J'ai l'impression de revenir un an en arrière lors de cette fameuse nuit. Ses lèvres sont douces, agréables avec un goût de champagne. Mes mains viennent naturellement, se poser sur sa taille pour la rapprocher de moi. Une alarme retentit dans mon cerveau, m'alertant de l'erreur que je commets. Mais les soupirs d'Emma lorsqu'elle se laisse aller contre moi m'empêche de me séparer, ne serait-ce qu'une seule seconde de sa bouche addictive et délicieuse. Rien n'est plus fort que le sentiment de plénitude que je ressens en la tenant contre moi. La chaleur de son corps embrase mes sens, je sens doucement une érection se dresser sous mon pantalon. Au lieu d'être effrayée, Emma se frotte un peu plus contre moi, les yeux fermés, se languissant co tre moi. Les flashs me reviennent, Nesma et moi, ensemble, heureux, amoureux puis mon frère, en sang, mort. Je repousse brutalement Emma qui manque de tomber. Je n'ose même pas la regarder dans les yeux et m'engouffre dans ma chambre. Je m'adosse à la porte et me laisse glisser au sol. Je viens de faire une très grosse connerie. Je serre les poings pour ne pas les envoyer valdinguer dans le mur. J'aurais pu blesser Emma. Je suis tellement lâche. Mais ce que je regrette le plus, c'est de l'avoir laissé m'embrasser. C'est une jeune femme fragile, elle n'a sûrement pas besoin d'un meurtrier à ses côtés. Je ris amèrement en pensant qu'un instant, je me suis imaginé avec Emma. Mon portable sonne mais je ne le sors pas de ma poche, au risque qu'il finisse éclater contre le mur. À tous les coups, c'est ma sœur ou ma belle-sœur. Je me lève et retire mes vêtements tout en marchant vers le lit sur lequel je m'écroule. Je ne prends même pas la peine de me coucher sous la couette. Je regarde le téléphone fixe de ma chambre. Un coup de fil et je pourrais boire. Boire jusqu'à oublier cette douleur lancinante qui déchire ma poitrine depuis des mois. Je ferme les yeux, essuyant rageusement la larme qui s'est égarée sur ma joue. Je repense au mariage de mon frère. Il était tellement amoureux de Mary et c'était réciproque. Malgré notre métier, mon frère était l'opposé de moi. Extraverti, joyeux, drôle, impossible de lui résister. Thomas était aussi prudent et protecteur là où je me montrais casse-cou et irresponsable. Bien qu'il n'était mon aîné que sept minutes, j'ai toujours eu l'impression d'être bien plus jeune que lui. Lorsque nos parents sont morts, l'un après l'autre, nous avions seize ans. Il a en quelques sortes endosser le rôle de chef de famille. C'est surtout ma sœur qui s'occuper de nous. Mais mon frère me protégeait. J'étais à l'époque un garçon colérique et mal dans sa peau, affecté par le départ de ma mère dont j'étais très proche. Je ne sais plus comment nous est venu l'idée de l'armée mais à dix-neuf ans, nous nous sommes retrouvés dans une caserne. Thomas a rencontré sa femme lors d'une permission et ils se sont mariés à la suivante puis sont venus Hailee et Johnny. J'aurais tellement souhaité être à sa place ce jour-là. Thomas ne méritait pas de mourir, il avait une femme, des enfants, c'était un homme bon et généreux. J'étais célibataire et taciturne. J'aurais dû mourir à sa place, ça aurait causé moins de tort à ma famille. Je mords mon poing pour ne pas craquer. Dans tous les sens du terme. Je résiste à l'alcool pour oublier et aux pleurs pour me soulager. Je mérite de souffrir. C'est ma faute s'il est mort.
∞|∞|∞
Il est à peine 7 heures et cela fait déjà plus d'une que je suis réveillé. L'eau de la douche glisse sur mon corps, d'une chaleur insoutenable qui me brûle la peau.
Mais cela me soulage un peu. J'oublie ma souffrance psychique au profit de celle physique. Je repense au baiser de la veille. Comment vais-je agir avec Emma ? Elle a dû être très blessée par ma réaction de la veille. Peut-être devrais-je m'excuser ? Oui. C'est une bonne idée. Je sors de la douche et essuie la buée qui s'est formée sur le miroir. Je touche mon visage, retrouvant mon frère dans mes traits. Je sèche mon corps puis enfile rapidement un t-shirt et short gris avec des baskets. Je frappe discrètement à la porte d'Emma en n'espérant que personne ne me voit y entrer. Je lève le bras pour frapper à nouveau sur la porte sauf qu'au même moment, Emma ouvre la porte et je bascule vers l'avant manquant de tomber sur Emma. Je me retiens de justesse et ses mains bloquent mon torse. Emma est encore pyjama. Ses yeux sont injectés de sang et gonflés. Elle a dû pleuré. À cause de moi. Je me relève et racle ma gorge pour me donner une contenance alors qu'Emma ferme la porte derrière moi.
- Je voulais m'excuser pour hier, je...
- Pas la peine de vous excuser, c'est entièrement ma faute. Je me suis jetée sur vous comme...comme une chienne en chaleur.
Pourquoi se dénigre-t-elle ainsi ? Sa voix est tremblante et ses yeux brillent. Emma se retient de pleurer et détourne le regard. Je me sens coupable et je ne comprends pas du tout pourquoi elle dit ça. Je n'ai rien insinué de tel.
- Ne dites pas ça. Je ne vous ai pas repoussé, je suis donc tout aussi coupable. Écoutez Emma, ce n'est...
- Laissez tomber vous voulez bien ? Vous allez me dire que vous travaillez pour Paul et qu'on ne mélange pas affaires et...et plaisir. Finit-elle d'une petite voix.
- Je...
- Quoi ?! Ce n'est pas ce que vous vouliez dire c'est ça ? Peut-être était-ce plutôt, vous êtes trop jeune, trop innocente. Vous préférez sans doute les femmes expérimentées aux vierges névrosées !
Emma lâche ses derniers mots en criant puis s'écroule sur la moquette de sa chambre.
- Emma. Soufflé-je doucement en m'approchant d'elle.
- Ne me touchez pas.
Je ne l'écoute pas et m'accroupis à ses côtés alors qu'elle se recroqueville sur elle-même.
- Peu importe ce que vous soyez vierge ou non Emma. Vous méritez tellement plus qu'un vieux soldat comme moi. Un homme gentil et calme qui saura vous apaiser. Vous venez seulement de devenir une adulte aux yeux de la loi. Je vais bientôt avoir trente ans. Vous êtes une superbe jeune femme, vous trouverez un homme à votre hauteur.
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Do Not Love (Terminée)
Romantizm- Quoi encore ?! Je ne vous donnerai pas d'interview ! Ni rien d'autre ! Allez ramasser votre acolyte et arrêtez de me suivre ! Vous vous êtes vraiment prêts à tout pour quelques billets. Vous êtes dégoutants, vos pratiques me dégoutent et vous avez...