Chapitre 48

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Ma respiration sifflante résonnait dans le couloir vide et mon cœur cognait dans ma poitrine à un rythme déchaîné. Ce qu'elle avait écrit d'une écriture brouillée retentissait toujours dans mon esprit.

La soif du pouvoir l'avait submergé. Elle n'était plus tout à fait elle-même. J'aurais aimé voir les signes de son déséquilibre plus tôt. Pourquoi ne l'avais-je pas remarqué? Pourquoi?

Mes pupilles glissèrent sur son corps inanimé. Un spasme parcourut mon estomac. Je déposai mes mains sur mon abdomen, espérant ainsi arrêter le haut-le-cœur qui assaillait mes organes.

Je détournai le regard, je préférais fixer le néant plutôt que de voir encore ma mère dans cet état. Pourtant, je ne me résignais pas à la quitter, je ne pouvais pas l'abandonner dans un tel moment.

Toutes mes pensées s'entrechoquaient entre elles, créant un véritable tsunami entre mes tempes. Des larmes s'écoulaient abondamment de mes globes oculaires. Je n'avais que faire de les chasser de ma peau. Ma mère m'avait quitté. Ma mère...

Aussi soudaine que la brise en été, une pointe de colère naquit dans le raz-de-marée de mon esprit.

Pourquoi a-t-elle agi ainsi? Elle aurait très bien pu me prévenir que cela n'allait pas. Pourquoi tous ses secrets sur son état mental? Et ses mensonges racontés au fil des jours? Pourquoi? Je n'arrivai pas à croire qu'elle ait fait ça. Et tout ce qu'elle m'a laissé, c'est cette maudite lettre! Je fulminai ma colère en faisant les cent pas. Le bruit de mes chaussures retentissait lugubrement sur le carrelage.

Je ne pouvais définitivement pas rester inactif. Abigaël avait envoyé une vague de destruction et celle-ci ne cessera pas toute seule, pas avant d'avoir exterminé la moitié de l'humanité. Il fallait qu'elle s'arrête. Que je l'arrête.

Je ne voulais pas devenir comme elle, esclave du pouvoir, mais je devais agir, faire fi de son avertissement. L'éloquence est, à mon avis, ma seule chance d'arriver à mes fins. Si je veux que tout se termine, je vais devoir m'introduire dans l'esprit des antagonistes. La guerre va prendre fin ici et maintenant.

Malgré ma bonne volonté, je n'avais aucune idée comment fonctionnait ce don. La seule fois où mon éloquence s'était déclenchée, une catastrophe avait été évitée de justesse. Dans ce cas-ci, la catastrophe a déjà lieu, je ne pourrais pas l'empirer, si?

Je chassai cette pensée négative de mon esprit et pris une grande inspiration, laissant l'air aseptisé pénétré dans mes poumons. Je libérai le souffle dans un râle. Je répétais l'expérience jusqu'à ce que tout mon être soit détendu. Mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes. Je cherchais quelque chose à l'intérieur de moi, quelque chose qui m'aiderait à provoquer mon éloquence. Malgré cela, la seule chose qui jaillissait était le regard sans étincelle de vie d'Abigaël. La colère céda de nouveau à la tristesse. Mes pupilles s'emplirent d'eau salée. Certaines larmes roulèrent le long de ma joue, mourant près de la commissure de mes lèvres.

-Bon maintenant ça suffit, me réprimandais-je en reniflant. Tu peux y arriver. Concentre-toi.

À l'énième expiration, je flanchai et criai ma rage au monde entier. Pourquoi je n'étais pas capable de faire fonctionner se foutue don! Il en allait de la vie de plusieurs milliers de personnes!

Libère ton esprit petit.

Je frissonnai au son de la voix, cette dernière avait retenti dans mon esprit. Je rouvris les yeux, de l'autre côté des larges baies vitrées se trouvait une filante. Son corps tout entier se dissimulait derrière les nombreuses étoiles de la voie lactée.

-Je n'y arriverai pas...

Pas avec ma mère à mes côtés, continuais-je pour moi-même.

La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant