Des lèvres douces se moulaient aux miennes dans une danse érotique parfaitement contrôlée. Un souffle chaud vrillait contre mon cou. J'ouvrais les yeux. J'étais seule dans un lit, qui n'était pas le mien. Ni celui que j'avais pour la nuit à l'hôtel. Les rideaux étaient à peine tirés. Je reconnaissais alors la chambre jumelée de la mienne, uniquement montée à l'envers. J'étais dans le lit de Rayane, dans mes habits de la veille. Et la porte était bien fermée. J'étais bel et bien seule dans cette chambre. Les draps étaient étalés derrière moi, ils étaient encore chauds, d'un corps, le sien. Je me remémorais alors notre soirée d'hier. Et de comment il s'était endormi contre moi en me serrant dans ses bras. Mes cheveux étaient bon à laver et là tout de suite je n'avais qu'une envie et c'était me jeter sous la douche. Voilà juste ça. La fenêtre était ouverte je ne le remarquais qu'en sentant un courant d'air chaud qui faisait fouetter mes cheveux contre mon visage. Je me redressais dans le lit, et remarquais un mot sur la table de nuit posée juste à côté de moi : '' Je reviens je suis allé chercher des croissants. Rayane. '' J'avais déjà dit que je ne lui trouvais que des qualités ? Bon à part qu'il est obstiné c'est vrai. Mais ça sert puisqu'il a obtenu ma compagnie. Et franchement c'était pas gagné. Alors chapeau à lui.
L'eau coulait le long de mon corps. Oh ça faisait un bien fou. Je lavais mes cheveux et les coiffais en une natte sur le côté. Mes cheveux étaient assez longs pour qu'elle tienne sans que ça ne fasse bizarre. J'avais dû les couper à cause de la danse et de tous les spectacles que j'avais fait : les coiffures tous les jours pendant des mois c'était sûrement pas le mieux pour un cure chevelu. Alors j'avais coupé.. vingt bons centimètres. Et à présent ils avaient repoussé. Je ne cache pas que j'étais très contente.
La porte s'ouvrait sur un Rayane en short en jean et t-shirt un poil trop moulant pour la température extérieure. Je n'en dirais jamais rien mais ce n'était pas pour me déplaire. Il était bien foutu, fallait le reconnaître. Des larges épaules, des fines hanches et des abdos visibles à six mètres de loin. Oui c'est ce qu'on peut appeler être bien foutu. Rayane aurait pu incarner la définition de ce mot dans le dictionnaire. Mais il semblait pas du temps en être conscient. Et au moins s'il le savait il ne s'en ventait pas. En tout cas il me faisait pas penser à un mec comme ça. Et c'était bien. Trop bien même. J'me demandais tout à coup si j'avais rêvé toute à l'heure. J'avais vraiment cru embrasser quelqu'un. J'avais vraiment cru sentir un souffle chaud dans mon cou. Et peut être une demi-seconde plus tard il n'y avait personne dans la chambre, un mot était posé à côté de moi. C'était à ne rien comprendre. Non ? Je m'approchais de cet Apollon en me rasseyant sur le lit. Il tenait deux petits sachets en papiers dans les mains et deux bouteilles de jus d'orange. Parfait ? Oui trop peut être. Trop pour être vrai ? J'espère que non.
'' - Salut.
- Hello. Alors la dormeuse t'es enfin réveillée ?
- Bah oui. Et toi le lâcheur t'es enfin rentré ?
- Apparemment. T'as faim ?
- Une faim de loup. Ça fait longtemps que t'es parti ?
- Je sais pas.. un petit quart d'heure, pourquoi ?
- Non, non, comme ça. '' en réalité j'essayais de savoir si j'avais rêvé ou pas. S'il l'avait vraiment fait ou si j'avais tout simplement déliré. Et je savais... Ouais quelque part j'étais convaincue que tant que j'aurais pas ma réponse j'y penserais inlassablement. Les croissants étaient délicieux. J'me demandais quelque peu ce qu'on allait faire à présent. Quoi ? S'il venait avec moi ou si tout simplement il prenait sa route et moi la mienne. Si on ne se recroiserait plus jamais. J'avais pas envie de ça. Mais jamais je l'avouerais. Et je pouvais pas faire genre de lui poser cette question de merde qui tournait dans ma tête '' Alors ? On en est où Rayane ? '' elle vrillait dans tous les sens. Combinant mes trois langues dans ma tête. J'en avais marre de me poser des questions. Alors lorsque je refaisais mon sac pour partir dans les environs de dix heures du matin, j'le chopais dans un coin du couloir qui nous reliait à l'accueil.
'' - Rayane, on fait quoi maintenant ?
- Quoi on fait quoi ?
- On fait quoi putain ? Tu t'en vas et on s'oublie ? Tu rentres chez toi et moi je continue ma route en solo ? Dis moi.
