Chapitre 2/ Camila

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— ¡Camilaaaaaa! ¡Despiértate!

Je menace Alejo, le fils d'une vieille connaissance de mon padre, du regard avant d'ensevelir ma tête sous l'oreiller. Pas moyen d'être tranquille depuis que ce morveux s'est installé chez nous. Mon seul refuge est désormais réduit à ce simple coussin en coton à travers lequel je me mets à grogner :

— ¡Déjame a paz, capullo!
(Fous-moi la paix, petit con !)

— C'est ta mère qui m'envoie, elle ne veut pas que tu arrives en retard en cours.

Sur ces mots, je souffle de frustration en pensant à l'année de terminale qui m'attend. Je devrais être fière d'être la première Cabello à finir le lycée, comme me le dit souvent mamà. Mais si je continue d'assister aux cours et m'efforce de ne pas avoir de mauvais bulletins, c'est uniquement pour lui faire plaisir. 

Quelques minutes plus tard, j'entends fébrilement la voix d'Alejo à travers l'oreiller :

— Tu sais... Ta mère m'a ordonné de te renverser cette carafe d'eau sur la tête si tu ne te lèves pas. Tu sais que je n'hésiterais pas. me prévient-il, un sourire narquois sur les lèvres en secouant le récipient dans ses mains. 

Je sens la colère enfler en moi. Depuis qu'il a emménagé ici après que son père soit parti magouiller je ne sais quoi à Chicago, il n'a cessé de me pourrir la vie. 
Je ne réfléchis plus et dans un excès de colère, balance l'oreiller à travers la pièce. Je relève la tête et aperçois cet abruti trempé, meuglant comme un veau. Un sourire glorieux prend place sur mon visage.

— Première chose à savoir sur Camila Cabello : ne jamais la provoquer. Tache de t'en souvenir la prochaine fois, mocoso. je lui crache au visage avant d'entendre un éclat de rire familier de l'autre côté de la porte. Miguel. Ou plutôt Miguelito comme je l'appelle. Mon petit frère adoré. Il entre dans la pièce en courant et me saute dans les bras. Je me lève, le plaque contre mon torse et le fait tournoyer dans les airs.

— Regarde Cami, je l'ai retrouvé ! me dit-il fièrement au moment où je le repose par terre. Il sort le bijou de la poche de sa salopette en jean et me le tend en souriant.

À la vue de mon célèbre médaillon, mon coeur se serre et mon estomac se noue. Je lui retire immédiatement des mains, peut-être un peu trop brusquement. Il me regarde de ses profonds yeux marron qui traduisent toute son innocence. Je sais que pour lui, ce n'est qu'un médaillon, mais pour moi, c'est l'objet de mon destin. Il définit mon présent et mon absence d'avenir. Comment suis-je censée expliquer ça à un gosse de cinq ans ? Je ne me fais pourtant pas d'illusion, tôt ou tard, je serais bien obligée de lui avouer que ce médaillon est le symbole des Luna Rojà. La rancoeur, la soif de vengeance et les dettes de mon paternel m'ont entraîné dans le gang et il n'y a déjà plus d'échappatoire pour moi, aujourd'hui. Je serais prête à donner ma vie, s'il le faut, pour protéger mon petit frère et le tenir à l'écart de cette merde.
Je veux un meilleur avenir pour lui, il mérite tellement mieux...

Je le remercie d'un baiser sur le front, il me sourit et quitte la pièce suivie d'Alejo qui me lance un regard assassin. Je l'ignore et sors à mon tour.
Après une douche rapide, je retourne dans ma chambre, une serviette nouée autour de la taille. J'ouvre mon armoire​ à la recherche de mon stupide uniforme. Mon nouveau lycée, s'imagine que nous imposer des tenues identiques va créer une sorte d'égalité au sein des élèves. La bonne blague ! Ça va juste nous obliger à trouver des manières plus créatives de rivaliser. 

Je ne pense pas réussir à m'intégrer, encore moins avec ce médaillon, même si la plupart des gens ignorent ce qu'il signifie vraiment. Je pose à cet instant mes doigts dessus afin de m'assurer qu'il se trouve bien à sa place : au creux de mon cou, à la vue de tous. 

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant