Chapitre 34/ Camila 🔞

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Elle explore mon appartement, effleurant les meubles de sa main. Sur une des étagères se trouve une bougie fondue, elle semble regarder dans sa direction. Nos mains ne sont plus entrelacées, mais je sens toujours la chaleur de son corps tout près du mien.

— C'est ton père ? Il te ressemble presque trait pour trait.

La photo dans la cadre, soigneusement accrochée au mur, me rappelle des souvenirs que je n'ai jamais pu oublier. La façon si douce, qu'elle a de parler de lui au présent, me touche. Et je m'aperçois que je n'essaye même plus de refouler la tristesse qui me submerge devant Lauren. Je veux qu'elle me voit telle que je suis : une petite fille qui a perdu son papà et qui pleure encore en regardant sa photo.

— Tu sais, Camila, je t'admire vraiment.

— Pourquoi tu dis ça, alors que je suis en train de chialer comme un bébé ?

Elle agrippe délicatement mon bras, en signe de soutien.

— Justement. Grâce à toi, je me rends compte que pleurer ne fait pas de nous des faibles, seulement des êtres humains qui ont besoin de se libérer. Pleurer ne le ramènera pas, c'est certain, mais d'une certaine manière tu as l'impression d'être plus proche de lui. Je suis incapable d'imaginer ma vie sans mon père, et toi, tu as appris à la reconstruire sans lui. C'est extrêmement courageux. Alors tu peux pleurer autant que tu veux Camila. Je suis là.

Personne n'avait encore jamais prononcé un discours aussi sincère à l'égard de sa mort. Je crois qu'à cet instant, je ne pleure plus pour mon père mais pour les paroles de Lauren, qui me touchent incontestablement en plein coeur. Elle tire un paquet de mouchoir de la poche de sa veste et me le tend. J'accepte évidemment son cadeau. Et ce n'est qu'une fois calmée, que je prends la parole :

— Le problème... C'est que je n'ai pas réussi à reconstruire ma vie, Lauren ! J'ai continué ce qu'il avait commencé avant de mourir. Et maintenant, je suis coincée dans SA vie. Une vie, qui implique trop de sacrifices. Une vie, qui finira par m'emporter prématurément avec elle, comme ça a été le cas pour lui !

Mes yeux s'injectent de sang et d'eau à la fois. Ma colère se mélange à ma tristesse.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Merde. Je suis allée trop loin. Mais il est déjà trop tard pour faire demi-tour. Même si je suis terrifiée, mon coeur me pousse à croire que je dois continuer, lui dire la vérité. Je sens que peu importe sa réaction, elle ne me décevra pas.

— Mon père faisait parti d'un gang, c'était un trafiquant de drogue, Lauren ! Je pense que c'est pour ça qu'il est mort !

Je vois sur son visage, une émotion que je ne lui connaissais pas encore : de l'empathie. Pas de la pitié, mais bien de l'empathie. Je suis rassurée, elle ne va pas partir en courant après mon annonce.
N'est-ce pas ?

— Je vais t'aider à dépasser ça, Camz.

Je suis tellement submergée par mes émotions que je ne prête pas grande attention au surnom qu'elle vient de me donner, pourtant si mignon.

— Personne ne peut plus rien pour moi. C'est trop tard. Je suis déjà en plein dedans...

J'éclate en sanglots. Souviens-toi Camila : tu n'es pas faible, tu as seulement besoin de te libérer... Ses yeux sont humides tout à coup, comme si elle allait poursuivre mes pleurs. Lorsqu'elle se jette dans mes bras, je sais qu'elle a compris. J'ai la conviction qu'elle a découvert mon redoutable secret, quand ses bras enlacent finalement mon cou.

— Qu'est-ce que tu fais encore là Lauren ? Fuis pendant qu'il est encore temps ! Ne reste pas chez une criminelle ! Dénonce-moi à la police... Qu'on en finisse...

Elle crie, elle crie, elle pleure, me confessant ce qui ressemble à un fin soupçon... d'affection ? Je ne comprends pas ce qui se passe. Le temps semble s'arrêter encore une fois sous nos pieds. Elle me déstabilise. Est-ce une bonne chose ? Est-ce que je devrais baisser les armes une bonne fois pour toutes ? 

Mon souffle se mélange au sien, nos corps se touchent, nos lèvres se frôlent. Que va-t-il se passer ce soir, alors que nous sommes seules dans mon appartement ? Elle me murmure quelque chose à l'oreille, à peine audible. Je prétexte vouloir tirer les rideaux et en profite en fait pour allumer la caméra de mon téléphone. Je crois savoir ce qui est en train de se passer et je ne peux pas me permettre d'en perdre une miette, pour le pari... En essayant d'oublier tant bien que mal que mon téléphone est en train de tout filmer, je me laisse guider comme une ombre jusqu'au canapé, qui devient de plus en plus étroit, alors que je m'allonge et qu'elle se glisse contre moi. Ses belles boucles corbeaux, filent entre mes doigts alors que je caresse doucement ses cheveux. Elle saisit délicatement ma main valide et exerce une douce pression dessus. Nous arrivons à un stade où nous ne nous posons plus aucune question, de toute façon la gravité ne peut pas nous interrompre car nous sommes désormais hors de l'espace.       

La lumière de l'abat-jour se reflète sur elle et donne à sa peau un aspect encore plus étincelant. Son jean noir, serré, sculpte son corps comme une véritable œuvre d'art. Je nous observe dans la vitre en verre de la table basse. Je la regarde, puis son reflet. Je suis consciente de ce qui est en train de se passer, mais mon esprit divague comme s'il était ensorcelé par une force inconnue. Et je ne suis finalement plus du tout capable de me servir de mes facultés cérébrales, lorsque je sens ses lèvres s'abattrent sur les miennes.

Je suis captivée de mon entièreté par le moment, soudain plus rien ne semble avoir d'importance : ni le pari, ni ma révélation. Rien. Juste Lauren et moi enflammées par le même désir. Je m'agrippe aux lanières de sa veste alors que ma respiration s'accélère. Je contemple ses pupilles émeraude et j'ai l'impression de me noyer à l'intérieur. Je prends doucement son visage entre mes mains et l'embrasse avec fougue. Elle caresse mes cheveux. Nos lèvres ne se décollent pas, alors mes mains glissent lentement sur sa nuque, descendant progressivement sur ses hanches, jusqu'à se perdre totalement sous son haut. 

Ma main s'aventure sur un chemin que je ne connais pas. J'ai l'impression de redécouvrir l'anatomie féminine à ses côtés. Je ressens la chaleur de son corps sur mes doigts, qui exercent des mouvement sensuels. Elle n'impose aucune résistance à mes gestes. Au contraire, si je me fis aux petits sons mélodieux qui émanent de sa bouche, j'en déduis qu'elle apprécie ce que je fais. 

Nous semblons être guidées par le même phénomène. J'ignore encore de quoi il s'agit. Elle semble envoutée, telle une artiste qui rencontre sa muse pour la première fois. Nous nous retrouvons dans une bulle. Une fine bulle transparente, qui semble flotter au-dessus de l'univers.

Est-ce le paradis ?

Soudain des paroles de chanson s'immiscent dans chaque fibre de mon être, échappant totalement à mon contrôle. Elles finissent par s'injecter à mes lèvres, sans les faire bouger pour autant :

Watching every motion
In my foolish lover's game
On this endless ocean
Finally lovers know no shame
Turning and returning
To some secret place inside
Watching in slow motion
As you turn around and say :

Take my breath away
Take my breath away

Elle se redresse légèrement et attrape mon haut...
Je me mords frénétiquement la lèvre.

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Bon... je crois que je me suis un peu laissée emporter là ! Enjoy! C'est sûrement l'un de mes chapitres préférés jusqu'à maintenant, j'ai tout donné là ! Toute mon âme y est lol !

𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant