𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]

Chapitre 14/ Camila

— T'appelles ça embrasser quelqu'un ?

D'accord, je suis troublée que cette fille ait posé ma main sur sa joue si douce. Troublée, qu'elle ait posé ses lèvres sur le creux de ma joue. Bordel ! Mon corps réagit comme si j'étais défoncée ! Pendant une minute, j'ai été sous son emprise. La jolie sorcière a renversé la partie et a pris le dessus. Je me mets à rire, attirant délibérément l'attention sur nous puisque c'est ce qu'elle cherche à éviter à tout prix.

— La ferme ! soupire Lauren, en me donnant une petite tape sur le bras pour me faire taire.

Alors je m'esclaffe de plus belle et elle me frappe le bras avec le manuel de chimie cette fois. Le mauvais bras...

— Aïïïïe !!

L'entaille sur mon cubitus est aussi douloureuse qu'un million de piqûres d'abeilles. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas hurler et retiens de toutes mes forces les larmes de couler. Je sens le regard de ma binôme peser sur moi.

— Je t'ai fait mal ?

— Ça se voit pas... lui dis-je en luttant pour ne pas éclater en sanglots.

Elle ne répond rien. Elle semble assez gênée, peut-être a-t-elle peur que je m'en prenne à elle. Je relève ma manche pour examiner la plaie, qui pisse à présent le sang. Lauren frappe plutôt bien pour une petite danseuse.
Elle se recule en poussant un cri d'horreur.

— Oh merde ! Je ne voulais pas te blesser, Camila ! Vraiment, je ne voulais pas ! Quand tout à l'heure tu voulais me montrer ta blessure, tu as levé ta manche droite.

Ses sourcils froncés et ses yeux verts écarquillés traduisent toute son incompréhension.

— Je ne comptais pas vraiment te la montrer. Je déconnais. C'est pas grave.

— Si, c'est grave. insiste-t-elle. Tes points de suture sont en train de saigner !

Lauren est encore plus blanche que d'habitude et sa respiration est lourde, presque haletante. Si jamais elle s'évanouit, mon pari avec Selena est perdu d'avance. Si quelques gouttes de sang la rendent malade, comment pourra-t-elle supporter de vivre dans mon monde ?

— Camila, est-ce que ça va ? me demande-t-elle alors que je suis pensive.

Mrs. K. remonte l'allée, l'air énervée.

— Vous deux, vous êtes dans une bibliothèque. Baissez d'un ton.

Elle remarque alors la grosse ligne de sang qui tâche ma manche et coule le long de mon bras.

 — Lauren, emmenez-la à l'infirmerie. Camila, la prochaine fois, venez en cours avec un vrai bandage ! 

— Aucune compassion, hein M'dame ?

— Aidez l'humanité ou la planète, Camila. Après, vous aurez droit à toute ma compassion. Ceux qui se retrouvent impliqués dans des bagarres à l'arme blanche ne méritent rien d'autre que mon dégoût.

Je sens la colère enfler dans mes veines. Je pourrais la frapper, j'en suis capable, même avec un seul bras valide. Lauren qui a remarqué mon regard haineux, ramasse la paperasse par terre et me dit d'une voix rassurante :

 — Allez, viens. Ne t'occupes pas de ce qu'elle dit.

— Je peux porter mes affaires, tu sais.

Je la suis hors de la bibliothèque en tenant mon bras. La douleur qui m'irradie est vraiment intense, mais je ne peux pas crier. Je dois maintenir mon image de dure-à-cuire coûte que coûte.

Devant la porte de l'infirmerie, Lauren se tourne vers moi. Ses mains tremblent.

 — Je suis tellement désolée, Camila. Je... je ne voulais...