- Denitsa.
- Mais quoi Denitsa ? Dis moi juste ce que toi tu veux faire.
- Viens sortons de cet hôtel.
- Non j'te laisse pas sortir tant que j'ai pas cette réponse.
- Alors faudra que tu me rattrapes. '' il avait la voix qui riait. Et même si je ne le regardais pas dans les yeux - car j'en étais incapable -, je savais qu'il avait ce sourire aux lèvres qui ne le quitte pratiquement jamais. Alors il courait avec son sac jeté sur son épaule. Il courait en me faisant signe de loin. Et merde il était sérieux ce con. Je tenais mon sac et moi aussi courais pour le rattraper. Tout le monde nous regardait comme des bêtes de foire. Mais on s'en foutait. Tout bonnement on en avait rien à faire. Arrivée sur le parking je le voyais accoudé contre une voiture, une sorte de gros 4x4 noir brillant. Attendez c'est sa voiture ?
'' - C'est la tienne ?
- Je l'avais laissé à mon père lorsqu'il est descendu à Marseille. Avant il pouvait sortir de la clinique. Alors il avait besoin d'un moyen de locomotion et il n'en avait pas, moi si. Alors le choix était vite fait. Allez monte Déni, ton carrosse t'attend.
- Sacré carrosse.
- T'as un vu un peu ?
- J'sens que t'es un de ces mecs complémentent dingue de sa bagnole.
- En vrai non, j'laime bien celle ci. Mais entre une femme et une voiture c'est vite choisi.
- Encore heureux. Et tu choisirais quoi ?
- La voiture bien sûr. '' je devais faire une tête tellement choquée qu'il explosait de rire. D'un rire franc qui sortait du plus profond de ses tripes. Un rire comme on en entend jamais. Un vrai, un vrai de vrai. Je souriais malgré moi. Il savait y faire ce petit con.
'' - T'aurais dû voir ta tête. Bien sûr que c'est la femme. Pour qui tu me prends ?
- Bah justement pour un homme.
- Allez, quelle destination Madame ?
- C'est toi qui conduis.
- On s'en bat. Je vais où tu veux. Je te suis où que t'ailles. Alors quelle ville ?
- Barcelone. Ça me tente bien.
- Ah ouais. T'as de la suite dans les idées princesse. Bon en route alors. '' c'est vrai qu'en regardant la mer au loin en roulant, puis le coucher de soleil j'avais vraiment pas envie de m'éloigner de la côte. La mer j'avais pas souvent eu l'occasion de la voir. On reprenait l'autoroute. Et comme on était totalement normaux on mettait la musique à fond, on chantait à tue tête. Ses cheveux volaient dans le vent, les miens aussi. Je les avais détaché de leur élastique. Ils volaient dans tous les sens. Parfois me revenaient en plein visage. J'aimais définitivement sa façon de conduire. Il hurlait parfois. Toutes les heures il s'arrêtait pour essayer de ne pas vomir. Chaque fois je pleurais de rire. C'était assez drôle parce que je n'étais pas la dernière à l'encourager à renvoyer. En fin de soirée on arrivait aux alentours de la frontière espagnole. J'avoue qu'en quittant l'autoroute pour aller manger quelque chose - mon ventre grognait tellement fort que j'avais honte - on avait failli se perdre plus d'une fois.
'' - Regarde le gps c'est pas là que faut que t'ailles.
- Je vais te donner le volant tu vas voir. Laisse moi réfléchir deux secondes.
- Tu gènes derrière.
- Ça va c'est un vieux il a le temps de vivre. Il peut attendre deux secondes. '' alors oui le Rayane au volant c'était quelque chose mais j'appréciais toutes les facettes de sa personnalité qu'il acceptait de me montrer. J'en profitais. Il était très gentil, très drôle et en seulement quelques heures j'avais plus rit qu'en vingt cinq ans d'existence. C'est peu dire. Ses yeux verts scrutaient l'écran. Il fronçait les sourcils plusieurs fois avant de visiblement comprendre. Il enclenchait la première et démarrait en trombe. D'accord. Bon. On se calme.
'' - Voilà ! J'ai trouvé un hôtel et même un fast-food puisque tu sembles avoir faim.
- Je vois pas de quoi tu parles.
- Non moi non plus.
- Demain tu ne veux pas que je conduise ?
- On verra. Viens, on est arrivé. '' il se garait dans le parking d'une chaîne d'hôtels française. Il faisait une chaleur écrasante. Encore plus qu'à Marseille je crois. L'odeur de l'air n'est pas non plus le même. Il est montagnard et méditerranéen à la fois. On avait la chambre douze et treize. Deux jumelles encore une fois. Une était fumeur et l'autre non. Choix vite fait. Installation aussi. J'avais autant envie de dormir que de manger. Mais finalement je le suivais dans son délire et on se rendait dans le fast-food le plus proche d'où on était. Il y avait beaucoup de monde. Quelques filles nous regardaient comme si on était sortit d'ovnis là en direct devant elles. Je me penchais vers Rayane la bouche pleine d'une salade mélangée avec de la sauce. Lui dévorait un hamburger triple. Je ne sais même pas comment il fait pour manger ça.
'' - Rayane ?
- Hum ?
- Qu'est ce qu'elles ont les filles là-bas à nous regarder comme ça ? Tu les connais ? '' il tournait la tête. Un bout d'oignon pendait non sans ménagement sur le coin droit de sa bouche. Moment d'arrêt dans sa tête. J'ai dit une connerie c'est ça ? Les filles s'approchaient mais moi je ne bronchais pas. Qu'est ce que j'aurais pu faire de toute façon ?
'' - Et qu'est ce qu'elles veulent ?
- Une photo certainement.
- Et ?
- Et je fais la photo, elles s'en vont. T'as jamais eu à faire ça avec ton métier de danseuse ?
- En fait pas trop je m'expose pas beaucoup aux autres. C'est la danse qui le fait enfin, qui le faisait pour moi.
- Un jour tu m'apprendras à danser ?
- Si tu veux. De toute façon ça me manque un peu... Je suis sûre que tu peux comprendre. '' il hochait la tête et se levait dans un mouvement fluide et contrôlé. Whoua, tous ses muscles dansaient dans son dos lorsqu'il marchait. Tout ce qu'il faisait de pourtant banal était amélioré grâce à ses muscles saillants. C'est vrai qu'il pourrait être un bon danseur. Je réfléchirais à sa proposition. Et puis pourquoi pas ?
'' - Maëlle et Julie vont me tuer.
- C'est qui ?
- Mon attachée de presse et mon agent. '' j'en restais bouche béé. Pourquoi il avait des gens comme ça autour de lui ? Il est artiste ? C'est une célébrité et il ne m'a rien dit ? Quelque part ça me blessait. Alors que ça n'aurait vraiment pas dû. J'me sentais tellement bête. Ouais c'est ça, tellement conne. Mais j'avais rien le droit de lui dire. Le visage de son fantôme restait là présent tout le temps en moi. Vous l'aviez oublié ? Et bien pas moi. J'aimerais. J'aimerais même si je reste persuadée que je ne lui ferais plus honneur.
'' - J'ai été mannequin plus jeune. Et maintenant j'me suis lancé dans une carrière d'acteur.
- Alors si t'as tout cet avenir devant toi qu'est ce que tu fou avec une danseuse ratée comme moi ?
- Alors de un t'es pas une danseuse ratée et de deux je suis là où je veux d'accord ? Si je suis avec toi c'est parce que j'en ai envie d'accord Déni ? Alors tu t'enlèves ça tout de suite de ta tête.
- Oui mais..
- Non. Allez viens on s'en va. Je suis crevé. '' On remontait dans la voiture, la musique faisait un arrière plan agréable. Je reconnaissais une chanson que j'avais déjà entendu '' Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer, au diable toi et tes apôtres. Je m'en vais. '' Elle me faisait penser à tous ces derniers jours. C'était le mois de Juillet le moins cohérent de toute ma vie. En quoi ? En presque trois jours j'avais : quitté ma vie parisienne et tout mes ou non acquis, rencontré un homme plus qu'intriguant, rencontré son père et décidé de partir à Barcelone en voiture avec lui. Je suis dingue c'est ça ? Rayane conduisait une main reposant dans ses cheveux, les empêchant de finir dans ses yeux, l'autre sur le volant. Il avait les bras bronzés. Son bronzage faisait ressortir ses yeux verts émeraudes. En arrivant à notre hôtel, on se quittait devant nos portes respectives. J'espérais quelque part que la sensation de lèvres douces et chaudes sur les miennes reviendrait. Mais j'en doutais fortement. Un truc comme ça c'est possible qu'en vrai. Ça ne s'imagine pas. Du moins, j'ose l'espérer. Il me faisait un bisou sur la joue avant de tourner les talons et rentrer dans sa propre chambre. Je faisais de même. En sortant de ma douche, puis en me glissant dans les draps froids je savais que la sensation de m'endormir contre lui me manquait déjà.----------
Coucou les amis, nouvelle partie, la prochaine sera je pense avec le pdv de Rayane. Alors voilà début du voyage, des avis ? Et ce bisou au début, illusion ou vérité ? Les paris sont ouverts. N'hésitez pas à commenter je vous répondrais avec plaisir ! Xxx

VOUS LISEZ
Lejos
RomanceJuste un sac sur le dos. Juste ça pour recommencer une nouvelle vie. Un nouveau départ pour ne plus rien regretter. Plus aucune attache et plus aucun sentiment. J'en ai juste marre de me faire prendre pour une conne à longueur de journée. Alors main...