21. Denitsa

933 45 16
                                    

L'idée même que cette possibilité était maintenant la mienne m'échappait totalement. C'est comme si la réalité s'était arrêtée. Je ne comprenais pas où j'en étais quand je reposais mon téléphone. Comment avait-il su tout ça ? J'avais pourtant tout fait pour ne rien laisser paraître et en plus de ça il avait réussi à avoir mon téléphone. J'allais tuer Jade la seconde où je l'aurais en face de moi. Ah c'est sur que c'est facile de lui donner mon numéro et d'après le laisser le démerder avec lui. Après tout, ce qu'il se passait ou non entre nous ne regardait que nous. Ça je respectais et je la remerciais de s'occuper uniquement de ce qui la regardait. J'avais franchement horreur des personnes qui jugent ta vie alors qu'elles n'en font même pas partie. Qu'ils s'occupent déjà de leur vie à eux putain.

Donc il avait eu mon numéro et il avait même réussi à me convaincre de le voir. J'avais pourtant décidé de faire une croix sur lui. Ma bouche avait parlé toute seule sans me demander mon avis. J'avais envie de me donner des claques. Franchement, pourquoi j'étais si faible face à lui ? J'en avais franchement plein le cul d'être celle que je voulais surtout pas être face à Rayane. Avec sa gueule d'ange là, on ferait tout pour lui sans rien demander en retour. D'ailleurs c'est ce que je fais, ce que tout le monde fait ! C'est injuste quand on y repense, il aurait tout ce qu'il souhaite juste en claquant des doigts.

Le rendez vous était donné dans deux heures le temps je suppose qu'il vienne depuis le centre de Paris. Je ne l'avouerais probablement jamais mais il m'a beaucoup manqué. Et honnêtement je ne savais pas comment mon corps allait réagir à sa présence après plusieurs mois de séparation. La dernière fois qu'on avait été dans une telle situation remontait à déjà plusieurs mois. Qu'est ce que je ferais pas pour remonter le temps.

En rentrant chez moi en quatrième vitesse je passais le plus rapidement possible sous la douche et changeais quatre fois de tenues avant de trouver sur celle qui selon moi allait la mieux. Rester naturelle. Rester sois même. Ce n'est pas maintenant qu'il m'a vu dans des situations délicates que je vais faire la femme fine. Il sait très bien comment je suis, comment je fonctionne. C'est ridicule. Ça me ressemble pas. Je prend mon sac, mon téléphone, tout mon bazars et retourne dans ma voiture fin prête. J'avoue que je suis un peu stressée. J'ai envie de lui en faire baver juste pour qu'il comprenne la douleur que j'ai ressenti. Mais je sais déjà que toute la rancœur que je ressentais s'est dissipée. Juste sa voix a suffit. Il a assoupli mes réticences, il a suspendu ma douleur. Comme repartir de zéro. C'est peut-être ce qu'il nous fallait d'ailleurs ? Repartir comme si de rien n'était et réapprendre à se connaître sur de bonnes bases ? Je suis prête à cela. En fait je crois que je suis quasiment prête à tout pour lui. C'est incroyable mais c'est comme ça.

Je rentrais dans le restaurant énoncé en m'asseyant à une table isolée. Rien que pour être certaine de ne pas être dérangé. Et certainement pas des fans. Personne. On avait cette conversation à mener. Il avait raison. Ça faisait bien trop longtemps qu'on l'a repousse. Par ma faute, évidemment. Étant énervée et blessée, qu'aurais dû-je faire ? Je n'arrivais qu'à le repousser, ça demeurait supportable. Sans oublier l'épisode de devant le studio. On était pas ensemble serte, et il avait parfaitement le droit de faire ce qu'il voulait. Mais je ne pensais certainement pas qu'il pouvait s'en tirer comme ça. Il me devait des explications. Enfin, je croyais quand même les mériter. J'aurais préféré ne jamais assister à ça, écarter l'électrochoc radical. Lui et moi, on méritait autre chose, on méritait mieux.

L'apollon était en retard. Sûrement les embouteillages. C'était éprouvant, nerveusement, de calmer sa minuscule faim avec un verre d'eau en l'attendant.

Cela fait déjà deux heures que j'attends à cette foutue table. Étant contrainte même de commander sous peine d'être exclue. Mais un tête à tête avec une bougie n'était pas vraiment ce que j'attendais.

LejosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant