Pour toi

Chapitre 10

Romain

2 juillet 2014

Les jours passent mais les nuits sont toujours teintées de ses cris, ses hurlements... Le scénario se répète inlassablement et nous sommes tous impuissants. La seule chose que je puisse faire est de me glisser dans son lit et la tenir dans mes bras. Je la berce comme on le ferait pour un bébé et j'attend qu'elle finisse par se rendormir. C'est le moment indiquant qu'il est tant que je reparte dans ma chambre.

Michel ne voit pas notre rapprochement d'un très bon oeil. J'ai à peine refermé la porte qu'il me coince.

_ Je n'aime pas te voir dans son lit !

_ Et tu voudrais que je fasse quoi ? Que je la laisse seule face à ses terreurs comme tu le fais ?

Je sais que je n'ai pas à lui parler sur ce ton mais je n'apprécie pas qu'il me dise ce que je dois faire.

_ Je ne sais pas comment m'y prendre avec elle. Nous sommes deux étrangers. Je n'arrive pas à parler avec elle. Tout le monde le fait sauf moi.

Vous avez réussi à créer un lien ensemble. Là, ou j'échoue constamment. Ce n'est plus la petite fille que j'ai connu. Elle est en train de devenir une femme et toi, un homme. J'ai été un ado aussi et je connais les hormones qui travaillent donc n'oublie pas qu'elle est ta soeur. Ai-je été clair ?

_ Oui.

Je suis dans mon lit et je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je fixe le plafond comme s'il pouvait m'apporter des réponses à toutes mes questions. Je n'arrive pas à mettre des mots sur ce que j'éprouve pour elle. J'ai constamment envie de la prendre dans mes bras, de la protéger. Je n'ai jamais ressenti un tel sentiment. Tout est confus dans mon esprit. J'aime Nina mais tout me semble plus naturelle, plus simple avec Margaux. Il s'agit ma soeur, je ne devrais pas penser à elle de cette manière. C'est malsain. Elle est tellement attendrissante, forte et à la fois si fragile. Je ne sais absolument pas quoi faire. C'est de ne plus en plus dur de ne pas lui succomber. Quand je vois ses lèvres bouger, je me fais violence pour ne pas poser les miennes dessus. Elle occupe mes pensées à longueur de journées. Il faut que je mette de la distance ou la situation va vite devenir ingérable.

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Margaux

_ Lulu, Lulu ! Réponds-moi !

Je l'appelle en vain. Pas de réponses. Où est-elle ? Je ne comprend pas. Des bruits de pas me parviennent. Je sursaute. Des frissons parcourent ma nuque.

_ C'est pas drôle, Lulu. Tu sais que j'ai peur du noir.

Je sens une présence dans mon dos. Un souffle dans mon cou. Puis, une pointe dans mon dos.

_ Avance, salope.

Je suis tétanisée. Il me bouscule violemment.

_ T'es sourde ou quoi. Je t'ai dis d'avancer.

Je m'exécute et me dirige vers le terrain vague. Seule l'adrénaline me permet de continuer. La peur ronge mes sens. Je ne peux pas dire depuis combien de temps nous marchons mais je n'arrive plus à me repérer.

Soudain, mon pied butte sur un obstacle. Je m'étale. Mes mains tâtonnent le sol. Je cherche à me relever quand mes doigts se posent sur une masse chaude. Un faible gémissement retentit. Je reconnaitrai cette voix entre mille.

_ Non, Non , Non ...

_ Tu cries, t'es morte.

_ Non, Non, Non ...

_ Chut, calmes-toi. Je suis là. Tu ne risques plus rien.

Je reprends petit à petit conscience. Je suis dans les bras de Romain. Je le sais car toutes les nuits sont pareilles. Je m'endors seule et je me réveille blottie contre lui. Je devrai le repousser mais j'ai terriblement besoin de lui. Il est le seul à m'apaiser, à repousser les ténèbres. Je n'avais jamais éprouver le manque d'avoir un frère. Désormais, je ne pourrai plus avancer sans lui.

En sécurité, mes yeux se referment.