Chapitre 12

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Le groupe de Julien et Caleb revint en premier. Quand ils découvrirent la scène qui se jouait ici, Julien se jeta sur Clark. Caleb partit voir Anne-Lou. Elle n'était pas belle à voir mais elle respirait encore. Caleb tenta de lui faire les premiers secours mais il allait falloir beaucoup plus que ça pour la sortir de son inconscience, ses lèvres étaient déchiquetées. Mais le garçon ne se désespéra pas, il continuait de mettre une pression sur la poitrine de Anne-Lou.
Clark qui avait le regard perdu ne semblait pas voir Julien qui essayait de la réconforter.

- Clark regarde-moi ! hurla Julien, qu'est-ce qui c'est passé ?

- C'est ma... ma faute, déclara t'elle entre deux hoquets.

- Qu'est-ce que tu viens de dire ? demanda Caleb sur un ton énervé.

- Caleb arrête tu vois bien qu'elle est bouleversée, expliqua Julien.

- Mais Julien, tu es aveugle ou quoi ? C'est elle qui lui a infligé ça ! C'est sa faute, elle l'a dit, pourquoi tu continues de la défendre ? C'est elle qui l'a tué ! Bordel, elle fait tout foirer ! Tout est à cause de cette putain de fille ! C'est en entendant ses pleurnicheries de gamine qu'on est entré dans cette forêt maudite ! Sans elle nous serions en train de passer les meilleures vacances de notre vie ! s'énerva Caleb.

- Tu sais que tu es un génie ? Si nous avons pu l'entendre alors que nous étions hors de la forêt ça veut dire que quelqu'un peut aussi nous entendre ! On pourrait demander de l'aide, s'exclama Julien.

- Oui, c'est vrai ! Tu as raison, dit le garçon enthousiaste.

Alors Caleb et Julien se mirent à crier en cœur. Mais rapidement ils se rendirent compte que ça ne marchait pas, ils se trouvaient en plein milieu de la forêt et jamais ils ne croiseraient la bordure d'une forêt. Car celle-ci arrivait à changer à sa guise. Ils étaient les pantins du lieu, ils se faisaient manipuler.
Anne-Lou se mit à tousser. Les deux garçons se dirigèrent vers elle en courant. La petite était prise d'une quinte de toux. Mais petit à petit sa respiration ce fit plus régulière. Et quelques instants plus tard elle ouvrait les yeux. Son regard paraissait soulagé comme après une crise terminée.

- J'ai... j'ai soif, demanda t'elle.

- Je vais t'en chercher, proposa Julien.

La petite fille acquiesça. Caleb posa la tête de Anne-Lou sur ses genoux. Celle-ci lui adressa un joli sourire.

***

- Punaise, c'est pas vrai Laure bordel ! Comment est-ce qu'on va faire ? questionna Martel.

Les deux adolescents ne retrouvaient plus leurs chemins. C'étaient-ils réellement perdus ou alors était-ce la forêt qui avait encore changée à sa guise ? Quoi qu'il en soit, ils ne savaient absolument pas où ils se trouvaient et la seule solution pour eux était d'hurler à l'aide.

- Quelle idée de se séparer qu'est-ce qu'on est con ! On aurait jamais dû penser que passer un pacte avec le diable l'éloignerait de nous ! déclara Martel.

Laure émit un rire sec et tinté de haine.

-  Tu peux m'expliquer ce qui te fais rire ? demanda Martel, demi-énervé, demi-anxieux.

- Nous sommes pathétiques, tous autant que nous sommes. Mais tu sais quoi ? Le plus pathétique de nous tous ça doit être toi ! Je n'arrive vraiment pas à te cerner. Tu es lunatique et méchant. Tu te permets de t'énerver contre les plus faibles à ta guise et quand ça t'arrange tu redeviens le plus mignon des anges, tu fais semblant de tout savoir mais la vérité c'est que tu es aussi pomé que nous. Il faut que tu arrêtes, j'en ai marre de te retenir de casser la gueule à tout le monde !

Laure laissa couler quelques larmes qu'elle ne pouvait plus retenir. Elle se retourna et s'assit quelque mètre plus loin. Elle replia les jambes sous son corps et se recroquevilla.
Martel, lui, était secoué. Il ne comprenait pas l'excès de colère de Laure, qui d'habitude avait toujours une certaine retenue dans son implication avec le groupe. Mais ce qu'elle disait était vrai finalement. Elle lui faisait de la peine. Elle était pathétique. Il était pathétique. Ils l'étaient tous.
Après un effort surhumain Martel se leva et s'approcha de la jeune fille. Il mit toute sa fierté de côté et posa une main sur l'épaule de la jeune fille.

Il ne se doutait pas de ce que cela pouvait susciter chez elle. Un souvenir plus qu'enfoui en elle.

***

Julien revenait avec de l'eau, enfin ce qu'il avait pu ramener. Le garçon avait retiré son tee-shirt et l'avait trempé dans une crevasse qui avait recueillie l'eau des pluies précédente.
Il essora son tee-shirt au dessus de la bouche d'Anne-Lou, elle aspira les quelques gouttes.
Julien répéta l'opération plusieurs fois et quand la petite fille eut assez bu elle prit enfin la parole, et cette fois-ci d'une voix enfantine, une voix pure, et avec un regard tinté de gentillesse :

- Julien, je peux te dire quelque chose ?

- Bien-sûr !

- Il faut que tu me protèges, dit-elle.

- De qui tu veux que je te protèges Anne-Lou ? Personne n'est contre toi ici ! dit-il étonné.

- Si... Elle, annonça t'elle en pointant Clark du doigt.

Mort exquiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant