Chapitre 37/ Lauren

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— Je te l'avais bien dit !

Je roule des yeux à sa remarque et elle rie. 

J'imagine qu'on doit se sentir bizarre après avoir fait l'amour pour la première fois, dans les bras de quelqu'un qui n'est même pas son petit ami. Pourtant je ne ressens rien. Pas même un peu de culpabilité. Rien. Juste un bien-être fou.

— À quoi tu penses ?

— À quelque chose que j'aurais dû faire depuis longtemps. J'en ai pour cinq minutes.

Elle scrute mon visage, essayant de comprendre de quoi il s'agit. Elle ne dit rien et moi non plus. Je ne veux pas lui en parler maintenant, surtout pas avant que nous ayons finis ce que nous avons commencé. Je me redresse et elle me laisse attraper mon téléphone dans mon sac.

*Le message suivant : "J'ai besoin qu'on parle. C'est urgent. T'es libre quand après les cours ?" vient d'être envoyé à "Braddy❤️"

Quelle ne fût pas ma réaction, alors que je m'apprêtais à éteindre mon portable et reprendre gentiment notre activité, lorsque je découvris que j'ai quatre appels manqués de ma mère, accompagné d'un message vocale et de deux appels de Brad et Normani.

Paniquée, j'écoute sans plus attendre ma messagerie :
"Lauren, c'est ta mère. Je sais que tu n'es pas chez Bradley, ni chez Normani. Tu as intérêt à avoir une bonne explication ! Et à quoi servent les putain de téléphones portables !? Si tu entends ce message, rentre à la maison immédiatement ! Je ne plaisante pas. Si tu n'es pas là dans une heure, j'irai moi-même te chercher où que tu sois, et on sait toi et moi comment ça finira."

Fait chier !! Je me retourne vers Camila avec des yeux de chien battu. Je ne sais même pas quoi lui dire. Alors je ne dis rien... pas encore. Je ramasse simplement mes vêtements éparpillés sur le sol et commence à me rhabiller hâtivement. Elle me regarde faire sans comprendre. 

— Qu'est-ce que tu fais ?!

Il faut que je lui dise.

— Je dois y aller Camila...

Un silence où personne n'ose parler. Elle court soudain ramasser mon t-shirt par terre et le serre fermement dans ses bras, pour m'empêcher de partir, je suppose. Cette scène si attendrissante, ne manque pas de me faire sourire.

— Ne rends pas les choses plus difficiles, s'il te plaît, Camz.

— Alors c'est très simple. Reste !

Elle est sincère, je le vois à la lueur que reflète ses yeux. Tu n'imagines même pas à quel point j'ai envie de rester, Camz. Ce soir, a fait parti des rares fois où je me suis sentie moi-même. Une sensation tellement agréable que j'aimerais la revivre encore et encore, avec toi.

— Écoute, je suis vraiment désolée mais je ne peux pas rester... C'est ma mère... elle veut que je rentre tout de suite et je ne peux pas... m'opposer à elle. Elle saura qu'il se passe quelque chose de suspect et me retrouvera, j'en suis sûre. Je... je te tiens au courant, d'accord ?

Elle hoche lentement la tête. Je sais qu'elle est déçue, presque autant que moi je le suis. Elle m'aide à réagrafer mon soutien-gorge dans mon dos et je termine silencieusement de rassembler mes affaires. Le silence entre nous est glaciale, alors qu'il y a encore quelques minutes, de la chaleur émanait de nous. Cette situation m'éloigne encore davantage de ma mère. Parce que pour une fois que j'étais heureuse, pour une fois que je me sentais à ma place. Il a fallu qu'elle trouve le moyen tout gâcher, comme d'habitude.

Je m'avance vers le hall d'entrée, la tête lourde de pensées. J'ignore encore comment je vais rentrer chez moi. Je ne peux pas demander à Camila de me raccompagner, c'est trop risqué. Cette dernière s'approche soudain de moi et glisse un papier dans la poche de ma veste.

— Le ticket de bus qui te conduira chez toi. me lance-t-elle simplement.

Dois-je préciser que je n'ai jamais pris le bus ? Et ce n'est clairement pas dans mes intentions d'utiliser les transports publics, mais je m'en fiche, ce soir je le ferais.
Je respire un grand coup et tourne la poignée. Ma tête passe dans le couloir.

— Laureeeen !

Je me retourne en sursaut.

— Oui ?

— Ton t-shirt ! ricane-t-elle en le dépliant dans ses mains.

Je baisse les yeux et m'aperçois que je porte une veste sans rien en-dessous. C'est bien la première fois que ça m'arrive ! Je suis tellement pensive que j'en deviens étourdis...

— Tu n'as qu'à le garder. je réponds timidement en souriant.

Elle ne prends même pas la peine de répondre et s'empresse de l'enfiler par dessus ses seins nus. Je souris, il lui va si bien.

Je me baisse légèrement et ma bouche vient se coller à son oreille :

— Je te remercierai pour ce soir, un autre ce soir.

Ses yeux s'illuminent d'un seul coup et je sens ses lèvres se poser sur ma joue. Une sensation tellement douce et plaisante.

— Et fais moi plaisir... enfile quelque chose d'autre. je lui confère en désignant ses jambes et son entre-jambe presque visible.

— Je n'ai pas d'autres invités, tu sais.

Nous rions toutes les deux. Son rire est tellement communicatif que j'ai du mal à m'arrêter.
Elle m'adresse un clin d'œil et je viens déposer un baiser sur sa joue. Je descends les escaliers en me rappelant les avoir monté quelques heures plutôt, la main de Camila dans la mienne. Arrivée à la grande porte, je me retourne une ultime fois pour dire au revoir à cet endroit. Et je remarque Camila sur le paillasson, toujours vêtue de mon t-shirt. Elle semble vouloir me regarder partir. Je reste deux bonnes minutes à la regarder, puis, voyant qu'elle ne me voit pas, je franchis le seuil de l'immeuble.

Dehors l'air est légèrement frais et le vent pousse mes cheveux en arrière. Je marche les mains dans les poches, me remémorant les moindres petits détails de ce soir. Je sens mon portable vibrer à plusieurs reprises contre ma hanche, mais n'y prête aucune attention. Je continue simplement à marcher, le visage de Camila comme une ombre devant moi. J'ai l'impression de la voir à tous les coins de rues. Jamais mon imagination de m'avait joué des tours à ce point.

Je me dirige un peu au hasard en me disant que je finirais bien par trouver, avant que la nuit ne tombe. Je me résous finalement à m'arrêter à l'angle d'un trottoir pour regarder l'affichage d'un arrêt de bus.
 
"Miami North Beach" nous y voilà, ce n'était pas bien compliqué. 

Le bus est bien rempli en ce début de soirée. Les passagers parlent fort, leurs conversations et leurs rires résonnent dans ma tête comme un écho. Les imperfections de la route font vibrer ma tête contre la vitre. Ce n'est pas une position très confortable, mais il n'y en a plus pour longtemps. Je commence à reconnaître les rues, même s'il fait de plus en plus sombre.

Depuis mon siège, j'écoute deux dames discutées et l'une d'elle déclare que "Tatum Park" est le prochain arrêt. C'est là-bas que mon parcours s'achève.
Les portes coulisses brouillemment et je sors, mon sac à la main. Seulement quelques passages piétons me sépare de ma maison et... de ma mère. C'est ainsi, j'ai laissé Camila pour retrouver ma petite vie : ma petite vie et ses gros problèmes.

Je ne suis pas prête à affronter ma génitrice. J'aimerais juste m'enfermer dans ma chambre et ne plus jamais avoir à en sortir. Mieux encore, partir, partir loin de tout ce chaos. Pourtant je continue toujours d'avancer...

Mes semelles s'écrasent sur les graviers, tandis je me rapproche de la haie qui entoure ma maison. Je tourne à l'angle et remarque une silhouette descendre les marches du pavillon. Je cours instinctivement me cacher derrière les branchages et l'observe s'éloigner, en prenant bien soin de ne pas être vue.

Il est venu ici : Brad est venu ! Mais il est maintenant déjà loin. C'est donc le moment que je choisis pour pousser le portillon.

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Les parents gachent toujours tout, c'est bien connu...  ahah

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant