4. Condamné

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ARK

Je faisais les cent pas dans ma tente, soucieux. Il y avait déjà plus de deux heures que l'attaque avait eu lieu et je ne savais absolument pas quoi faire.

Les traces de mes bottes de combat sur le sol poussiéreux commençaient à se faire nombreuses et aucune idée de génie ne me venait à l'esprit.

Je me triturais les doigts, anxieux et fébrile.

Je perdais pourtant rarement mon calme, mais mes nerfs avaient été mis à rude épreuve. Entre l'attaque, les monstres, la confrontation avec l'Ombre et la mort d'un gosse innocent, j'étais servi.

Je poussai un énorme soupir et donnai un coup de pied dans le sol en terre battue, soulevant au passage plusieurs petites particules qui retombèrent dans un doux chuintement.

Est-ce que je dois déclarer la guerre à l'Ombre? Non, ce serait inutile. Cette crapule se moque bien de toutes ces pompeuses démarches administratives: si elle veut nous attaquer, eh bien, elle le fait, tout simplement. Mais alors, comment la repousser? Nous sommes en nette infériorité numérique, à cause de ces monstres révoltants qui se multiplient à une vitesse folle. Je ne peux pas attaquer directement son quartier-général dans la forêt d'Onyx, cela dégarnirait Aarmeer qui resterait vulnérable à une offensive.

Je poussai un grognement de frustration et m'assis sur une chaise pliante qui grinça sous mon poids. En laissant vagabonder mon regard dans ma tente, je tentai de trouver une solution.

L'ameublement de la pièce était spartiate, presque austère: bref, tout ce que j'aimais. Un lit simple, sans oreiller et méticuleusement fait trônait au centre de la tente. Une petite armoire en fer, qui renfermait toutes mes affaires personnelles, était appuyée contre un somptueux bureau sculpté, seule marque de luxe dans la pièce.

Mon épée luisait d'un éclat doré, à côté de plusieurs armes des plus hétéroclites: lances, sabres, arcs et poignards étaient alignés avec précaution dans un coin de la tente.

J'aimais observer l'ordre parfait qui régnait dans la tente. Cela me rassurait dans un certain sens. J'aurais bien aimé pouvoir appliquer cette logique implacable aux hommes, mais c'était malheureusement impossible.

Nous avions bien trop de défauts.

Distraitement, je passai la main dans ma chevelure sombre. Il fallait que je me rende à l'évidence: je ne pouvais pas prendre cette décision tout seul.

Je devais réunir mes conseillers.

Je me levai brusquement et appuyai sur une petite sonnette en argent. Le son cristallin mit quelques secondes à s'estomper, résonnant dans l'air comme une litanie sans fin.

Aussitôt, un petit homme frêle, maladif et aux cheveux d'une saleté repoussante se matérialisa devant moi avec un couinement des plus comiques.

Mon célèbre rictus sarcastique se dessina sur mes lèvres.

- Tiens donc! Mais c'est notre cher Skeety! L'homme le plus courageux et fiable de ce camp...

La méprisable créature se ratatina encore plus sous l'ironie évidente qui se dégageait de mes propos.

- Maît... Maître, je suis à votre service! couina-t-il en tremblotant.

- Mmmh...

En me déplaçant avec une lenteur étudiée dans la tente, je saisis l'épée d'or.

Je dus me contrôler pour ne pas éclater de rire devant son visage décomposé. Avec une démarche féline, je m'approchai tout aussi lentement de lui.

Chroniques du CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant