Chapitre 16/ Camila

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Ça fait une heure que j'attends à la bibliothèque. Une heure et demie, même. Un peu avant quatorze heures, je me suis assise dehors sur les bancs en ciment. À quatorze heures pile, je suis rentrée et j'ai regardé les panneaux d'affichage, en faisant semblant de m'y intéresser. Je ne voulais pas donner l'impression d'attendre Lauren avec impatience. À quatorze heures quarante-cinq, je me suis installée sur un canapé, pour lire un bouquin, ou plutôt faire semblant. Maintenant, il est quinze heures. Qu'est-ce qu'elle fabrique ?

Tout ce temps que j'ai perdu à l'attendre, j'aurai pu le passer à chercher mon ami Ruben, qui n'est toujours pas réapparu depuis maintenant presque deux semaines. J'ai quand même ce besoin idiot de savoir pourquoi elle m'a posé un lapin. Ça doit être une question d'égo mais, au fond de moi, je m'inquiète pour elle. Elle a laissé entendre, pendant sa crise devant l'infirmerie, que sa mère était Satan en personne. Lauren a dix-huit ans, elle pourrait partir de chez elle si elle le voulait. Si les choses vont si mal, pourquoi rester ? Encore un truc de riches, je suppose...

Moi, si je quittais la maison, ma nouvelle vie ne serait pas si différente de maintenant. Et puis je ne peux pas... Je dois m'occuper de ma famille. C'est sûr que pour elle, une vie sans serviettes de bain haute couture, ni femme de ménage pour ranger ses affaires, ne vaudrait pas la peine d'être vécue.

J'en ai marre de l'attendre. Je vais aller la voir pour qu'elle s'explique. Sans y réfléchir à deux fois, je monte sur ma moto et me dirige vers les quartiers Nord. Je sais où elle habite... dans la gigantesque maison blanche avec des statues, une piscine et un immense jardin.

Je me gare dans l'allée et sonne à la porte. Je me racle la gorge pour ne pas bafouiller. Mierda, qu'est-ce que je vais lui dire ? Et pourquoi je stresse autant ?
Pas de réponse. Je sonne à nouveau.

Il n'y a pas un serviteur ou un majordome pour ouvrir cette foutue porte ?! Au moment où j'allais laisser tomber, elle s'ouvre. Face à moi, se tient une version plus âgée de Lauren. De toute évidence, sa mère. À peine ai-je le temps d'ouvrir la bouche, qu'elle s'apprête déjà à refermer la porte. Je la suspecte de me prendre pour la bonne des voisins ou pour une clandestine qui fait du porte-à-porte.

Puis ses yeux se posent sur moi et j'ai l'impression qu'elle m'a reconnu. Mais comment peut-elle me reconnaitre si elle ne me connaît pas ? Cette sensation étrange ne me quitte pas, alors qu'elle se décide finalement à ouvrir la porte.

— Les colporteurs sont interdits dans ce quartier.

Qu'est-ce que je disais... Mais elle prononce cette phrase d'un air détaché, comme si elle savait déjà que je ne suis pas venue ici pour ça. Elle fuit mon regard. C'est certainement sa façon à elle de me montrer qu'elle est supérieur. 

— Je ne colporte rien. Je m'appelle Camila. Je veux simplement savoir si Lauren est ici.

Elle me fixe un moment sans rien dire. Merde, peut-être qu'elle sait vraiment qui je suis.

— Non.

Sa voix est aussi glaciale que son regard. J'ai l'impression qu'elle cache quelque chose, comme si elle cherchait à tout prix à me faire partir.

— Vous savez où je peux la trouver alors ?

Mrs. Jauregui ferme à moitié la porte, sans doute pour éviter que je ne regarde à l'intérieur.

— Je n'en sais rien. conclut-elle en me claquant précipitamment la porte au nez.

Je me retrouve comme une conne devant la porte close. Si ça se trouve, Lauren se tenait juste derrière, suppliant sa mère de se débarrasser de moi. Ce petit jeu ne m'étonnerait pas d'elle.
Je déteste ce jeu ! Je déteste cette fille !

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𝐓𝐡𝐞 𝐤𝐞𝐲 𝐭𝐨 𝐦𝐲 𝐜𝐥𝐨𝐬𝐞𝐭 [CAMREN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant