Chapitre 6/ Camila

1.4K 68 4
                                    


D'accord, je n'aurais peut-être pas dû me moquer d'elle. Écrire : "Samedi soir. Toi et moi. Cours de conduite et partie de jambe en l'air..." n'était peut-être pas très malin. Mais ça me démangeait tellement de déstabiliser "Miss Perfecta". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je suis parvenue à mes fins.

— Lauren ?

Je ne peux m'empêcher de sourire, lorsque je la vois tourner son regard désarçonné vers la prof. Ses yeux verts émeraudes, d'emblée imperceptibles, traduisent désormais tout son embarras.

— Oui, Mrs. ? répond Lauren en relevant légèrement la tête, souriant comme une actrice hollywoodienne. Avec un sourire pareil, elle arriverait à soudoyer n'importe quel flic.

— À votre tour. Présentez Camila à la classe.

Je suis vraiment impatiente de l'entendre inventer des saloperies sur moi ou simplement confesser qu'elle ne connaît strictement rien à ma vie. 

— Euh voici, Camila Cabello. commence-t-elle. Cet été, quand elle n'était pas occupée à traîner dans les rues ou fréquenter des misérables. Elle a essayé le rêve artificiel, si vous voyez ce que je veux dire... Dans ce fameux rêve, elle s'est vue...

Tout à coup, le silence devient total. Plus aucun bruit, plus aucun chuchotement. Kingsberry est concentrée sur ses lèvres. Moi-même, je le suis. Comme si les mots, prononcés par les lèvres rose bonbon de cette menteuse de Lauren, étaient paroles d'Évangile.

— ...une craie à la main, écrire son nom sur le grand tableau noir du labo de chimie d'un lycée. Car Camila, nourrit un rêve qu'on ne soupçonnerait pas :
devenir prof de sciences, comme vous. elle ricane. Enfin, ça c'est si elle avait un avenir... Mais malheureusement, elle est condamnée à rester une bonne-à-rien toute sa vie !

Cette Lauren a une imagination débordante, c'est certain. Je me suis toujours promise de ne pas redoubler, pour ne pas gâcher une année de plus dans ce trou à rats. Jauregui et sa bande de larbins, sont pour l'instant les seuls de ce bahut à me défier ; les autres préfèrent répandre des rumeurs ou parler dans mon dos, bien sûr.

Les railleries des élèves, raisonnent dans la classe. Je me tourne vers ma bande, visiblement, amusée par mon expression honteuse. Lauren me lance un sourire triomphal, croyant avoir gagné la partie. Tu te trompes, mijà, tu te trompes...
Je me lève brusquement de mon tabouret et réclame sèchement le silence. L'effet est tellement immédiat, que j'ai l'impression d'être dans un film. J'adore vraiment l'emprise que j'ai sur les autres.

— Voici Lauren Jauregui, dis-je, tous les regards braqués sur moi. Cet été, elle a fait tous les bouclards du coin pour se donner un look encore plus pétasse. Elle s'est payée sa chirurgie esthétique grâce à l'argent de papa. Désormais, elle est en plastique de l'intérieur, comme de l'extérieur.

Mes potes commencent à glousser et pousser des "popopo..." en agitant les mains. Lauren est figée comme une statue de cire et ne dit pas un mot. Lorsque je vois son regard dévier sur ses genoux, je remarque que j'ai frappé là où le bât la blesse. Poussée par l'adrénaline, je décide d'aller encore plus loin dans mes propos.

— Son rêve, c'est d'avoir un jour le cran de s'affirmer tel quelle est. Sans se tapir sous des couches de plastique.

Comme prévu, des sifflets et quelques applaudissements retentissent. Je tape la main de Ruben, un autre L.R assis juste derrière moi. Je jette un oeil à Simpson, sûrement son copain. Il devient rouge comme un piment et ses yeux prennent l'apparence d'un revolver. Je le fusille à mon tour du regard.

— Calmez-vous ! ordonne durement Kingsberry à la classe. Merci de vos présentations si créatives et... instructives. Miss Jauregui, Miss Cabello, vous viendrez me voir à la fin du cours. Non seulement vos présentations étaient affligeantes, mais elles étaient également irrespectueuses envers moi et vos camarades. 

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant