Chapitre 1/ Lauren

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Tout le monde s'imagine que ma famille et moi sommes parfaites et que ma vie n'est faite que de diamants et de réussites. Je me suis débrouillée pour qu'on y croit et à dire vrai, ça ne m'a pas demandé beaucoup d'huile de coude.
Aujourd'hui, les gens ne s'intéressent qu'à ce que vous reflétez, ce que vous laissez paraître. Ce que vous êtes ne les importe en général très peu. Ils vous examinent de la tête aux pieds, boivent vos paroles et vos mensonges, listent vos faiblesses et vos forces et ne cherchent pas à aller davantage profondément. C'est loin de me déplaire. J'ai pas mal de choses à cacher. Et si ces choses venaient à se savoir, vous pourriez être sûr que mon image de perfection absolue serait complètement renversée.

C'est sur ces belles paroles, que je tire les draps, m'extirpant consciencieusement de mon lit.
Ma toilette finement achevée, j'enfile l'uniforme du lycée, sans même me regarder dans le miroir. À quoi bon ? Je ne sais que trop ce qu'il s'y trouverait : la fille de dernière année, populaire, studieuse, en couple avec un apollon, que toutes les lycéennes envient et essayent de copier. Pourtant, je ne suis pas celle que tout le monde pense.

— Lauren Michelle Jauregui ! crie une voix depuis le pied d'escalier, me tirant subitement de mes pensées.

— Je descends maman, je finis de préparer mon sac ! je crie à mon tour en m'empressant de réunir mes affaires.

— Lauren ! Tu ne peux pas te permettre d'arriver en retard le premier jour ! me réprimande-t-elle comme à son habitude le matin.

Je laisse échapper un soupir. Reprendre les cours est une torture. Le seul point positif, c'est que je vais retrouver mes amis et Bradley, mon petit ami que j'ai dû abandonner pendant les vacances d'été.

J'attrape​ mon sac et pars saluer ma mère déjà attablée à la cuisine, une tartine de confiture à la main.
Au moment où je me penche pour l'embrasser, l'odeur si forte de son parfum me pique le nez. Si tôt, elle est déjà resplendissante. La connaissant, elle a dû changer de tenue un nombre incalculable de fois avant d'être satisfaite. Son stress maladif et sa phobie de l'imperfection l'y obligeant. Selon moi, cela explique pourquoi mon père part travailler avant qu'elle ne se lève ; ainsi, il n'a pas à subir tout ce cirque.
Je vous le dis, on ne peut pas comprendre la famille Jauregui sans en faire partie.

— Où est Tay ? je lui demande, mettant fin au silence qui s'installe dans la pièce.

— Dans le salon.

— Sa nouvelle auxiliaire est arrivée ?

— Elle s'appelle Karol et non, elle n'arrive que dans une heure.

— Tu lui as bien dit que la laine lui irrite la peau ? Et qu'elle tire les cheveux ? je la questionne en buvant une nouvelle gorgée de mon chocolat.

Ma petite soeur est très douée pour nous faire comprendre avec son langage à elle, qu'elle déteste la laine. Et récemment, elle s'est mise à tirer les cheveux, ce qui a entraîné de nombreux incidents. Et dans cette maison, tout incident, même minime, devient aussi grave qu'un crash d'avion, alors il faut à tout prix les éviter.

— Oui, et encore oui ! Lauren, j'ai prévenu ta soeur, ce matin. Si elle fait encore des siennes, on se retrouvera une nouvelle fois sans auxiliaire...

Je finis mon bol, le dépose dans l'évier et pénètre dans le séjour, pour ne plus entendre ma mère s'éterniser, comme d'habitude, sur l'agressivité de Taylor.

Ma soeur se tient près de la grande vitrine en verre dans le fauteuil, son assiette de nourriture préparée spécialement pour elle sur les genoux. Malgré ses onze ans, elle ne sait ni mâcher, ni avaler comme tout le monde.

— Salut Taytay ! je déclare en m'approchant doucement d'elle.
Je me baisse et lui essuie son visage barbouillé du revers de sa serviette en papier.

— C'est la rentrée. Souhaite-moi bonne chance p'tite soeur !
Elle me tend des bras tremblotants et me lance un grand sourire. J'aime tellement son sourire.

— Tu veux me faire un câlin ?

Je vois à la lueur dans ses yeux qu'elle en a très envie, même si elle ne peut pas me répondre. Les médecins ne cessent de nous répéter que plus elle sera en contact avec le monde extérieur, mieux elle se portera. Moi je dis que ce qu'il lui faut, c'est surtout de l'amour. Et vous savez quoi ? C'est vrai. Je ne suis pas médecin. Seulement sa grande soeur un peu collante, qui la connaît mieux que quiconque sur cette terre.

Je me glisse tendrement dans ses bras en prenant soin de garder mes cheveux à l'écart de ses doigts. En entendant ma mère souffler, je me retire doucement de son étreinte.

— Tu ne peux pas aller en cours dans cet état. m'alerte-t-elle soudain comme pour signaler un danger.

— Dans quel état ? je lui demande, confuse.

Elle secoue la tête et soupire, énervée :
— Regarde ton haut.

En baissant les yeux, j'aperçois une petite tâche sur mon chemisier blanc. Merde, la bave de Taylor. Un bref regard sur son petit visage triste, m'apprend ce qu'elle ne peut exprimer par les mots : " Taylor est désolée. Taylor ne voulait pas salir ta tenue, Lau."

Mes yeux se posent sur ma mère, les sourcils froncés, en train de mouiller une serviette en papier sous le robinet de la cuisine. Elle revient vers moi en tapotant délicatement la tâche. Mon Dieu, j'ai l'impression d'avoir à nouveau deux ans ! 

— Monte te changer. Tu as de la chance, je t'ai repassé un autre chemisier hier. Il est dans ta penderie. déclare-t-elle en constatant que la tâche ne part pas bien.

— Maman, ce n'est qu'un peu d'écume...
Je m'exprime calmement pour que l'on ne se mette pas à crier. Je veux absolument éviter que Taylor se sente coupable.

— Ça laisse des traces. Tu ne tiens tout de même pas à ce que les gens croient que tu négliges ton apparence, Lauren ?

Dans ce genre de situations, je préfère lui donner raison pour couper court à la conversation et ne pas commencer une dispute. Alors même si au fond, j'en ai strictement rien à faire de cette petite tâche de rien du tout, je vais quand même me changer. 

J'embrasse tendrement le front de Taylor, histoire de la rassurer, qu'elle n'aille pas s'imaginer que ses petits débordements me dérangent d'une manière ou d'une autre. Et je finis par conclure sur une note positive :

— Je te retrouve après les cours Taytay, on doit terminer notre partie de Mario Kart. Et tu sais quoi ? À ta place, je commencerais déjà à m'entraîner. Tu sais que je suis une adversaire redoutable. je lui glisse à l'oreille en même temps qu'elle acquiesce.

Je tourne les talons en lui adressant un clin d'oeil, puis remonte les marches deux par deux. Une fois dans ma chambre, je jette un rapide coup d'oeil à mon réveil : déjà sept heure quinze ! Ma meilleure amie, Normani, va me tomber dessus si je passe la prendre en retard. Je décroche rapidement le chemisier de son cintre et l'enfile après avoir retiré l'ancien. J'en profite pour attraper une barre de céréales qui traîne sur ma commode. Quand je redescends, ma mère inspecte ma tenue. Je me fis à ses traits et constate qu'elle a l'air satisfaite. Bonne nouvelle. 

En passant la porte d'entrée, je défais l'emballage de mon encas et en prends machinalement une bouchée. Geste que je regrette très vite en m'apercevant que les céréales sont dures et le chocolat collant. Cet encas me renvoie alors à ma propre image : de l'extérieur, tout semble parfait, mais à l'intérieur, c'est du grand n'importe quoi...

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Hello hello ! Bon, c'est mon premier chapitre, alors soyez indulgent(es) ! Je mentirai si je disais que je sais exactement comment cette histoire va se terminer lol, mais on découvrira ça ensemble ahah.

*Lien Externe vidéo 2 : Camren - Bury My Love by Fernanda Lopes

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant