22. Denitsa

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C'est bien plus simple de croire qu'on aime quelqu'un que de l'aimer vraiment. Quand on est dans cette illusion on peut encore se dire qu'on a la possibilité de fuir. Aucune attache soit disant. Bien sûr. Fallait être dénoué de tout sentiment pour y parvenir. L'amour c'est bien que de la merde illusoire finalement. C'est pas vraiment ce qu'on croit et surtout ça nous fait faire n'importe quoi. Non, vous n'êtes pas d'accord ? Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour un tout petit peu d'attention, même un infime regard de la personne qu'on aime ? En fait on ferait tout. On lui donnerait tout sans réfléchir aux conséquences et surtout, sans penser à nous. Parce que quand on aime on ne compte pas. Enfin, soit disant. L'autre passe avant nous.
Et se raisonner à se dire que plus jamais on ne tombera dans ce cercle vicieux, c'est un combat déjà perdu d'avance. Mais quoi ? Après tout, depuis quand avait on la possibilité de choisir de qui nous allions tomber amoureux ? Vous croyez peut être que c'est toujours parfaitement évident ? Bah je suis désolée mais non. Certainement pas d'ailleurs. Vous croyez peut être que j'ai choisi tout ce qu'il m'est arrivé depuis que je suis tombée sur lui dans ma vie ? Vous croyez peut être que je suis contente d'en être là maintenant ? Que d'al.
On devrait se réjouir pourtant. Enfin, normalement. Se dire qu'aimer c'est la meilleure chose qui peut nous arriver. Mais c'est pas évident en le connaissant. En fait en croisant son chemin jamais plus rien n'est vraiment évident. Fuir avant qu'il ne soit trop tard c'est possible lorsqu'on a vraiment pas de cœur. Je n'ai pas de chance ; moi j'en ai un. Il a souffert serte, mais il est toujours là et il vit avec moi. Moi j'ai pas demandé à être là, c'est mon cœur qu'a tout fait. J'ai certainement pas eu mon mot à dire en passant. Mais je sais pas ce qu'il se passe chaque fois que je croise son regard j'suis plus dans le même monde. Il a prit la confiance. Il sait parfaitement quel effet il a sur moi. J'ai beau essayé de faire la fille forte, j'suis totalement à plat ventre devant lui. Et clairement je lui donnerais tout mon monde à ses pieds sans protester. De toute façon ma tête ne me sert à rien face à lui. Il n'y a plus que mon cœur qui décide.
Alors j'me retrouve là, comme une conne, comme la dernière des connes. Mes volets sont fermés, mes rideaux sont tirés, mon lit est défait. J'aurais dû partir à toute jambe, j'aurais dû. Mais j'en suis incapable. Ma coiffure aussi est défaite. J'avais pourtant essayé d'être belle pour une fois ce soir. J'avais essayé d'être à sa hauteur. Il est magnifique et certainement qu'il le sait. Comment ne pas s'en rendre compte ? Il pourrait rendre la vue à un aveugle juste avec un sourire tellement il est éblouissant. C'est ridicule hein, mais c'est comme ça. Ma nuisette est à moirée défaite, ma bretelle droite est en bas de mon épaule, le tissu a d'ailleurs commencé à descendre laissant entrevoir une partie de ma poitrine. Mais l'auteur de mon commencement de déshabillage n'était pas là. Enfin, rectification il n'était plus là.
On avait prit un verre, il m'avait offert des fleures, le parfait petit homme bien élevé. Ça m'avait fait craqué ça ne sert à rien de démentir de toute façon. Non c'est vrai que son numéro de charme était plutôt efficace, surtout avec une fille comme moi, il était certain d'obtenir ce qu'il désirait. Oh non ça n'avait rien à voir avec moi selon lui. S'il était parti c'est qu'il avait eu une urgence personnelle. Personnelle de quoi ? Y avait sérieusement quelque chose de plus personnelle que ce qu'on était en train de faire ? Non j'crois pas. C'était donc plus facile de croire qu'on aimait quelqu'un que de l'aimer vraiment, j'ai commencé par là. Se l'imaginer n'est jamais le reflet exact de la réalité. Mais le savoir et le ressentir ça c'est authentique. Et c'est malheureusement ce qu'il m'arrivait.
Moi j'y pouvais rien si son sourire m'avait eu dés les premières secondes de notre rencontre. Moi j'y pouvais rien à tout ça. Un homme pareil on en voit qu'une seule fois dans sa vie. Et maintenant que j'me retrouvais dans cette situation, bah j'me sentais bien conne. Je remontais mes habits et remettais ma coiffure en place. J'avais besoin de prendre de l'air. L'air dehors était frai, il me fouettait le visage d'une façon assez monstrueuse. Mais j'men foutais. Il devait être quelque chose comme trois heures du matin. Paris dormait mais pas complètement. J'me demandais vraiment si une fille dans cette ville était dans la même situation que moi. Pas avec le même homme j'ose l'espérer. Mais concrètement j'étais pas assez bien pour lui. Il avait quand même fui alors qu'il commençait tout juste à me déshabiller. Après m'avoir embrassé. Et porté en m'embrassant jusqu'à mon appartement. Ses bras étaient incroyablement forts, il était agile et tout m'avait paru si naturel chez lui. Trop naturel peut être justement. Je ne savais même pas que faire autant de choses à la fois était possible. Et sans trébucher une seule fois. La scène s'était passée très vite. Elle tournait dans ma tête comme pour me narguer que ça ne s'était même pas fini. Il était parti. J'étais donc si repoussante que ça ?

LejosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant