Timéo se faufila hors de sa Voitubette. La porte, et avec elle le logo de sa société de réparation, se referma derrière lui. Comme presque toujours, il se trouvait sur la ligne annexe 128. L'une des lignes qui reliaient les tubes des habitants à la gare. Des centaines de Voitube empruntaient chaque jour cet axe. Ce n'était pas l'heure de pointe, mais il fallait faire vite.
Timéo Cempoit n'était pas le meilleur réparateur mais il était sans conteste le plus rapide.
-Bon sang, encore cette saleté d'inverseur ! Est-ce... qu'à un... putain de moment... ils vont le... changer ?
Il pestait en appuyant de tout son poids pour dévisser l'un des quatre boulons retenant un panneau.
De toutes les merveilles produites dans les années 30, la Voitube était la plus symbolique. Son arrivée marqua la fin de l'ère des voitures. Le constructeur, Google. Le principe : futurisme, facilité, sécurité. Bien sûr, tout progrès amenait son lot de petits soucis.
Ceux de la Voitube avaient le mérite de donner du boulot à Timéo. Une fois le cache retiré, il resserra le faisceau de sa lampe frontale. L'inverseur (ou inverseur de gravité) était l'élément clé de la Voitube. C'est ce qui permettait au tube de faire circuler le véhicule. Bien que tout cela fonctionnât plutôt comme une sorte d'aimant répulsif. Bref. Les appellations, ce n'était pas le domaine de Timéo. Il saisit son vieux smartphlobe de fonction :
- Titi, à la centrale.
Il relâcha son lobe d'oreille, qui grésilla :
-Oui, Titi, ici centrale. C'est fait ?
-Vous vous foutez de moi ?! Je suis devant le panneau, il n'y a rien, les gars !
-T'es sur la ligne 128 ?
-Non, Chuis dans la chambre de ta mère, pourquoi ?
-Ça va, Titi, calme-toi ! On nous a signalé trois bugs vidéo dans le secteur...
-Vidéo !? Putain, qui est l'abruti qui m'a dit que c'était l'inverseur ? Vous faites chier, centrale !Tout en resserrant les boulons, il marmonna quelques autres jurons que l'histoire ne retiendra pas.
La Voitube était automatique et ne pouvait donc pas sortir de la route, puisque la route était... un tube. Mais les nœuds, les points de jonctions entre différents tubes, étaient des endroits sensibles. Et nombreux. La Voitube se pilotait toute seule. Peu d'interventions humaines, en dehors du choix des destinations. En dehors aussi d'un frein manuel de sécurité, qui ne servait jamais, et d'un klaxon qui était là pour confirmer de manière sonore et nostalgique, en cas de problème, que votre requête était bien prise en compte et envoyée à la centrale par mail. Les quelques problèmes rencontrés étaient le plus souvent liés aux connexions internet.
Cela permettait au "chauffeur" de se reposer et de se divertir. Et donc, à Google, de vendre du temps de cerveau disponible.
La Voitube était conçue comme une capsule de cinéma. Toutes les vitres se situaient à peu près aux mêmes emplacements que sur les voitures. Mais elles étaient remplacées par des écrans, qui pouvaient soit diffuser différents contenus vidéo, pour les petits trajets, soit des films en streaming, soit des jeux, etc.
Timéo dénuda quelques fils, fer-à-souda un circuit imprimé : un job à la hauteur d'un élève de quatrième.
Les chauffeurs qui étaient passés là avant avaient dû perdre une ou deux secondes de leur vidéo seulement, vu la carte défaillante. Il les devinait klaxonner comme des malades dans leurs petites capsules.
- L'inverseur, franchement... maugréa-t-il une dernière fois, en signe de satisfaction de son travail, avant de se hisser dans sa Voitubette. 10 minutes d'intervention. Dont 4 perdues à cause de ces incompétents de la centrale. Pas mal.
Une fois qu'il repartit, la déviation automatique s'annula et les premières Voitube filèrent à la vitesse du son sans que leur chauffeurs aient la moindre idée de l'intervention de Timéo.
La plupart des gens ignoraient tout du fonctionnement de la Voitube. Pourtant tout le monde en avait une. Le réseau souterrain, qui faisait fi des mers et des océans, atteignait même l'Afrique et ses déserts. Google avait rendu New-York aussi accessible aux Normands que Caen ou Rouen. Et il avait dans le même temps rendu les cerveaux vachement plus disponibles. Ce qui faisaient que les gens arrivaient plus vite là où ils voulaient, mais pas forcément plus intelligents.
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Wattys 2040
Ficção CientíficaDans l'univers impitoyable de Wattpod, un homme lutte pour avoir des étoiles. Son nom ? Edouard. Enfin c'est son prénom. Bon, vous avez compris, quoi... Alcoolique, naïf et asocial, il découvre un but à sa vie en se faisant insulter sur une appli d...