14. Serment de sang

3K 441 121
                                    

LUNA

- Non!

Un hurlement de désespoir sortit du plus profond de mon être, déchirant ce qu'il restait de mon âme.

Je ne voulais pas le perdre.

Cette phrase occultait toutes mes autres pensées.

Je ne voulais pas le perdre.

Je flottais dans une brume indéfinissable, éthérée. J'étais insignifiante, un lambeau de conscience dans l'infinité de celle des autres.

Un éclair de lumière.

Je pris soudain conscience de mon corps moite et inerte, allongé sur la pierre glacée. Chacun de mes muscles me brûlait, comme s'ils avaient été soumis à un effort intense.

Un gémissement s'échappa de mes lèvre gercées, mais seul le silence me répondit.

Je me redressai, lentement.

Une flaque, reflétant la lueur dansante des torches, me renvoya mon visage.

Je fronçai les sourcils.

Dans ce miroir improvisé se superposaient les visages de deux jeunes filles, bien différentes.

La première arborait une rivière de cheveux soyeux d'un blond très pâle. Des yeux d'un argent surprenant ressortaient sur la peau d'albâtre, magnétiques.

La seconde, elle, possédait une crinière digne d'une lionne. Des boucles châtain et dorées se mêlaient, formant une cascade couleur bronze. Son regard était incandescent: l'ambre de ses iris brûlait de passion.

Je clignai des yeux.

La jeune fille blonde disparut du reflet et je me retrouvai seule face à mon visage.

Cela m'avait semblé si... Si réel.

La douleur de Lux, je l'avais ressentie. L'amour pour Nox m'avait envahie.

J'avais été Lux.

Un grognement masculin m'interrompit dans mes pensées.

Je me retournai vivement et tombai nez à nez avec le visage endormi de l'Aarmeerien.

Le jeune homme était couché a mes côtés, près du feu d'encens qui se mourait.

Un instant, je restai figée.

Ses traits, d'ordinaire déformés par une moue narquoise et arrogante, étaient détendus par le sommeil. Ses cheveux d'ébène étaient ébouriffés et retombent en mèches devant ses yeux. Dans l'obscurité, le marbre immaculé de sa peau semblait luire d'un éclat doux, faisant ressortir la cicatrice rosée de sa joue. De longs cils sombres ourlaient ses paupières, projetant de délicates ombres sur ses pommettes.

Il dormait, la bouche légèrement entrouverte, comme un enfant.

Le jeune homme dégageait une sensation d'innocence et de pureté qui contrastait avec son ton sarcastique et sa violence habituelle.

Brusquement, ses yeux s'ouvrirent, me surprenant dans ma contemplation.

Les prunelles sombres happèrent les miennes, et m'entraînèrent dans l'obscurité d'une nuit sans Lune.

***

ARK

La première chose que je vis lorsque j'ouvris les yeux, c'étaient deux iris de feu qui me fixaient.

Chroniques du CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant