ARK
Obscurité.
C'était tout ce que je voyais autour de moi. Un voile sombre recouvrait mes yeux et le silence régnait, assourdissant. Seuls les battements effrénés de mon cœur résonnaient, se répercutant bruyamment. Mon esprit était encore brumeux et mon corps semblait flotter dans le noir, totalement amorphe.
Je tentai de me débattre, impuissant. Un poids énorme m'écrasait la poitrine et me coupait la respiration: j'avais l'horrible impression de me noyer.
Soudain, une douce lueur se propagea et dissipa le voile de noirceur, me libérant en même temps de cette sensation oppressante. Je clignai plusieurs fois des yeux en essayant de m'habituer à la soudaine clarté de l'endroit.
Une forme floue, aux couleurs douces, était penchée sur moi, comme auréolée de cette lumière. Une caresse légère m'effleura la joue avec une infinie tendresse. Je sursautai, peu habitué à ce genre d'effusions, une étrange chaleur se propageant dans ma poitrine.
- Ark...
La voix était emplie d'un tel amour que je frissonnai. Ce n'était pourtant qu'un murmure, féminin qui plus est, mais cela me donnait une sensation de sécurité et de bien-être incroyable.
- Je dois te laisser, mais je serai toujours avec toi. Toujours. Je t'aime, n'oublie jamais ça.
Des lèvres de satin effleurèrent mon front, puis tout s'effaça. L'obscurité était revenue, me noyant dans le noir, emprisonnant mon cœur dans une étreinte glacée et létale.
- Non! Reviens! Qui es-tu?
Les lambeaux de noirceur s'enroulaient de plus en plus vite autour de moi, me faisant hurler, terrorisé.
Chaque parcelle de mon corps s'enflamma dans une souffrance intolérable. Ma voix se brisa et je plongeai dans l'obscurité.
***
-Aaah!
Je me réveillai brusquement, en sueur. Ma tête m'élançait horriblement. J'y passai lentement la main et je la retirai pleine de sang. Le liquide rouge et poisseux collait à ma peau, dégageant une odeur doucereuse et métallique.
En grimaçant, j'observai mon environnement. Je me trouvais dans une pièce exiguë, sombre, éclairée par la lueur blafarde d'une torche qui avait connu des jours meilleurs. Les reflets des flammes sur les murs de bois sculpté donnaient au lieu une apparence sinistre et mystérieuse. Le sol était trempé et l'air malodorant, un mélange de renfermé et de pourriture. Je plissai le nez d'un air dégoûté.
En baissant les yeux sur mon corps allongé, je remarquai qu'une lourde chaîne de fer m'enserrait la cheville, m'empêchant de m'éloigner de plus de quelques mètres. Avec un hurlement de rage, je tirai violemment dessus. Je ne réussis qu'à me meurtrir le pied.
Génial.
J'étais bien sûr en colère contre la femelle qui m'avait ridiculisé mais encore plus contre moi-même. Comment ai-je pu me faire avoir ainsi?
Je frappai le mur avec toute la frustration et la férocité dont j'étais capable. Le sang s'écoula lentement de ma blessure, et une douleur vive remonta par vagues dans mon bras. Je fermai les yeux, essayant de me calmer. Étrangement, cette souffrance me permit de canaliser ma fureur, et je retrouvai lentement mes esprits.
Je me laissai glisser contre le mur, résigné. J'allais être exécuté, c'était certain. Elles ne m'enfermaient que temporairement. Mais je voulais mourir dignement, comme un chef, avec toute la noblesse et le mépris dont j'étais capable.
VOUS LISEZ
Chroniques du Crépuscule
FantasyQue se passerait-t-il si les hommes étaient séparés des femmes? Pire, s'ils se haïssaient? Impossible, n'est-ce pas? Et pourtant, dans un monde étrange où les esprits totem se mêlent à la magie, c'est la réalité. Tout les oppose. Les femmes ont créé...