Chapitre 12

31 5 9
                                    

Hugo

7 Juillet 2014

Après avoir passé une superbe journée, je suis en route pour aller chez Max. Il est certes minuit passé mais je suis certain que tout la bande squatte encore chez lui. Tout en marchant, je repense à cet après-midi, en délicieuse compagnie. Quelle chance d'être tombé sur Margaux. J'ai découvert une jeune fille assez timide mais vraiment très jolie. Hé, putain, quel corps de rêve. Je me languis de mettre mon plan à exécution. Quoi ? Trois mois que je n'ai pas baisé.

Je ne suis pas le salaud au quel vous pensez mais j'ai des besoins. J'ai décidé de me trouver un plan cul fixe pour cet été. Elle sera parfaite. Belle, sympa et surtout, elle repart chez elle à la fin des vacances. Je n'aurai aucune comédie à jouer ni d'excuses à avoir pour la quitter. Elle me l'offre sur un plateau.

Je passe le portillon et j'aperçois Romain sortant au même moment. Il m'a l'air assez énervé. Je suppose que Mina lui a encore pris la tête.

_ Alors gros, qu'est ce qui se passe ?

_ Tu te fous de ma gueule ?

Je suis ébahi. Je ne comprend pas son problème.

_ Tu joues à quoi avec Margaux ?

Impossible qu'il m'ai démasqué, je n'en ai parlé à personne. Je feins l'innocence.

- Tu m'expliques ? Je ne capte rien.

_ Cet aprem, tu étais bien avec elle ?

Inutile de nier.

_ Oui.

_ Tu peux m'expliquer pourquoi elle ? Tu veux te la faire ?

_ Attend, déjà tu te calmes. Ensuite, je l'ai croisé par hasard et j'ai eu envie d'apprendre à la connaître. C'est tout.

_ Elle te plait ?

Son ton est agressif. 

_ Je ne vais pas te mentir, oui. Je ne pensais pas que cela te gênerait.

Je le regarde faire les cent pas. Je pense avoir tapé dans le mille. Il a des sentiments pour elle.

_ Elle est fragile. Tu ne sais rien de ce qu'elle a vécu avant. Elle n'a pas besoin de complications supplémentaires.

Je n'apprécie pas sa comparaison. Je n'en reviens pas. Dois-je en déduire que c'est ce que je représente aussi pour lui?

- Effectivement, je ne sais pas. Si un jour, elle souhaite me raconter, je l'écouterai avec attention. En attendant, toi et moi, on sait que le souci n'est pas là. Ai au moins les couilles d'être honnête.

Je le plante sur cette dernière phrase et fais demi-tour. Il ne tente pas de me rattraper. Je suis vexé. Pour lui, j'aurai renoncé, je me serai effacé.

________________________________________________________________________________

Margaux

_ Ne t'en fait pas, ça va s'arranger avec Romain. Il aboie plus qu'il ne mord.

J'aimerai croire Valérie mais je doute. Il m'a blessée. J'avais confiance en lui. Je pensais que nous étions amis.

Après le passage de l'infirmière, j'ai décidé de l'accompagner faire des courses. Une manière comme une autre de tuer le temps. Je ne m'attendais pas à m'entendre aussi bien avec elle. Mon intégration est facilitée par sa présence. Avec mon père, nos rapports restent courtois mais nos échanges sont quasi inexistants. J'ai beaucoup de mal à aller vers lui. Ses années d'absence ont creusé un fossé entre nous.

Nous sommes à la moitié du périple et je suis fatiguée. Faire les boutiques aura eu raison de moi. Choisir une paire de lunettes de soleil et des chaussures étaient une véritable épreuve. Elle me propose gentiment de l'attendre dans un salon de thé. Comme hier, je m'installe en terrasse. Je ne me lasserai jamais de regarder la mer. C'est tellement apaisant. L'eau est si claire. Je suis sure que je verrai mes orteils. La tentation est si grande que je consomme ma boisson le plus vite possible.

Je savoure le contact du sable tiède sous mes pieds. Dans quelques heures, il sera brûlant. J'avance tranquillement quand je vois un joggeur dévier sa trajectoire et se diriger vers moi. Il est torse nu. C'est un régal pour les yeux. Des tablettes de chocolat bien dessinés que je rêverai de toucher et de me blottir contre. Je ne me reconnais plus. Je poursuis mon chemin en évitant de le regarder. Je suis trop gênée de ma réaction.

Je trempe mes pieds. Quel bonheur, l'eau est délicieuse et beaucoup plus chaude. Je suis habituée à l'océan Atlantique et je vois la différence. Lulu aurait adoré être là. Elle aimait tant se baigner. Une larme roule sur ma joue mais je la chasse rapidement. Pleurer ne la fera pas revenir. 

 Des bras m'enlacent. Je panique et me débat. Je supporte mal les contacts physiques depuis l'agression surtout quand c'est par surprise.

_ Je suis désolé, je ne voulais pas t'effrayer.

Je connais cette voix et ce parfum. Je me retourne et constate que le sportif de tout à l'heure n'est autre qu'Hugo. Je suis surprise de sa présence.

_ Qu'est ce que tu fais là ?

_ On s'est accroché avec Romain cette nuit et je n'arrivais pas à dormir. J'ai donc décidé d'aller courir.

Lui aussi ?  

_ Tu n'es pas le seul. Il a été particulièrement odieux avec moi aussi. Tu sais ce qui lui arrive ? Il a des soucis ?

_ Je pense avoir une petite idée. Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper.

Il n'a pas l'air de vouloir m'en dire plus. Je n'insiste pas et je fixe l'horizon.

_ Je t'ai vu t'essuyer les yeux. Tout va bien ?

_ Oui, juste un peu de mélancolie.

_ Je sais qu'il est souvent difficile de se confier mais je suis là. Ne l'oublie pas.

_ Merci.

Mon portable vibre. C'est Valérie. Merde, j'ai complètement oublié de la prévenir de mon changement de programme. Je m'empresse de répondre.

_ Val' excuse moi. Je suis sur la plage. Juste en face de l'endroit où tu m'as laissée. J'arrive.

Je prends rapidement congé au près d'Hugo mais il me retient.

_ Tu fais quoi cet après-midi ?

Il faut que je trouve une excuse. Je ne peux pas lui dire que je serais au commissariat pour faire le point sur l'enquête. Il risquerait de me poser des questions.

_ J'ai kiné. Pourquoi ?

Il grimace.

_ Et demain ?

_ Rien de prévu.

_ Parfait. Ne programme rien, je passerai te chercher.

C'est avec un sourire niais collé sur le visage que je pars à la rencontre de ma belle-mère. 

Pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant