Chapitre 47

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La Filante darda son regard dans le ciel sans constellation. Elle prit son envol et disparut en fumée sous mes yeux ébahis.

Je me retrouvais, seul, debout dans la barque. Celle-ci tanguait légèrement, mais je restais ferme, mes deux mains appuyées sur les hanches. J'observai le panorama, affligé. Des milliers d'interrogations jaillissaient de partout dans mon esprit: que vais-je lui dire? Va-t-elle m'écouter? Comment vais-je l'arrêter?

Je devais cesser de me torturer ainsi et agir! L'attente n'engendrerait que de plus grandes catastrophes. Mais c'était si dur d'ignorer que l'avenir était incertain.

J'outrepassai la large bordure de bois de la pirogue pour retrouver le sol dur qui entourait le portail. Ce dernier était là, mais je ne le voyais pas. Il était comme tout Okelam, transparent.

Je pris une grande inspiration et commençai à penser à ma destination. Le Conseil Universel. Il n'avait aucun doute qu'elle s'y trouvait encore. Pourquoi aurait-elle quitté un navire si sécuritaire?

Je visualisai les rideaux immondes, l'odeur âcre du bois, le chandelier qui pendait nonchalamment au plafond.

Bientôt, des démangeaisons assaillirent ma nuque. Ils se propagèrent à la vitesse d'une éclaire à travers mes veines. Les ténèbres envahirent soudainement mes pupilles. Le sol fut dissous sous mes pieds et je flottai dans le néant durant quelques secondes avant de me retrouver à nouveau sur la terre ferme.

Mes yeux captèrent le verdâtre des draperies qui recouvraient les murs. J'avais réussi. Un sourire de satisfaction éclaira mon visage.

Je repoussai d'une main le rideau qui camouflait la porte. La poignée glacée tourna sous la force de mes doigts.

Mes pieds franchirent l'ouverture.

J'aurais tant aimé rester de l'autre côté, de l'innocence baignait toujours dans l'air là-bas. Car devant moi, tout près des larges fenêtres donnant vue sur la voie lactée, se trouvait un corps. Inerte. Sans vie. Mort.

Je m'approchai.

Mon cœur s'arrêta. Mes yeux s'agrandirent de torpeur. Des larmes de colère emplirent mes globes oculaires. Mon estomac se contracta. Mon souffle se coupa. La bile envahit ma gorge desséchée.

Ma mère était étendue sur le sol carrelé. Ses cheveux en éventail encadraient son visage blafard. Ses lèvres bleuies étaient figées dans un rictus mauvais. Dans sa main, elle tenait un bout de papier. Naturellement, elle avait laissé une note.

J'avançai difficilement. Une main apposée sur ma bouche, les yeux mi-clos, j'extirpai la lettre de ses doigts glacés.

Des larmes brouillaient ma vue, faisant valser l'alphabet sur le papier. Je les essuyai d'un geste rageur.

-Qu'est-ce que tu as encore fait maman? demandai-je en vain dans un souffle.

Emmanuel. Mon cher Emmanuel. Je n'ai pas été capable. Je ne pouvais. Je ne pouvais tout simplement pas.

Tu ne mérites pas d'avoir une mère comme moi. J'ai toujours agi avec égoïsme, préférant te garder près de moi. Et lorsqu'ils ont décidé de m'éloigner de toi, j'ai mal réagi. J'en ai voulu terriblement aux Étoiles. À mon avis, ils étaient les responsables.

Je n'aurai jamais dû accepter de travailler avec nos rivaux, les elfes. Ce fut le commencement de la fin. Ils me tenaient à la gorge. Je ne pouvais plus rien faire pour m'en sortir. Il connaissait mon point faible : toi.

Je voulais, je veux, tout recommencer à zéro. Tous les faire disparaître.

Le monde, le vrai, celui composé de gens ordinaires, sans pouvoir, celui-là va pouvoir revivre.

Je sais que tu n'es pas d'accord avec mon choix. Je ne l'aurais jamais été non plus. Je suis peut-être un peu tombé sur la tête. L'éloquence. N'utilise pas ce don. Il est dangereux. Plus tu l'utilises, plus tu te sens puissant, invincible. Mais personne ne peut l'être. Tout doit se terminer un jour.

Je sais...je ne suis pas concise, ce que je dis n'a probablement ni queue ni tête. J'ai si mal au crâne... Je t'écris sur le rebord des fenêtres. Tu sais, celles où toutes ses étoiles brillent. Tu aimais tant les regarder. J'aurais dû les examiner auparavant, peut-être qu'à leurs vues, j'aurai changé d'avis.

J'ai si mal. Les mots se brouillent devant moi. Le papier tremble... ou plutôt mes mains ne cessent de bouger. J'ai utilisé trop force. Les dernières qui me restent sont en train de me quitter. Je le sais. C'est la fin.

S'il te plaît, reste en vie. Combat mon éloquence. Ne deviens pas comme moi. Ne fait pas de choix que tu vas regretter.

La lettre tomba de mes mains. Elle glissa sur le plancher carrelé, comme si elle n'était qu'une simple feuille de papier. Elle était plus que ça.

Elle était un avertissement.

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BIM!

J'ai grave besoin de savoir si j'ai réussi à transcrire des émotions logiques à Emmanuel. N'ayant jamais vu ma mère morte devant mes yeux, je ne savais pas trop comment décrire la scène. S'il vous plaît, si vous avez quelques choses de constructif à me dire, dites-le-moiiii!

Je sais que cette fin peut laisser perplexe, mais la suite devrait vous éclairer. La ledit suite devrai arriver pas avant la semaine prochaine. Pourquoi siii loin? Car j'aimerai sortir le dernier chapitre et l'épilogue en même temps, histoire de ne pas recevoir de menace entre-temps... bref vous comprendrez la semaine prochaine : P

Tourlou!

La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant