Prologue

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— Maman! Maman, reviens!

Un jeune garçon se tenait dans l'embrasure d'une porte et regardait sa mère quitter la maison. Ses yeux azurés étaient brouillés par les larmes, plusieurs d'entre elles glissaient d'ailleurs sur ses joues rebondies. Sa mère, presque aussi triste que lui, ne se retourna qu'à la dernière seconde et lui dit qu'elle l'aimait d'un amour si puissant que le quitter lui brisait le cœur, mais qu'elle n'avait pas le choix : elle devait partir. Elle jeta un dernier regard à son fils bien-aimé et reprit sa course. Quand elle eut complètement disparu dans la forêt, le petit laissa aller ses pleurs, ce qui emplit l'air d'une profonde tristesse.

Épuisé d'avoir tant pleuré, l'enfant s'endormit, et un rêve vint remplacer sa triste réalité.

Il était assis au milieu d'une clairière sombre et froide, où trônait un rocher qui dégageait la même hostilité. Au loin retentissaient les sinistres croassements des corbeaux ainsi que des bruits de pas qui se rapprochaient à une vitesse vertigineuse. Pendant d'interminables minutes rien ne se passa, jusqu'à ce qu'une fillette apparaisse devant ses yeux ébahis. Celle-ci avait de courts cheveux bruns, des yeux orangés, et un air innocent était dessiné sur son visage. L'enfant remarqua qu'un poignard était suspendu à la taille de la petite fille. Cette dernière vint se placer face à lui et le gratifia d'un sourire qui découvrit ainsi deux rangées de dents blanches et bien droites.

— Je suis désolée de te déranger pendant ton sommeil, lui dit-elle, mais je dois te transmettre un message de ta mère.

Oubliant à l'instant ses craintes, l'enfant répondit d'une voix qui frôlait l'hystérie :

— De ma maman?

La jeune fille fut déconcertée quelques secondes mais elle se ressaisit :

— Elle m'a demandé de te donner ceci, dit-elle en lui tendant une vieille enveloppe abîmée. Voilà. Je suis désolée de ne pouvoir rester, mais je suis trop faible pour continuer la transmission. Au revoir Emmanuel, nous nous reverrons quand l'heure sera venue.

La clairière s'éclaira soudain, comme si le soleil venait de se lever et qu'il avait décidé de concentrer tous ses rayons sur cette parcelle de terrain. Et puis, tout d'un coup, l'obscurité tomba et le petit s'évanouit.

À son réveil, le garçon retrouva dans sa main l'enveloppe. Il 'ouvrit et glissa son contenu dans sa paume : une simple lettre.

Emmanuel, si tu lis cette lettre, c'est que je suis repartie vers les étoiles. Un jour quand tu seras assez grand, tu devras venir me rejoindre, mais pour l'instant, reste où tu es et ne cherche pas à comprendre, c'est bien trop compliqué pour toi, mon amour. Je ne peux t'en dire plus pour l'instant, cependant, sache que je t'aime énormément.

Maman.

L'enfant ne garda aucun souvenir de cette soirée.


La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant