8. Duel

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LUNA

"Angoisse"

"Peur"

"Destin"

"Mort"

"Trahison"

La Quête...

Une multitude de pensées tourbillonnèrent dans mon esprit. Je n'en saisis que des bribes, lambeaux arrachés au maelstrom d'émotions qui me submergeaient.

Je n'avais plus le contrôle de mon corps, mes jambes semblaient s'agiter toutes seules dans une course désespérée à travers la Forêt. Les branchages me fouettaient le visage, y laissant des stries brûlantes, mais je ne m'en souciais pas.

Je courais.

J'avais l'étrange sensation de voler au-dessus des fourrés, de suivre mon corps d'une façon externe comme si mon âme s'en était séparée.

Je courais, et en ce moment, c'est la seule chose qui m'importais.

Ce n'était pas seulement mon corps qui s'enfuyait, mais aussi mes pensées. Elles s'effaçaient quelques instants, pour laisser mon esprit vierge de toute activité. Je n'étais plus qu'un animal en mouvement, une masse d'os, de chair et de sang sans préoccupations.

Je fermai les yeux, me laissant guider par mon instinct. Je sentais chaque grincement, chaque branche, chaque animal, chaque perturbation dans l'air lourd et d'humide. Bestialement, je humai la fragrance capiteuse de l'orage imminent. L'atmosphère était chargée d'électricité. Je faisais partie de la Nature, au même titre que les plantes, arbres et animaux qui m'entouraient de leur bruissement plein de vitalité.

Comme eux, j'attendais la pluie.

A bout de souffle, je finis par me figer. Ma respiration sifflante troubla le silence parfait de la Forêt, qui semblait s'être tue.

Finalement, j'ouvris les yeux. Je me trouvais dans une clairière déserte quelque part aux abords de Crépuscule. Le clair de lune baignait l'endroit dans une atmosphère irréelle, éthérée. Chaque silhouette prenait des allures de songe flou et volatile, comme un rêve que l'on tente de retenir en vain au réveil. Le temps s'était arrêté.

Soudain, une branche craqua. Je me figeai, tous sens en alerte.

"Danger!" me hurla mon instinct.

Je m'approchai à pas de loup, bien décidée à connaître l'origine de ce son mystérieux.

Le tonnerre gronda et la pluie commença à tomber, recouvrant la clairière d'un fin voile d'argent.

                                                              ***

ARK

Le tonnerre gronda et la pluie commença à tomber, recouvrant la clairière d'un fin voile d'argent.

Je marmonnai un juron dans ma barbe contre ce mauvais temps qui ne pouvait tomber plus mal. Ma visibilité était réduite, j'étais trempé, et pour arranger le tout, je ne savais même pas où je me trouvais. Ah, il était beau, "le grand Ark d'Aarmeer"!

Le loup tourna la tête vers moi, une lueur amusée dans ses yeux sombres. Il était vrai que l'image de moi dégoulinant d'eau et de frustration devait être assez comique. Grâce à son épaisse fourrure argentée, lui était à l'abri! Furieux, je le fusillai du regard.

Mon compagnon retroussa les babines dans un étrange rictus -qui, j'en suis sûr, devait se rapprocher d'un rictus sardonique chez un humain- avant de se détourner pour humer l'air, nerveux.

Chroniques du CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant