avoir sauté une génération car prit dans les bouchons, le noiraud vouait une haine sans borne à tous ces "enculés sortis pour faire chier leur monde". Qu'il soit en pleine heure de pointe ? Il s'en foutait comme d'une guigne. Il voulait juste se rendre au plus vite à l'hôpital pour remonter les bretelles d'Eren, ce gamin suicidaire pas capable de se cantonner à son job étudiant...
Ce crétin, un héros? N'importe quoi !
Il soupira en regardant les files interminables qui l'attendaient. Ca promettait...
Il était prêt à lâcher sa voiture en pleine circulation pour continuer son chemin à pied quand il se rappela l'un des avantages de son métier. Il ricana en imaginant tous ces futurs poivrots coincés dans les bouchons. Il tâta la boite à gants et en ressorti son gyrophare de service. Il admettait que c'était sans doute abuser de ses avantages mais il n'en avait cure.
Avec un peu de chance, d'ici quinze minutes, il serait au chevet de ce petit con d'Eren.
***
En douze minutes et quatorze secondes, chrono à l'appui, le noiraud se retrouvait devant la chambre d'Eren.
Sans plus de cérémonie, il passa la porte en un soupir. Il détestait les hôpitaux aussi. Les gamins qui toussent, la morve au nez, l'odeur de gel antibactérien qui attaque les poumons à chaque respiration, les médecins décidément pas sexy...