Chapitre 8

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Allez courage. Je ne cessais de me répéter cette phrase comme pour me convaincre moi-même. J'avais bien senti que j'avais blessé Tae, et même si il m'avait laissé partir, il n'allait pas non plus m'accueillir à bras ouverts pour mon retour. J'avais peur. Peur de sa réaction. Peur qu'il ne veuille plus me voir. Peur qu'il me mette à la porte. Arrivé devant l'appartement j'hésitais à entrer. Puis finalement je me décidais. Je pénétrais dans l'appartement, et tout était très calme. Aucune trace de Tae s'agitant dans la cuisine, ou le son de la télé allumée, sur la châine de clips qu'il avait l'habitude de regarder. Rien que le silence. Je m'avançais dans le salon et je le vis. Endormi sur le canapé. Il avait le visage serein. Toute trace de déception ou de colère avait disparu, pourtant je me doutais qu'elles reviendraient dès qu'il ouvrirait les yeux. Autant en profiter pendant qu'il dort alors. On aurait dit un enfant, il serrait dans ces bras un des coussins du canapé, comme un enfant l'aurait fait avec son doudou. Il était attendrissant comme ça. Et tellement vulnérable. Les rôles s'inversaient. C'était lui la petite chose fragile et perdue qu'il fallait protéger, ce n'était plus moi.

Je décidais de le laisser dormir, et je me dirigeais vers la cuisine pour me servir un verre d'eau. Je me sortais un verre que je posais sur le plan de travail avant de récupérer le pichet d'eau au frigo. Tout aurait très bien pu se passer si je n'avais pas heurté le verre en voulant y verser de l'eau. Celui-ci s'éclata sur le sol dans un grand fracas. Je vis Tae bondir du canapé. Je jurais, excédé par ma maladresse.

- Et merde !

Je me baissais, énervé, et commençais à ramasser mes bêtises, mais ce qui devais arriver ce produisit, et je m'entaillais le doigt sur un morceau de verre plutôt tranchant. Mon sang commença à couler et vint tacher le parquet.

- Aïe !

Je vis Tae se précipiter vers moi, évitant comme il pouvait les morceaux au sol.

- Attends ne bouge pas je vais ramasser !

Je portais mon doigt ensanglanté à ma bouche. Ça me faisait mal. Les larmes montèrent à nouveau. Et voilà, j'étais un vrai boulet. Encore une fois j'embêtais Tae. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues, et mes sanglots alertèrent Tae. Il releva la tête vers moi, et ses yeux s'écarquillèrent quand il vit que je pleurais. Il lâcha ce qu'il avait dans les mains, et se précipita pour me prendre dans ses bras. Je me laissais aller, relâchant la pression que j'avais accumulée depuis notre dispute. Je ne cessais de m'excuser, mes mots étaient hachés par mes sanglots.

- Je.... Je... Suis désolé Tae...

Je le sentis resserrer son étreinte et poser son menton sur mon épaule. Il rapprocha ses lèvres de mon oreille et me murmura des mots rassurants.

- C'est pas grave Seokie, c'est pas grave...

Je relevais mon visage bercé de larmes vers le sien rongé par l'inquiétude. Il ne m'en voulait pas. Il ne m'en voulait plus.

- Je suis désolé, mais tu comprends j'avais besoin de –

Il ne me laissa pas finir ma phrase et posa tendrement sa main sur ma joue.

- Ne t'inquiètes pas, j'ai compris. C'est moi qui m'excuse, je n'aurais pas dû réagir comme ça.

Sans plus attendre je me jetais à nouveau dans ses bras, comme pour m'assurer qu'il était bien là. J'étais rassuré, apaisé. Il me faisait du bien. Il me rassurait. J'avais besoin de lui, plus que jamais.

Il finit par mettre fin à notre étreinte, pour m'emmener sur le canapé. J'évitais les morceaux de verre comme je le pouvais, j'étais déjà assez blessé comme ça, pas besoin d'en rajouter. Il me fit asseoir sur le canapé, et me demanda d'y rester le temps qu'il nettoie le sol de la cuisine. Je lui répondis d'un hochement de tête et portais à nouveau mon doigt à ma bouche pour absorber le sang qui ne cessait de couler. Je le vis revenir vers moi quelques instants plus tard, avec une trousse de premier secours à la main. Je me pris à sourire. Il prenait soin de moi. Il me soignait quand j'avais mal, il me rassurait quand j'avais peur, et me consolais quand je pleurais. Il me protégeait. J'étais en train de devenir dépendant. Totalement dépendant.

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