Chapitre 1

427 19 0
                                    


Bonne lecture

-Oui? Entrez. 

Je tournais la poignée et fis un sourire que je voulus convaincant à mon père. Je l'analysai et me rendis compte qu'il n'avait en aucun cas changer. Deux ans maintenant qu'il avait exactement la même tête, les mêmes mimiques. Ses cheveux bruns chocolats avec sa raie bien nette, son pyjama à rayures bleus, ses lunettes délicatement posés sur son nez aquilin, ses yeux d'un bleus incroyable, ses ongles coupés court et bien nets, sa dentition parfaite. Mon père aurait pu être un homme avec beaucoup de charme s'il n'était pas en pyjama et dans son lit depuis maintenant deux longues années. Je déposais son assiette sur sa table de chevet, il l'a pris sur ses cuisses et commença à manger, son regard cherchant le mien. Je m'assis sur une chaise en osier, face à lui. Ma gorge se nouait toute seule et mes mains soigneusement posés sur mes cuisses devenaient moites à mesure que mon père me regardait avec ses iris pénétrantes. Vint alors un moment qui me parut le plus dur de la journée. 

-Tu sais quel jour on est ? 

Je hochais la tête. 

-Comment oublier. 

Il sourit, d'une manière qui devint agaçante. Comment pouvait-il sourire et se complaire dans son malheur? 

-Elsa m'a demandé si je voulais aller en boîte ce soir. Je pense y aller. 

Ses lèvres s'affaissèrent alors. 

-Sortir? Aujourd'hui? M'enfin, c'est ridicule, nous devons rester ici, c'est logique. 

Je soupirais, sentant la colère monter en moi. Il n'y avait pas que de la colère, il y avait aussi un dégoût profond pour chaque mur de cette maison qui me retenait prisonnière de mon passé et qui me cachait de mon futur. 

-Papa, ça fait deux ans que tu fais ça, que tu ne sors pas, que tu restes là , je pense qu'il faudrait que tu songes à reprendre ta vie en main. Nous ne pourrons pas vivre sur tes économies toute notre vie, je vais devoir aller à la fac après, et ça risque de coûter bonbon, malgré mes économies à moi que j'ai mis de coté depuis ces deux dernières années. 

Il balaya ma tirade d'un revers de main et leva les yeux au ciel sans vouloir m'écouter. 

-Je n'aime pas les gens de dehors, on est mieux ici, à deux tu ne trouves pas? 

Cette fois-ci, ce fût trop, le dureté prit le dessus. Je plissai le front, le regardai droit dans les yeux. 

-Je ne serai pas toujours à tes côtés, un jour je devrai partir. 

Il se redressa et devint alors d'une couleur violâtre étrange. 

-Ce sont des menaces? dit-il à voix basse, plein de rancœur.

Je secouais la tête, lasse de lui répéter le même discours depuis tant de temps avec cette impression de parler à un enfant. En fait, oui, c'était ça, il ressemblait à un enfant qui pique une crise dans son pyjama bleu. Je me levai, ne lui adressai même pas un dernier regard et fermai la porte derrière moi. J'eus juste le temps d'entendre un hurlement de fureur " VA-Y, VA AVEC TES DROGUES ". Vallait mieux être sourde plutôt que d'entendre pareil immondice. Je descendis les escaliers, me rassis et composais le numéro d'Elsa sur mon portable. Elle décrocha au bout de la deuxième sonnerie. 

-Alors belle demoiselle, décidée à venir t'éclater? 

Je fixais un instant mes ongles pensives, pas sûre de vouloir l'accompagner. Mais il fallait que je m'aère la tête, le coeur, le corps entier en fait. Je regardais une dernière fois le haut de l'escalier, soupirai et dis d'une voix que je voulu joyeuse : 

RISIBLE AMOUR - NEKFEU ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant