23. Rayane

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Au début je ne paniquais pas.
Le lit était vide mais ça j'avais presque l'habitude, Denitsa ne restait jamais bien longtemps dans un lit couchée. Elle disait qu'elle s'ennuyait. C'était sûrement vrai mais vu comment on s'était couché la veille il fallait que je sois rassuré. Qui disait qu'elle n'était pas encore partie une fois de plus ? Je commençais malheureusement à la connaître et sur ce point là elle fonctionnait de la même façon que moi. Se frotter au danger n'était pas tellement notre spécialité. Je le savais car j'en étais la preuve vivante.
Quel homme je faisais sérieusement ? En la déshabillant j'avais prit peur et avais prétexté une urgence. Mais j'en avais aucune en fait. A part que je prenais pas notre relation au sérieux. Sur le coup j'avais même pas pensé que ça pouvait la blesser. Alors quand je suis rentré et que je l'ai trouvé dans cet état je n'ai pas été étonné de me prendre une gifle en pleine gueule. Non là fallait avouer que j'avais sacrément merdé quand même. Je l'assumais totalement de toute façon qu'est ce que j'aurais pu faire d'autre ? C'était fait, c'était trop tard. Et je ne fut pas non plus étonné de trouver l'appartement vide de sa présence. Elle avait prit la fuite pour me montrer ce que ça faisait. Et ça fait mal. J'me revoyais en Espagne, exactement dans la même situation mais le sentiment était décuplé puissance mille. Parce qu'entre temps il s'était passé tellement tellement de choses que maintenant j'étais encore davantage attaché à elle. Bien qu'à l'époque je ne pensais pas ça possible. Tout a tellement changé en quelques mois. Quand on rencontre la bonne personne on voit tout à coup le monde autrement. On l'imagine moins moche qu'on ne l'aurait cru. Moi je croyais pas à tout ça y a encore six mois. C'est grâce à elle tout ça. Alors je pouvais décidément pas la laisser partir comme ça.
Non au début je ne paniquais pas.
J'envoyais rapidement un verre voler sur le sol puis deux, puis trois, puis toute l'étagère. J'en avais rien à foutre. De toute façon ni elle ni moi n'étions fait pour rester enfermer quelque part avec une routine. Elle comme moi on évitait à tout prit ce qui touchait au répétitif. Nos métiers nous le permettaient. Nos vies un peu moins. C'est vrai on avait changé de vie pendant quelques semaines mais fort est qu'il fallait reconnaître que c'était éphémère. Encore une fois rien ne tient en place. Je renverse encore des assiettes sur le sol. J'en avais rien à foutre. Personne n'en avait quelque chose à foutre. Contrairement aux vies ça se rachète. Je suis bien placé pour le savoir. Mon père est parti au moment où j'avais le plus besoin de lui. J'aimerais aujourd'hui lui demander ce que je devais faire avec Denitsa. Elle et moi on était fait pour vivre au gré de notre destin sans vraiment compter sur le lendemain. Rien n'est jamais planifié. Je voulais pas d'une vie que je pouvais lire chaque semaine sur un calendrier. Je n'étais pas un type à vivre dans une tour d'ivoire.
Non au début je ne paniquais pas.
Je quittais l'appartement et me rendais à son travail que j'avais eu la chance de repérer depuis qu'on s'était vu la première fois. Je pénétrais dans les salles de danses. Les femmes se retournaient sur moi se demandant surtout ce que je faisais là à chercher partout quelqu'un qui n'était à l'évidence pas là. Je me dirigeais vers une des danseuses, à bout de nerfs.
'' - Vous savez où est Denitsa Ikonomova ?
- Je suis désolée monsieur mais elle n'est pas venue travailler aujourd'hui ni dans les prochains jours, elle a prit des congés. '' je la remerciais complément à l'ouest. Mon esprit était en surchauffe. Où était elle encore passée ? J'appelais instinctivement Jade, elle devait certainement savoir où se cachait sa brunette.
'' - Jade ?
- Bensetti ?
- Putain je nage dans la merde Jade, tu ne sais pas où est Denitsa par hasard ?
- Attend je comprend pas, elle n'était pas censée être avec toi hier soir ? Qu'est ce que tu as encore fait ?
- De la merde qu'est ce que tu veux on dirait que je sais faire que ça. Elle est partie voilà pourquoi je t'appelle et je sais pas où elle est. J'suis dans la merde c'est ça ?
- Un peu. Juste un peu. Je vais essayer de la joindre, j'te rappelle. '' je sortais de la salle de danse et me dirigeais vers ma voiture où je ruminais tout seul comme un putain d'accro à elle. J'en avais besoin, j'avais besoin de Denitsa dans ma vie, fallait qu'elle soit contre moi toute la journée, fallait que je vois ses yeux briller chaque fois que je la vois. Je pouvais pas la laisser m'échapper une nouvelle fois. J'avais fait cette erreur avant d'arriver à Paris. J'ai appris de mes conneries. Cette fois ça ne terminera pas comme ça. Cette fois je veux lui montrer que j'suis à elle. Si elle part je pars avec elle. Si elle le veut je suis prêt à tout. J'veux même danser jusqu'à plus savoir comment je m'appelle. Tout ça parce que je sais que ça la rend heureuse. Parce que tout c'que j'veux c'est son bonheur et moi j'agis comme le dernier des cons. Jade fini par me rappeler.
'' - Ok Bensetti je sais où elle est.
- Je t'écoute.
- Mais elle veut pas te voir.
- Ça j'men fou. Dis le moi.
- Si je fais ça encore une fois elle va me tuer. Tu sais bien que je t'ai déjà sauvé la mise plusieurs fois. Il faut vraiment que tu apprennes à te débrouiller sans moi.
- Jade j'te promet que j'vais te laisser tranquille mais s'te plaît j'ai besoin de savoir où elle est partie. Jade tu sais ce que ça fait d'être abandonné deux fois en quelques mois par la femme qu'on aime plus que sa propre vie ? Remet ça dans n'importe quel contexte, dis lui c'que j'viens de te dire j'men fiche tellement j'ai besoin d'elle. J'ai l'air d'un psychopathe à la suivre partout alors qu'apparemment c'est clair qu'elle veut plus de moi dans sa vie. Mais putain j'suis persuadé qu'on mérite mieux que ça. Ça craint d'avoir l'impression de se noyer alors qu'on est même pas dans l'eau tu sais. Faut que j'me rachète j'men fou de comment je parviens à mes fins. J'ai juste besoin d'elle. Et de rien d'autre. Alors vraiment dis moi. '' un silence s'installait au fur et à mesure que les secondes passaient. Je commençais à paniquer cette fois ci. Si Jade la fermait j'pouvais faire une croix sur Denitsa. Et j'étais pas prêt pour ça.
'' - T'es toujours là ?
- Denitsa a vraiment de la chance d'être tombé sur un type comme toi. C'est vrai vous méritez autre chose et juste pour ça j'peux te dire qu'elle se rend au mariage de sa mère. Elle doit être à la gare pour se rendre à Strasbourg. Je sais pas quand elle sera partie mais à mon avis faudrait que tu te dépêches. '' après quelques minutes de recherches intensives sur mon téléphone je trouvais la gare et même le train qu'elle devait certainement être en train d'attendre. Bien heureusement pour moi la compagnie de train prévoyait des retards sur tous les trains de la journée. Pour une fois que le retard était mon ami. Pour une fois que j'avais un peu de chance.
J'me rappelais bien de comment elle m'avait annoncé que sa mère allait se marier. Elle était tellement désespérée qu'elle avait même fini la bouteille que j'avais moi même commencé. Elle me l'avait prise des mains et s'était endormie sur mes genoux. '' Il est mort. '' son ex l'avait quitté et je savais qu'elle en avait affreusement souffert. Que c'était pour ça qu'elle déguerpissait l'amour et l'attachement comme la peste. C'était soit disant aussi peu son truc que moi. Mais elle savait qu'elle était capable d'aimer. Elle savait pas qu'en me rencontrant en revanche ça allait lui arriver. Les plus belles rencontres sont souvent les plus inattendues. C'était bien vrai. Mon père me répétait cela. J'me demandais vaguement s'il serait fier de la personne que je suis devenu. S'il serait de mon côté alors que je poursuivais certainement la femme qui compte plus que de raison pour moi.
Denitsa ne m'avait jamais dit qu'elle m'aimait. Et moi non plus. Je crois pas qu'on ai besoin de se le dire. Moi en tout cas j'en avais pas les raisons. J'le voyais suffisamment clairement dans ses yeux. Elle en avait sûrement la nécessité et moi égoïstement j'avais pensé que pour moi. J'métais pas mis à sa place. Étant donné de c'que je ressentais pour elle j'me devais de m'assurer qu'elle était heureuse. Et je l'avais pas fait. J'avais fui quand j'avais senti mon cœur exploser dans ma poitrine. J'avais eu tellement peur que j'étais parti à toutes jambes. Ça fait pas très virile dit comme ça j'le sais. Vous méprenez pas j'en suis pas très fier. Même pas du tout en fait. J'avais bonne mine de lui en vouloir d'être parti. Je valais pas mieux. J'étais même pire. Elle m'avait rendu la monnaie de ma pièce. J'pouvais m'en prendre qu'à moi maintenant.
Maintenant je commençais à paniquer.
Je courais à travers la gare pour me retrouver sur le quai. Je la cherchais des yeux. Elle était assise sur un banc contre un mur, écouteurs vissés sur les oreilles. Je m'empressais d'aller la retrouver. J'avais tellement peur qu'elle me rejette. Je crois pas que j'y survivrais. Pas cette fois. Jamais deux sans trois. Je touchais ses cheveux fins, elle relevait la tête vers moi, les yeux pleins de larmes. Elle ne me souriait même pas et se leva sans sourciller vers le train qui venait d'arriver à quai. Elle ne pouvait pas me faire ça. Pas encore. J'avais besoin de putains d'explications. Au diable tout c'que je m'étais promis de faire. Au diable les belles promesses que j'avais pu faire. Même au diable mon putain de travail. J'avais besoin que d'elle dans mon existence.
Ma peine est plus grande que ma haine. Dieu que je l'aime. Ça tourne dans ma tête. Toute notre histoire se déroule derrière mes yeux. Jamais entre nous ça n'a été sage. Jamais entre nous ça été explicite. Je devrais m'en aller exactement comme elle est en train de le faire. Quand elle dira dans des années que j'ai même pas été capable de l'aimer. Parce que si j'y croyais pas l'envie de m'éloigner d'elle prendraient facilement le dessus. Dieu que j'ai mal.
Ça y est je panique.

J'ouvrais les portes en urgence alors que le train était prêt à repartir. Si j'avais survécu à tout c'qu'on avait traversé j'étais suffisamment fort pour résister à une tentative d'éloignement. Et même pas mes larmes ni mes armes me feront changer d'avis. Ça n'a peut être jamais été sage mais ça a toujours été sincère. J'ai pas toujours montré ce que je ressentais mais c'était bien là et j'avais bien essayer de tout caché c'était pas possible ces sentiments à la con étaient plus forts que tout. Plus forts que moi.
'' - Je m'en vais.
- Plus jamais sans moi. '' j'étais prêt à la suivre où elle voudrait jamais aller parce que tout ce dont j'ai besoin c'est d'attentions.
Plus de raisons de paniquer.

Finalement être loin de tout ça permettait de rencontrer la personne qui était faire pour nous. Fallait pas hésiter à envoyer valser sa vie lorsqu'elle nous va pas. Même si ça fait peur. Même si on sait où on va. La vraie vie c'est ça.
Lejos pero nunca sin ti [ Loin mais jamais sans toi. ]

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Coucou les amis ! Voici la dernière partie de ma fiction, j'espère que la fin vous a plu, l'épilogue va sortir je pense en même temps je vais voir. Voilà le final c'était ça. Merci à tous pour le soutient !
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