20. Rayane

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Ses yeux brillaient je savais pertinemment qu'elle était sur le point de pleurer. Pourtant j'avais jamais voulu tout ça moi. La faire pleurer c'était la dernière chose que je souhaitais. Elle paraissait complètement perdue, sans savoir où se mettre et ça se voyait.

Je voulais pas la brusquer. Ma présence à Paris la dérangeait au plus haut point mais je n'y pouvais pas grand chose. J'avais besoin de ce boulot. Je pouvais pas être dans la merde financièrement. C'était même pas envisageable.

Et je me doutais qu'elle se disait que dés que je pourrais je serrais reparti. De toute évidence elle pense pleins de choses de moi qui sont pas forcément fondées. Mais soit, j'avais fait le con et j'assumais pleinement.

La seule chose que je regrettais hormis d'être le dernier des cons c'est de n'avoir pas plus profité des instants qu'on avait tous les deux en Espagne. Car même si c'était court, ça restera l'un de mes plus beaux souvenirs. Quand je suis arrivé sur Paris je savais pas que j'allais me retrouver dans cette situation. Que j'allais tout compliquer encore une fois. On m'avait juste demandé de me rendre à une adresse indiquée pour mon nouveau travail. J'étais dans la merde et profondément désespéré, je ne pouvais pas renoncer à ça. Donc je suis venu, par mes propres moyens. La vie à Paris est très cher. Et moi j'ai pas des moyens pareils, alors on fait avec ce qu'on peut. Heureusement Maxime m'a donné de l'argent tout de suite. Heureusement d'ailleurs j'ai pu alimenter un peu mon corps. Ce qui n'était apparemment pas le cas de la personne qui se trouvait en face de moi.

Denitsa avait perdu beaucoup de poids. Elle était petite, ça se voyait presque instantanément. Mais elle veut pas m'écouter. C'est une habitude vous allez me dire. Oui vous avez totalement raison. Cette femme n'écoute qu'elle même et encore. Sa raison elle l'a envoyé se faire voir plus d'une fois. Je connaissais suffisamment comment son système nerveux fonctionnait pour pouvoir l'assurer. J'avais appris à la connaître au fur et à mesure.

Et je crois que c'est la meilleure décision de ma vie : partir chercher la voiture de mon père pour l'embarquer avec moi dans ce délire. J'arrive même à m'en dire aujourd'hui que s'il n'avait pas eu ce sale pervers on en serait peut être pas là aujourd'hui.

Qui sait ?

Je serais peut être encore persuadé que j'étais incapable d'être amoureux de quelqu'un. Amoureux hein ? C'était bien plus compliqué qu'on pouvait le croire. Surtout d'une femme comme Denitsa. Elle est imprévisible. Je m'attend à tout mais alors absolument à tout avec elle. Et c'est sûrement une des choses que je préfère chez elle ; elle mène la vie au jour le jour. Elle est comme moi, elle n'aime pas quand tout est programmé. Et j'aime ça.

Elle finit par partir en s'excusant encore une fois. Je m'en fou de ses excuses, je veux parler avec elle. Mais comme toujours elle s'enfuie. Elle en avait donc rien à foutre ? Pourtant j'étais assez persuadé du contraire : elle avait quand même parlé de moi à sa meilleure amie. Si elle ne pensait pas à moi elle ne l'aurait sans doute pas fait. Elle y aurait même pas pensé. Le fait que ça lui ait traversé l'esprit ça ravivait le mien. Je ne savais pas s'il y avait vraiment d'espoirs mais qui ne tente rien n'a rien. Je suis pas prêt à ne rien avoir.

Je savais absolument pas comment elle m'avait retrouvé. C'était totalement impossible et quand bien même qu'est ce qu'elle me voulait ? J'avais refusé plusieurs fois de venir à sa rencontre. J'avais rien à lui dire moi. Rien à prouver et surtout rien à me reprocher. Si elle voulait me parler c'était son problème. Certainement pas le mien. Elle avait utilisé mon nom pour se faire connaître. Soit. Je n'avais pas répliqué. C'était exactement le but de la manœuvre. Comme on a remarqué que j'en avais strictement rien à faire, que je continuais de mener ma vie et même que je partais en vacances au milieu de nul part loin de ma vie quotidienne, ça en a mit un coup dans son orgueil apparemment. Ça non plus j'en avais rien à foutre. Si elle n'avait pas assez de talents pour se faire connaître par ses propres moyens elle n'avait qu'à se demmerder. Est ce que j'étais allé la voir pour la soudoyer de m'aider ? Absolument pas. Je pensais quand même que je méritais mieux que ça.

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