8. Denitsa

1K 60 14
                                    

Un souffle chaud dans mes cheveux me tirait doucement de mes songes les plus profonds. Mes doigts glissaient sur un torse d'homme lisse, bronzé et musclé. Ma main glissait jusqu'à son nombril où ses muscles se contractaient à ce contact. Sa main dans mon dos bougeait également signe que lui aussi était réveillé. Je n'avais rien oublié de cette nuit ni de ces derniers jours. Et je lui avais tendu un piège où il avait plongé la tête la première. Il n'aurait rien fait pourquoi savait il exactement de quoi je parlais cette nuit ? Il avait deviné de quoi il s'agissait parce qu'indéniablement il l'avait vraiment fait. Rayane m'avait bien embrassé alors que je dormais. La question restait : pourquoi ? C'était plus ça qui me torturait l'esprit à longueur de journée que de savoir si c'était vrai puisque j'en avais en quelque sorte eu la preuve. Enfin quoi, je ne comprenais pas. S'il avait envie de faire ça mais qu'il avait peur que je le repousse c'est vrai que je pourrais comprendre. Mais de toute évidence c'était déjà fait. Et le fait que je sois à moitié couchée sur lui ma main naviguant sur son torse - magnifique en passant - ne semblait absolument pas le déranger. À quoi jouait il ? Je ne savais presque rien de son passé et je dois dire que ça m'intriguait. Sa main glissait dans ma nuque venant faire des mouvements circulaires dans mon cou. Je relevais la tête et mon corps dans un même mouvement pour me redresser face à lui, mon t-shirt remontait jusqu'à mes hanches. Même au réveil il était à tomber. Ses yeux brillaient et étaient encore un peu fatigués. Ses cheveux étaient coiffés dans tous les sens. Il me regardait dans l'incompréhension la plus totale. S'il croyait que j'allais lâcher l'affaire aussi facilement il se plantait. Je voulais ma réponse. Je voulais qu'il me dise la vérité. Je n'allais pas le tuer. Fallait pas qu'il ait peur.
'' - Tu es déjà réveillé ?
- Apparemment.
- Ça fait longtemps ?
- Non non... Cinq minutes peut-être.
- Et donc ce matin tu ne m'embrasses pas ? '' un blanc s'installait entre nous. Plus les secondes passaient plus je voyais la panique grandir dans ses yeux. Ses pupilles se dilataient. Aujourd'hui il n'allait pas pouvoir fuir dans des toilettes ou dans une boulangerie sans la moindre explication. Aujourd'hui j'allais gagner et avoir cette foutue justification que j'attendais depuis trois jours. J'allais devenir folle.
'' - Pardon ?
- Rayane. Arrête de faire semblant de me prendre pour une idiote s'il te plaît.
- Je vois même pas de quoi tu parles.
- Oh si tu sais parfaitement. Cette nuit je n'ai pas eu à développer beaucoup, tu as tout de suite compris. Alors arrête et dis moi pourquoi tu as fait ça. Tu sais quelle que soit ta raison ce n'est pas pour ça que je partirais en courant. '' il baissait les yeux. Il baissait les armes. Et prenait une grande inspiration avant de relever ses yeux verts et les plonger dans les miens.
'' - Je voulais juste te remercier.
- Me remercier, de quoi ?
- De m'avoir laisser pleurer.
- Ça ne valait pas tant de remerciements...
- Si, personne n'a jamais fait ça pour moi.
- Et donc tu m'as embrassé pour me remercier ?
- Oui.
- Curieuse façon de dire merci aux gens. Tu fais pareil avec tout le monde ? '' il voyait bien le ton ironique de ma phrase et semblait immédiatement plus détendu. Il riait nerveusement avant de poursuivre :
'' - Non. Et si tu veux tout savoir je n'avais plus fait ça avec personne depuis très longtemps.
- Longtemps c'est-à-dire ?
- C'est-à-dire longtemps.
- Arrête de jouer avec mes nerfs. Pourquoi tu ne l'as pas fait depuis longtemps ?
- Quand tu dis ' pas fait ' tu parles de quoi ? '' il avait un petit sourire en coin qui voulait tout dire. Un sourire charmeur. Un vrai. Le sourire de séducteur revisité à la Bensetti ça valait le détour. Je haussais les sourcils et prenais un air faussement irritée.
'' - Tu es vraiment dégueulasse. Mais ça me plaît. '' je montais sur ses hanches. Ses sourcils se levaient tellement hauts que je cru un instant qu'ils allaient s'envoler. Il se redressait pour avoir sa tête presque au même niveau que la mienne. Ses mains étaient derrière lui et le retenaient de s'écrouler sur le matelas. Moi aussi je sais jouer, Bensetti. Je sentais déjà que je lui plaisais. J'étais très joueuse ce matin. Il relevait son visage vers moi, ses yeux étaient à demi-fermés, ses lèvres entre-ouvertes. C'est curieux, je n'ai même pas envie de me décaler. Mais pour lui donner une bonne leçon j'en étais bien obligée. Il m'approchait davantage de ses hanches. J'le sentais juste . Je souriais, victorieuse. C'était moche ce que j'allais faire.
'' - Rayane ?
- Oui ? '' sa voix était roque. Il ne semblait même plus en capacité de parler. Mon sourire s'élargissait. Aujourd'hui j'ai gagné.
'' - Tu as joué avec moi, avec les sensations que je pouvais ressentir. Tu m'as frustré et tu m'as menti. J'espère que la prochaine fois que tu voudras me faire tienne tu auras le courage de le faire pendant que je suis éveillée.
- Hum ?
- Maintenant excuse-moi mais je vais prendre une douche. '' je me relevais, quittant le lit, sans me retourner je l'entendais seulement retomber à plat sur le matelas. Je me jurais en revanche de ne plus jamais refaire ça. Ça avait été un combat pour moi aussi. Rayane était un très bel homme, gentil et drôle. Il méritait pas ça. Mais j'estimais que moi non plus je n'avais pas demandé ce réveil étrange à Marseille l'autre jour.
En ressortant de la douche quinze minutes plus tard je m'habillais des vêtements que j'avais acheté la veille dans le grand espace marchand. Une jolie robe à bretelle parfaite pour la saison. Je laissais détacher mes cheveux et totalement naturels. Quelques bouclettes apparaissaient. On aurait dit une sorte de sirène. La tête de la sirène..
'' - Très jolie robe. Finalement ça valait peut-être le coup de me tuer les pieds.
- Je savais que tu allais changer d'avis.
- Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, pas vrai ?
- Par contre mes cheveux c'est pas possible.
- Ils sont très bien arrête tes bêtises.
- Je dis pas des bêtises mais la vérité ! '' il s'approchait de moi je ne bougeais pas.
'' - Ils voient tous que j'ai une tête bizarre.
- Qu'est ce qu'ils voient Denitsa ?
- Il faut vraiment que je te fasse un dessin ? '' je n'aimais pas mon nez mais je compris certainement trop tard qu'il ne pouvait pas le savoir. J'étais très dure avec moi-même - depuis toujours - et ça commençait par mon physique. La danse était une discipline exigeante. C'est grâce à ça que je restais mince. Mais quoi que je fasse je trouvais mes jambes trop petites, trop courtes. Et je n'aimais pas ce nez. Quelle horreur !
'' - Oui c'est évident. '' ça faisait mal d'entendre qu'apparemment il pensait la même chose que moi. Je l'avais toujours pensé mais l'entendre de vive voix ne faisait que me rendre plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà.
'' - Je crois qu'on ferait mieux d'y aller... '' ses lèvres se posèrent sur les miennes. Oh mon dieu. Il n'y avait aucun signe avant coureur, rien qui aurait pu prévenir à l'avance ce geste. Un instant il avait été en train de me parler et la seconde d'après ses lèvres chaudes avaient recouvert les miennes. Rayane m'avait embrassé. Quand mon cerveau comprit ce qu'il était en train de se passer, que ses lèvres étaient posées sur les miennes, il eu un court-circuit. Et ce n'était pas un petit baiser de rien du tout. Ça n'avait rien à voir avec toutes les descriptions que j'avais pu lire dans les livres à l'eau de roses que je lisais étant adolescente. Non rien à voir. Pourtant ça aurait pu. Il n'y avait rien de familier dans ce baiser, pas de profondeur, pas d'approche, rien que la sûreté de son geste, qui me montrait qu'il était finalement capable de le faire, alors que j'avais les yeux ouverts. J'avais envie que jamais cet instant ne s'arrête. Ce baiser là était sincère. Elles étaient douces mais fermes. Je n'avais jamais cru qu'une telle chose était possible. Elles suivaient les courbes de ma bouche pour les dessiner. Mes bras pendaient contre mes flancs. Mais je me sentais réagir. M'éloigner de la porte de la salle de bain pour me pencher davantage vers lui. J'étais déjà à deux doigts de prendre feu. Quand Rayane releva la tête, je me rendais compte que j'avais fermé les yeux. Malgré tout, je sentais son regard sur moi. Whoua. Arrêt cardiaque imminent.
'' - Tu m'as embrassé...
- Oui. Je t'ai embrassé. '' il se pencha de plus belle sur moi. Je me forçais à ouvrir de nouveau les yeux. J'étais maintenant contre le mur. Son bras droit le retenait et sa main gauche soulevait mon menton. J'aurais pu le laisser faire ce qu'il voulait de moi.
'' - Je n'embrasse pas les filles que je ne trouve pas magnifiques.
- T'as voulu me donner une leçon ?
- Comme celle que tu m'as donné avant de partir pour ta douche. Et honnêtement entre nous, c'est la manière la plus efficace, la plus rapide et la plus agréable de donner une leçon à une femme. '' Je restais bouche bée. Il m'avait eu. Il m'avait prise à mon propre jeu.
'' - Maintenant on peut y aller. ''

La voiture démarrait. Un silence serein régnait dans l'habitacle. Mais ça n'avait rien à voir avec un silence de non dit ou même pesant. Même si ma tête restait totalement dans un monde parallèle où des hommes venant de Lyon battit comme des dieux venaient embrasser des petites bulgares un peu perdues... Oui j'étais restée à Rosas alors que la voiture elle, allait tout droit sur Barcelone. La destination, la toute première que j'avais choisi pour mon voyage.
'' - Tu veux qu'on s'arrête quelques minutes ?
- C'est comme tu veux... Après tout, c'est toi qui conduis.
- Très bien alors on va s'arrêter. '' à l'air de repos qu'on avait décidé de s'immobiliser se trouvait un grand centre commercial. J'avais envie d'un bon café. Pour me requinquer de ce début de journée.. Assez particulier ? Oui voilà. Je me tournais vers Rayane qui était en train d'ouvrir le coffre pour s'asseoir sur le bord. Tous les mouvements qu'il faisait étaient gracieux. On aurait dit un félin agile et fin dans ses gestes. Curieux mais fascinant.
'' - Je vais me chercher un café, tu en veux un ?
- Euh ouais s'il te plaît. Déni ?
- Hum ?
- Ne te perds pas.
- Promis. '' j'allais chercher les fameux cafés à la machine à expresso et revenais quelques minutes plus tard avec deux gobelets. Ça valait une blinde les cafés sur une aire d'autoroute.
'' - Tiens.
- Merci.
- Tu crois qu'on va arriver dans combien de temps ?
- Deux heures à peu près. Tu n'avais vraiment pas choisi cette ville pour une raison particulière ?
- Honnêtement non. Quand je suis partie de Paris je voulais aller le plus loin possible dans les conditions les moins chères et les plus longues que je trouvais. Le bus pour Barcelone a rempli tous ces critères.
- Hum je vois. '' un malaise ne planait pas entre nous. Ça ressemblait plutôt à une tension palpable qui émanait sans aucune hésitation de la chambre d'hôtel de cette nuit. Dormir avec lui était quelque chose à laquelle je pouvais facilement m'habituer. Et je crois que ce n'était pas franchement très bien pour mes affaires. En fait je ne réfléchissais même pas à l'avenir. Je vivais au jour le jour avec ce que la vie me proposait. Et là je profitais de l'homme qu'on m'avait servi sur un plateau d'argent. Beau comme un dieu, gentil comme personne et plus drôle qu'un humoriste. Après tout, femme qui rit à moitié dans son lit non ? Il n'a pas besoin de me faire rire. Je suis déjà à lui. Quelle merde, comment je vais me sortir de là ? Je ne sais même pas qui est réellement Rayane. Je ne sais pas s'il pense la même chose que moi. Je ne suis pas certaine de vouloir m'attacher. Mais ce n'est pas pour autant que je ne le veux que pour coucher... Je crois que je comprenais la vision qu'avait adopter Jade en deux ans. Je comprenais et honnêtement je n'avais pas vu que ça pouvait être aussi dur auparavant. Être entre le physique et le psychologique. C'était ça le combat que j'allais mener. Mais Rayane lui, qu'est ce qu'il voulait ?

--------------

Coucou les amis ! Une partie que j'aurais pu nommer '' Kiss '' que j'ai pris plaisir à écrire. Dite moi ce que vous en avez pensé, je suis curieuse, la fiction me plait du plus en plus, j'espère que vous aussi ! N'hésitez pas à commenter j'adore vois répondre Xxx

LejosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant