Memoria

Chapitre 17

Le réveil avait été difficile. Tout mon corps me faisait mal. Ma joue me lançait affreusement, mes poignets étaient écorchés et sensibles, et je parvenais à peine à me redresser, la douleur dans mes reins étant la plus insupportable. En ouvrant les yeux, j'avais pu constater que mes poignets avaient été soignés et étaient entourés d'un bandage, au début immaculé, mais qui c'était teinté de rouge quand j'avais commencé à bouger. Je n'étais d'ailleurs plus attaché à la tête de lit mais la chaîne autour de ma cheville était elle toujours à sa place. Taehyung était assis au bord du lit, avec de nouveau cette tendresse dans le regard. Je n'y croyais plus. Je savais qu'elle n'était qu'un mensonge, qu'elle dissimulait quelque chose de bien plus mauvais. Je remarquais également à côté de lui un plateau contenant ce qui semblait être un repas. Ah non. Il ne m'aurait pas comme ça. Je préférais crever de faim plutôt que d'avaler ce qu'il me proposait.

- ça va mieux ? Il faut que tu manges. Je vais t'aider à te redresser.

Il s'approcha de moi et s'apprêtait à poser ses mais sur mes épaules, mais je le repoussais d'un grand geste du bras.

- Ne me touche pas.

A nouveau cette lueur dans le regard. La colère. Pourtant il s'arrêta dans son geste. Je ne voulais pas de son aide. Je ne voulais plus rien venant de lui. Péniblement, je tentais de me relever seul. La douleur de mes reins irradia dans tout mon corps. Une grimace de douleur déforma mon visage. Ce fut plus long que si j'avais accepté de l'aide, mais je parvins tout de même à me redresser, bien calé contre l'oreiller. Une fois en position, il déplaça le plateau dans ma direction.

- Mange.

Tu peux rêver.

Excédé par son comportement envers moi, je soulevais brusquement le plateau et l'envoyait valser, son contenu se répandant sur le sol dans un fracas de vaisselle brisée.

Colère. Il se rua sur moi, et agrippa ma gorge d'une seule main. Ma respiration se coupa d'un coup et je suffoquais sous la pression. C'était plus appuyé que la dernière fois. Seulement il y eut quelque chose que je n'avais pas prévu. Non, je n'avais pas prévu cette lame froide, qui venait de se coller dans le creux de mon cou. J'étais tétanisé. Terrorisé. Il allait finir par me tuer. A nouveau cette voix froide et pleine de sous-entendu brisa le silence de la chambre.

- Je t'ai pourtant dis d'arrêter ta petite rébellion. Continue comme ça et la prochaine fois je ferais de jolis dessins sur ta peau avec ce couteau. Une sorte de tatouage personnalisé si tu préfères.

Je ne répondis pas. Enfin je ne pouvais pas répondre. Entre l'étau qui enserrait ma gorge et la lame, la parole m'était impossible. Il relâcha la pression, mais le couteau resta à sa place. Pour bien me faire comprendre la leçon, il entailla légèrement ma peau. Je retins un couinement de douleur. Je ne lui ferais pas ce plaisir.

Je pensais que l'incident était terminé, mais il se saisit brusquement de mes poignets, et comme la veille, les lia à la tête de lit avec une corde, que je commençais à connaître. Pas encore. Je le regardais interdit, et il sembla comprendre mon inquiétude. Le sourire tendre fit son grand retour.

- Ne t'inquiètes pas Kookie, je vais simplement faire des courses pour notre départ. Mais tu comprends, je ne peux pas te laisser détaché, tu pourrais prendre l'idée de te sauver.

Je détestais ce ton mielleux, suffisant. Et il ne s'arrêta pas là. Je le vis mettre sa main dans la poche arrière de son jean, et il en sortit un morceau de tissus. Tout en maintenant le couteau sous ma gorge, m'empêchant de protester, il passa le tissu derrière ma tête et le coinça entre mes dents. Il fit un nœud derrière et serra, me faisant grogner.