LUNA
"Il n'y a pas une minute à perdre."
C'était ma seule et unique pensée, après avoir quitté le Conseil. Je devais rejoindre la caserne le plus rapidement possible afin d'informer mes guerrières sur les récents événements.
Je relevai la tête. Le jour commençait à poindre, laissant des traces roses et orangées dans le ciel encore sombre. La Forêt semblait se tirer d'un doux songe, et les bruits de la nuit étaient peu à peu remplacés par le chant mélodieux des oiseaux.
Je me dirigeai d'un pas pressé vers un étrange cube gardé par trois guerrières en armes. En me voyant approcher, elles se raidirent imperceptiblement. Je fronçai les sourcils.
- Laissez-moi passer!
- Et en quel honneur? Identifiez-vous!
La lumière se fit. Mes guerrières ne m'avaient pas reconnue! Si j'y pensais, il n'y avait rien d'étonnant: je portais une grande cape noire qui dissimulait mon visage et mon corps, et il faisait encore sombre.
Avec un soupir agacé, je rabattis d'un geste brusque la capuche, libérant ma crinière mordorée.
La guerrière pâlit et afficha une expression paniquée.
- Je... Je suis désolée, chef! Je ne savais pas que c'était vous!
- J'espère bien...
Je la fusillai du regard et elle se recroquevilla sous mes impitoyables yeux d'ambre.
- Bon, je n'ai pas de temps à perdre avec ces enfantillages. J'ai besoin de la Cage pour accéder aux basses branches.
La guerrière effectua un garde-à-vous tremblant, me faisant sourire.
- Bien sûr, chef! Tout de suite, chef! Allez! Remuez-vous! Vous voyez bien que la Première guerrière est pressée! dit-elle en se tournant vers ses comparses, étonnées.
J'observai les deux guerrières se tirer de leur léthargie et se diriger d'un pas traînant vers d'énormes engrenages, de chaque côté de la Cage. Les jeunes femmes commencèrent à pousser sur une lourde barre de fer, ce qui enclencha le mécanisme. Avec un grincement sourd, les roues dentelées tournèrent les unes sur les autres et bientôt, j'aperçus une nacelle dans le cube. Elle était soutenue par de solides cordages, mais tanguait dangereusement.
"Voyons, ressaisis-toi, tu as fait bien pire" murmurais-je en montant dans la cabine, pas rassurée du tout.
La nacelle émit un grincement sinistre. Je serrais tellement mes mains sur le rebord que les jointures commençaient à blanchir.
Ne semblant pas remarquer mon trouble, les guerrières commencèrent à relâcher les cordages, ce qui fit osciller dangereusement la nacelle au-dessus du vide. Je déglutis, et me préparai à affronter la descente infernale.
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Le bruit des armes s'entrechoquant avec violence et les cris de guerre des belligérantes résonnaient à mes oreilles comme une douce mélodie. Avec un large sourire, je m'avançai à grands pas vers l'Amphithéâtre, qui était caressé par les premiers rayons du jour naissant.
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Chroniques du Crépuscule
FantasyQue se passerait-t-il si les hommes étaient séparés des femmes? Pire, s'ils se haïssaient? Impossible, n'est-ce pas? Et pourtant, dans un monde étrange où les esprits totem se mêlent à la magie, c'est la réalité. Tout les oppose. Les femmes ont créé...