15. Rayane

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Le soleil s'était couché puis commençait à disparaître. Exactement de la même manière que mon moral partait en vrille. J'avais envie de tout foutre en l'air et me laisser le noyer dans le fond de la rivière. J'avais encore été la dernière des sous-merdes. Le vent soufflait contre mon visage, mes cheveux volaient sur ma tête. Ils commençaient à être longs ces petits cons. J'avais pas bougé. Je crois que j'étais totalement paralysé. J'avais eu que la force de redressé mes genoux contre ma poitrine pour me remettre dans ma position initiale. Comme si l'incident avec ce petit bout de femme n'était jamais arrivé. Je crois que j'avais arrêté de réfléchir au moment où elle s'était assise sur moi avec ses yeux brillants, son corps saillant et parfaitement musclé. Elle était magnifique dans sa petite robe. Et je revoyais tout ce qu'il s'était passé. J'me souvenais de la première fois que je l'avais embrassé. C'était pendant qu'elle dormait. C'était déjà pour la remercier. Mais ce que je ressentais pour elle j'me demandais vraiment s'il s'agissait de reconnaissance ou bien d'autre chose. Le mot me faisait peur. Le mot qui signifiant tout et rien à la fois avait été à demi dit plusieurs fois par ma partenaire de voyage. J'la rendais dingue. Mais elle ne savait pas à quel point elle avait un effet similaire sur moi. Elle ne pouvait le savoir puisque je laissais rien paraître. Je savais pas comment faire. J'avais l'impression d'être dans une impasse sans issues. Je crois toujours comme un gros con que j'ai pas le droit d'être aimé. J'suis réellement ému et c'est pour ça que j'avais pas su comment faire bouger mes jambes. J'étais paralysé. Ses mots retentissaient dans ma tête me rendant totalement taré. Je relevais mes yeux vers le ciel étoilé. Ici tout paraissait tellement paisible. Pas comme le bordel sans nom qui se déroulait dans mon esprit. J'avais l'impression, la désagréable sensation de me diviser en deux. J'avais envie de courir la rejoindre et de lui dire que je suis prêt. Mais d'un autre côté j'avais tellement peur putain, de pas réussir à lui donner tout c'qu'elle désirait. De la décevoir encore davantage. C'est ça qui prenait le dessus et me clouait sur le sol froid. J'avais peut-être forcé sur ce coup là. Et en plus j'étais réellement con que je n'ai même pas eu le courage de me lever pour aller la rejoindre. Je pouvais pas encore parce que je savais pas ce qu'il se passait dans ma tête depuis plusieurs jours. Je sais pas j'avais tout le temps envie de pleurer pour quoi que ce soit et franchement ça ne me ressemblait pas vraiment. J'avais vraiment abusé et putain j'en étais franchement pas fier. Je savais pas pourquoi j'avais dit ça une nouvelle fois. Je m'imaginais quoi sérieusement ? Qu'elle allait continuer à encaisser comme ça de manière perpétuellement renouvelable ? J'aurais dû en avoir rien à foutre, normalement je n'aurais même pas dû l'approcher alors au point où j'en étais, franchement. Je montais dans la voiture et découvrais qu'elle n'y était pas. Je m'inquiétais instantanément et je me souvenais qu'on avait jamais échangé nos numéros. Je savais pourquoi, finalement on avait tout le temps été ensemble. On avait voyagé ensemble mais ça avait été plus que ça et j'étais bien trop con pour faire genre j'en avais rien à faire alors qu'en faite j'aurais tout donné pour ne pas perdre ce que j'avais acquéri ces derniers jours. Mais j'étais le seul à le savoir et ça m'allait très bien. Ça me rendait sûrement un peu plus crédible aux yeux de Denitsa. Je savais à peu près ce qu'elle pouvait penser mais c'était encore très vague. À moins que ce ne soit moi qui ne veuille pas comprendre. Ce qui était en soit très probable. C'était de la mauvaise foi et j'en étais parfaitement conscient ou totalement inconscient j'en savais rien. Je retournais à l'hôtel. Espérant qu'il ne lui arrive rien. J'avais pourtant cherché dans diverses rues sans résultats. Elle allait m'en vouloir à mort putain. J'avais encore tout foiré, preuve que je ne savais faire que ça. En arrivant à l'hôtel, le mec de l'accueil semblait étonné de me voir sans la petite dame qui m'accompagnait. Faut dire qu'à moi aussi ça me faisait foutrement bizarre.
En arrivant dans la chambre j'me sentais seul. Si seul dans une si grande chambre. J'avais battu une nouvelle vie autour d'une seule présence féminine. Chose totalement inédite au passage. J'avais fait ça le plus naturellement du monde en plus. Comme si c'était la chose que j'attendais depuis toujours. Alors que j'étais persuadé du contraire depuis ma tendre enfance. J'pensais que j'étais comme mon père. Incapable d'aimer et trompé par une femme qui définitivement n'en avait plus rien à faire depuis longtemps. Je savais parfaitement que j'avais jamais eu le bon exemple. Que toutes les histoires d'amour n'étaient pas comme ça et bien heureusement. Mais quelque chose me bloquait. La voir où même l'imaginer avec un autre m'étais totalement insupportable. Pourtant je ne parvenais pas à me raisonner de la faire mienne une bonne fois pour toute. Je savais pas s'il s'agissait d'un problème de volonté mais il y avait clairement quelque chose qui clochait chez moi. Et c'était pas elle.

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