Épilogue

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Un rire cristallin vrilla à mes oreilles comme le doux son d'un carillon. Je sentais le soleil effleurer tendrement mon visage. La brise véhiculait une odeur alléchante et le bruit d'un torrent se faisait entendre au loin.

J'étirai mes muscles endoloris, j'avais l'impression d'avoir dormi durant des heures. La couche sur laquelle j'étais étendue n'était guère confortable et elle ballottait au gré du vent.

Comment avais-je fait pour retrouver ici? Je me souviens de m'être évanouis, d'avoir eu si mal au crâne que j'aurais même accepté de m'en séparer. Les dernières paroles de la filante résonnaient encore : ''Ne te laisse pas contrôler par le pouvoir comme ta mère, petit.'' J'avais agi avec arrogance, pensant que j'étais au-dessus de cet avertissement. Résultat, il a fallu de peu que je trépasse. La mort m'avait frôlé de près. De très près. J'ai senti son râle putride jusque dans mon sommeil.

Des souvenirs flous continuaient également d'assaillir mon esprit : mort, guerre, malheur. Rien de joyeux, alors pourquoi je ne cessais d'entendre un rire résonner à mes oreilles?

J'entrouvris les paupières, la luminosité agressa ma rétine, mais le panorama qui s'offrait à moi, m'obligea à garder les yeux ouverts. Une magnifique chute s'écoulait à une vingtaine de mètres du hamac où je m'étais assoupi. Ses cascades d'eau translucides culbutaient entre des rochers argentés recouverts de mousse verdâtre. À ses pieds, elles s'élargissaient en un vaste bassin.

Non loin de là, une petite cabane peinte à la chaux siégeait. Des arbustes au vert tendre l'entouraient ainsi que des fleurs sauvages aux mille couleurs. Je n'avais pas besoin d'un atlas pour savoir où je me trouvais, je ressentais l'énergie de la Terre m'entourer.

Les immenses baies vitrées de la maisonnette étaient ouvertes sur l'extérieur, je pouvais donc sans difficulté y apercevoir les gens qui l'habitaient.

Un frisson parcourut mon échine lorsque je reconnus Alésanne. Son corps fin était recouvert d'une jolie robe blanche comme la neige. Ses pommettes rosées étaient rehaussées par le sourire qui illuminait son visage. Un fugace souvenir vrilla entre mes tempes, je la voyais se battre avec acharnement contre un adversaire puissant. J'avais tellement eu peur de la perdre, elle et tant d'autres.

Alésanne était en grande discussion avec une dame dont l'ossature frêle me rappelait quelqu'un. Lorsqu'elle pivota vers la fenêtre, je la reconnus instantanément.

-Grand-mère? croassai-je d'une voix éraillée.

Les deux pivotèrent vers moi, elles m'avaient de toute évidence entendue. Leurs yeux s'agrandirent sous la surprise.

-Emmanuel! s'écria Ally.

Elle disparut de mon champ de vision quelques secondes, j'en profitai pour m'extirper du hamac. Ce dernier était fait dans un matériau semblable à un filet de pêche. Mon corps hypothéqué était recouvert d'une bonne vieille paire de bermudas et d'un simple t-shirt.

Alésanne jailli de la porte d'entrée pile au moment où mes pieds touchèrent le sol terreux.

Elle vint m'enlacer fermement. La chaleur de son corps vint réchauffer le mien. Une odeur de vanille se dégageait de ses courts cheveux bruns.

-Je peux savoir ce qui s'est passé, commençais-je à bégayer dans son oreille ... j'étais au conseil...y'avais ma mère... et le noir...

-Tu nous as sauvés Emmanuel. Tu nous as tous sauvés.

Je soupirai de soulagement, l'entendre de sa bouche me réconforta énormément.

Elle quitta notre étreinte sans toutefois s'éloigner de moi. Maintenant que je l'ai vu de plus près, je pouvais percevoir son teint blafard, les cernes en dessous de ses yeux.

-Est-ce que ça va? m'inquiétais-je

J'effleurai de ma main ses épaules dénudées.

-Elle n'a pas réussi à trouver le sommeil sachant que notre incompétent de service ne se réveillerait peut-être pas.

Je pivotai, Tammy était accoudée sur le mur extérieur de la maison, un atèle couvrant son bras. Elle me fit un clin d'œil joueur. À ses côtés, Liam tentait de rester debout malgré le plâtre qui emprisonnait sa jambe droite, de la fierté pouvait se lire dans ses traits. Cadfaël arriva précipitamment de derrière la maison et offrit son bras comme appuis et le soldat l'accepta. Tous mes amis étaient là. Un baume recouvra mon cœur.

-J'aurais pu ne pas réveiller? demandais-je surpris à Alésanne.

-C'était une possibilité. Tu dois la vie aux filantes, sans elles...sa voix cassa. Bref, n'oublie pas de les remercier si tu les recroises un jour.

Je m'approchai d'elle et vins à mon tour l'enlacer.

-Je suis désolé, chuchotais-je à son oreille, je n'ai pas été prudent.

-Tu es tout pardonné, mais par pitié, ne recommence pas.

-Je te le promets.

J'approchai mes lèvres des siennes et vins l'embrasser tendrement. Des moqueries s'élevèrent derrière nous. Je les ignorai, préférant profité des douces lèvres d'Alésanne. Un raclement de gorge discret mit toutefois fin à notre embrassade. Je me retournai et croisai le regard espiègle de ma grand-mère. Un sourire en coin étira ses lèvres.

-Alors comme ça, mon loup a sauvé l'Univers.

Je me jetai dans ses bras, elle m'avait tant manqué. Néanmoins, sa voix, son sourire, ses yeux, tout me rappelait ma défunte mère et les circonstances de son décès.

-Je... je suis désolé pour maman. J'aurai tant voulu l'aider, je te le jure, mais...

Elle chassa mes paroles d'un geste de la main.

-Je ne t'en veux pas le moindre du monde. Elle a fait ses choix. Sache que je suis immensément fière des tiens... Maintenant, parle-moi de tous ces mondes. Est-ce aussi magnifique que je le pense?

-Plus encore.

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Je vous invite à aller lire la partie suivante (les remerciements)

Merciiiiii

La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant