Chapitre 40/ Camila

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La légère brise de vent crée des vagues dans ses cheveux, les faisant onduler comme l'océan. Les marches se succèdent tandis que mes doigts se referment sur la rampe. Les murs blancs réfléchissent la lumière de la porte de sortie, l'ambiance est à l'apogée du romantisme.

Personne ne peut décrocher le sourire radieux qui illumine son visage. Ce sourire, dont je suis la coupable et la victime. Elle a les yeux qui pétillent et les miens aussi s'emplissent de paillettes, tout à coup. Je ne voudrais être nulle part ailleurs qu'ici, avec elle. C'est pourquoi je me réjouis secrètement qu'elle se soit enfuie de chez elle.

Une princesse fuyant sa prison dorée, secouru par une brave chevalière à moto : je vois déjà le titre sur toutes les affiches des cinémas.

Depuis que je l'ai rejoint, nous avons échangé très peu de mots. Je ne sais pas encore si je dois m'inquiéter. Je saisis soudain son poignet, effleurant le CD dans sa main. C'est moi, qui lui ai demandé de le prendre, tout à l'heure à la barque. Elle ignore encore pourquoi. Les marches en colimaçon prennent fin au niveau d'une grande porte métallique. Je sors mon couteau et le glisse délicatement dans la serrure. Je tourne la lame jusqu'à entendre un petit clic.

— Il faut absolument que tu m'apprennes à faire ça !

Mon visage se fend en sourire alors que la porte s'ouvre.

— C'est réservé aux bad girls...

— Oh la grande confrérie des rebelles ! dit-elle d'un air ironique. Les good girls sont juste des bad girls qui ne se sont pas encore fait attraper, tu sais !

— Si ça continue tu vas devenir une bad girl, si je comprends bien ?

Nous enjambons la latte de bois qui soutient la porte et pénètrons à l'extérieur de la tour.

— Effectivement, Si je continue de fuguer, un jour je me ferai prendre et là, je serais définitivement une bad girl. 

Je scrute ses yeux et m'aperçois qu'elle ne plaisante pas. Non, en fait elle est très sérieuse. Qu'est-ce que je dois répondre ?

— Si tu décides de fuguer de nouveau, sache que je suis là ce soir et je serais là tous les autres soirs. 

Elle incline légèrement la tête sur le côté et j'aperçois le reflet d'une larme dans la pénombre.

— D'ailleurs, pourquoi tu as fugué ? Je sais... que ce ne sont pas mes affaires mais... puisque je suis venue te chercher je... je bafouille, ne sachant pas dans quel sens du poil la brosser pour qu'elle accepte de se confier à moi. 

À ma grande surprise, elle prend la parole avant que je ne puisse continuer à me ridiculiser et manger mes mots comme une bécasse.

— Mes parents veulent envoyer ma petite soeur dans une institution médicalisée. Et je ne peux plus supporter de vivre sous le même toit que ces deux monstres. J'ai compris qu'il fallait que je m'éloigne quelque temps, quand j'ai commencé à avoir des envies de meurtres. elle rit nerveusement. Mais ne parlons pas de ça, d'accord ? 

Je sais à la manière dont elle détourne les yeux qu'elle n'est pas encore prête à en parler. Je sais aussi, que cette conversation n'est pas terminée, mais elle reprendra seulement quand elle l'aura décidé. Je suis déjà heureuse qu'elle m'ait avoué la source de son mal-être.

Je lui souris et prends délicatement sa main dans la mienne. Je l'entraîne dehors où une vue magnifique s'offre à nous. D'abord les étoiles, les constellations, la lune, puis une ville endormie. Sa bouche s'entrouvre sous la splendeur de la nuit. Et je peine moi-même à garder la mienne fermée.

Je lâche sa main et saisis le petit poste radio que j'ai laissé lors de ma dernière visite.

— C'était donc pour ça le CD ! Qui aurait cru que Camila Cabello faisait dans le romantisme ?

Je lui souris comme pour affirmer ses dires. Elle sort le disque de son boîtier et me le tend. Je le glisse dans le lecteur et la musique ne tarde pas à percer le silence de la nuit.

Je m'assois en appuyant ma tête contre la vitre. Elle se retourne, me fixe un instant et vient doucement poser sa tête sur mon épaule. Nous contemplons le ciel plusieurs minutes sans rien dire. Le silence entre nous est si paisible.

Les faisceaux lumineux de la lanterne au-dessus de nos têtes, donnent un éclat doré aux vagues. Le souffle de l'eau vient frapper nos joues avec tendresse. Ses cheveux détachés tombent sur mes genoux alors que je les caresse d'une main.

— Tu viens souvent ici ? brise-t-elle le silence en désignant le poste de radio.

— Ça m'arrive, oui...

Elle me regarde, les lèvres pincées comme si elle en attendait plus.

— Je viens ici parce que c'est un endroit reculé, complètement isolé du centre-ville, de la circulation... du tumulte habituel quoi. Personne ne te voit. Personne ne peut te juger quand tu veux pleurer pendant des heures ou bien crier jusqu'à ne plus avoir de voix.

Elle m'écoute sans émettre le moindre son, comme si sa voix avait été rompue. Pourtant je sens qu'elle veut dire quelque chose à la façon dont ses lèvres se plissent. Alors j'attends.

J'attends et je tends l'oreille pour entendre les ronronnements des voitures qui se font de plus en plus lointain, alors que nous approchons les trois heures du matin. Sûrement les fêtards, qui rentrent de soirée, où les gens qui travaillent très tard ou bien... Ceux qui roulent jusqu'au bout de la nuit pour chercher un sens à leur vie.

Je la sens bouger contre mon cou. Elle se redresse légèrement et entrouvre timidement les lèvres :

— Camz... Pourquoi tu m'as m'emmené ici ?

— Je voulais un endroit spécial pour quelqu'un de spécial.

Elle pose silencieusement sa bouche contre ma joue. Un plaisir intense s'empare de mon corps. À peine s'éloigne-t-elle que je sens encore la marque invisible de sa salive. Ce n'était qu'un simple baiser, gracieusement posé là, sur ma joue, mais pourtant il m'a paru tellement plus.

Toutes ces émotions me dépassent c'est évident, mais tant pis,  j'ai envie de les revivre. Que ce soit sur un phare ou ailleurs...

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Dans les derniers chapitres, je fais beaucoup ressortir mon âme de poétesse, je trouve ! Eh oui, j'écris des poèmes à la base ! Bon, aussi quelques nouvelles par-ci par-là, mais c'est la première fois que je me lance dans un projet aussi conséquent. Genre, un vrai livre quoi !! C'est tellement excitant ! 

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant