Gerald

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J'enrage. Impossible de trouver le moyen de sortir. La porte et les murs sont trop solides pour être enfoncés sans magie. Je ne sais même pas depuis combien de temps je cherche. L'absence de fenêtre et la lumière permanente de la lacrima empêchent de se repérer dans le temps. Je réexamine les murs pour la cent-millième fois au moins. Une seconde...Je gratte un peu de ciment...les murs sont en pierre, oui. Mais la pièce est creusée dans la roche, non pas bâtie avec...Je jure intérieurement...Ce sera encore plus difficile de sortir, dans ces conditions...

Je décide de faire une pause. Tout naturellement, la seule autre pensée qui me vient, c'est Erza. Je me plonge dans mes souvenirs d'elle. Sa gentillesse, son visage...Ce qu'il y a de curieux, avec son visage, d'ailleurs, c'est que je le connais par cœur; chacun de ses traits est gravé dans mon esprit, et pourtant à chaque fois que je la vois,  je la trouve plus belle que dans mon souvenir...Ses magnifiques yeux ambrés avec une myriade de nuances d'or, qui peuvent lire en moi comme dans un livre ouvert...Et dans lesquels je suis le seul à pouvoir lire...Son sourire, son merveilleux sourire, doux et chaleureux. J'aime tellement quand elle sourit...Et bien sûr ses cheveux. Ses magnifiques cheveux écarlates...Presque surnaturels, comme un lever de soleil parfait...Mon soleil.

- C'est beau, ce que tu penses, maître...

- Je me passerai de tes commentaires, Érik...

Il grimace en entendant son vrai nom. Il n'avait pas à m'appeler "maître" alors qu'il  sait que je n'aime pas ça. Néanmoins, il continue:

- Qu'est-ce que tu attends pour le lui dire? Tu ne rajeunis pas, tu sais...Tu as quoi, sept ans de plus qu'elle, maintenant?

Je souris tristement. Si seulement c'était possible...Mais ça ne l'est pas. Pas après ce que je lui ai fait. Je réponds tout de même:

- Eh bien figure-toi que non, je n'en ai qu'un de plus qu'elle.

Toute la guilde suit la conversation dont ils ont devinés le sujet. Ils arborent tous des expressions ahuries excepté Meldy qui est bien sûr déjà au courant de toute l'histoire.

- Explique, me presse Sorano qui déteste ne rien comprendre.

- C'est presque simple, vous allez voir. Ultia estimait qu'en me possédant, elle m'avait empêché de vivre par moi-même pendant huit ans. Lors de mon évasion, elle avait déjà considérablement amélioré son arc du temps et avait trouvé comment, en quelque sorte, "arrêter" le temps de quelqu'un. Elle a donc "arrêté" mon temps, espérant ainsi me rendre les huit années qu'elle m'avait "volées". Elle n'a pas eu l'occasion de m'en rendre huit, seulement six. Mais c'est déjà très bien comme ça. J'ai donc vécu pendant sept ans de plus qu'Erza, mais je n'ai vieilli que d'un an, celui pendant lequel j'étais en prison.

Ils sont soufflés. Le maître est plus jeune qu'ils ne le pensaient. Meldy, par contre, est un peu triste à l'évocation d'Ultia. Je réalise soudain quelque chose.

- Comment as-tu fait pour entendre mes pensées, sans magie?

Cobra sourit de toutes ses dents.

- Je vous l'ai jamais dit, mais c'est pas moi qui le fait, ce sort, répond-il en exhibant une chaîne à laquelle est suspendu un petit serpent en pierre. Ça me vient d'un pendentif qui ne me quitte jamais. Je suppose que le minerai anti-magie ne fonctionne pas pour les objets magiques.

Logique. Je ferme les yeux un instant.

                                                                                ***

- Qui peut nous aider à oublier nos faiblesses, si ce n'est un ami? demande Erza après mes explications. C'est Zeleph qui me les a fait dire pour la duper, mais il y a bien un fond de vérité.

- Erza...commencé-je.

- Moi aussi, je vais payer pour n'avoir pu te sauver...

- Tu m'as...sauvé...lui dis-je.

Elle me prend dans ses bras. Si elle savait...Un instant, je me laisse aller, je suis tellement bien comme ça...L'esprit de Zeleph me rappelle à l'ordre, je ne dois pas me laisser submerger par mes sentiments pour elle, il faut que je colle le serpent. L'étherion frappe.

Puis, je ne suis plus dans ses bras, mais je vois Natsu l'assommer. Comment garder mon calme? Il lui a fait du mal...Mais pas autant que je m'apprête à lui en faire...De toute façon, je n'ai pas à rester calme, l'esprit de Zeleph le fait pour moi.

La scène change encore. Je m'apprête à lancer un Altairis sur Natsu. Erza s'interpose. Elle dit quelque chose, et je lui réponds. Ou plutôt, Zeleph répond pour moi. Je ne suis plus qu'un spectateur, je suis complètement déconnecté. Mes bras envoient mon sort le plus mortel. Quand la poussière se dissipe, ce n'est pas Erza, mais Simon qui s'écroule. Pourquoi suis-je en train de rire?

Comme à chaque fois, c'est à ce moment-là que les souvenirs tournent au cauchemar. Je reprends possession de mon corps, cette fois ce n'est plus Zeleph qui me dirige, j'agis de mon plein gré. Je reforme un Altairis. Je le lance sur Erza. Elle tombe. Dieu, que sa chute est lente!

                                                                                  ***

Je me réveille en sursaut. Encore ce rêve...J'ai peur. Peur de moi. Peur d'être capable de faire du mal à Erza. Volontairement. Ou même par accident. De quoi serais-je capable, de moi-même?

                                                      _______________________

NDA: Enide_Warner, ou l'art de trouver des explications rationnellement farfelues pour justifier ses délires(le passage sur Ultia et son arc du temps)...Et le pire c'est que ça tient la route...

Pour le cauchemar de Gerald, je me suis basée sur l'édition française du manga, donc s'il y a des différences avec la version animée(je sais que parfois certains regardent l'animé sans lire l manga, ou alors juste les scans), c'est pas de ma faute, je suis innocente, me frappez pas...

Together we goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant