Chapitre 42

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J'étais assis sur un fauteuil de cuir noir. Sa réplique identique était utilisée par Alésanne à mes côtés. Cette dernière avait déposé ses fines mains sur ses genoux, je pouvais voir les muscles de ses bras se tendre à chacune de ses respirations. Elle était nerveuse, je pense même qu'elle l'était plus que moi, car malgré un tiraillement au niveau de mon ventre, je ne ressentais plus aucune agitation. Le calme s'était imposée dans mon esprit.

Un simple bureau en bois franc me séparait de ma mère, il était bien ordonné, tout comme le reste de la pièce. Rien ne semblait déplacé, comme si elle n'y travaillait pas vraiment, que tout n'était qu'un leurre.

Ses doigts tapotaient nerveusement la surface rugueuse de son bureau et ses yeux ne cessaient de faire l'aller-retour entre Alésanne et moi. D'énormes cernes bordaient d'ailleurs ses globes oculaires. Elle était épuisée, à bout de souffle.

Un raclement de gorge venant d'Ally m'expulsa du fil de mes pensées. Je m'étais égaré trop longtemps, il fallait que je mette les choses aux clairs et le temps nous étaient comptés.

-Alors... maman? Tu n'aurais pas quelque chose à me dire?

Depuis qu'elle nous avait retrouvé dans le corridor, aucun autre son ne s'était échappé de sa bouche. Seul un sourire contrarié étirait ses lèvres.

-Ce n'est pas ce que tu crois, fini-t-elle par dire après plusieurs secondes.

Mes yeux levèrent au ciel.

-Et qu'est-ce que je dois croire? demandais-je agacé.

-Je n'avais pas le choix, tu comprends?

Je pris une grande inspiration et expulsai l'air accumulé dans mes poumons d'un coup. Une pointe de rage naquit. Comment osait-elle dire ça?

-Non je ne comprends pas et je ne comprendrais jamais. On a toujours le choix, m'emportais-je.

La main droite d'Alésanne vint se poser délicatement sur mon avant-bras. Je savais ce que ce geste voulait dire : je devais me calmer, ma colère ne ferait qu'engendrer un conflit plus grand encore.

-Je veux savoir pourquoi tu fais ça, recommençais-je cette fois-ci plus sereinement. Et s'il te plaît, ne me ment pas.

Un masque de tristesse glissa sur ses traits.

-C'est pour toi, mon amour, les elfes te tenaient en otages et ils allaient te tuer si je refusais de les aider. Comment voulais-tu que je refuse? Je ne savais pas qu'Ally viendrait te sauver. Je ne savais pas...

J'alignais les pièces de puzzle manquant dans mon esprit. Le plan. Les acolytes de Roam avaient mentionné un plan, c'était peut-être ça... J'étais donc la cause de tout ce problème? Je secouai la tête, chassant cette pensée aussitôt de mon esprit. Je n'étais responsable de rien, elle, seule, choisissait ses actions.

-Pourquoi avoir continué de travailler avec eux si tu me savais en sécurité? Pourquoi n'as-tu pas tout arrêté?

-Je ne peux pas... je-je ne veux pas.

Elle avait baissé les yeux, fuyant mon regard interrogateur. Je me tournai vers Ally, cette dernière haussa les épaules d'incompréhension. Cette discussion prenait une tournure inattendue.

-Tu sais que plusieurs personnes souffrent de ça, pas vrai? demandais-je en brisant le silence. L'attaque du village a fait des centaines de morts, tous des innocents.

J'avais l'impression de raisonner un tout petit enfant. Comment pouvait-elle ignorer tous ses enjeux?

-Leurs sacrifices en vaut la peine, dit-elle en relevant la tête.

La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant