Chapitre 45

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Ses yeux exorbités nous observaient tour à tour. Ses traits, durs, se contractaient à chacune de ses respirations. Dans sa barbe, il ne cessait de psalmodier d'autres paroles quasi inaudibles.

Dans mon esprit, son cri de guerre résonnait encore. Mort aux Étoiles. L'adrénaline engorgeait mes veines, obstruant mon âme d'énergie contradictoire. J'avais envie de lui sauter à la gorge pour avoir fait du mal à des innocents et d'un autre côté j'avais envie de m'effondrer en larmes.

-PAL! Qu'est-ce que tu fais? Tu me fais peur là, cria Tammy à l'épéiste.

Son ton urgent me ramena à la réalité. Nous faisions tous face à l'ennemie. Plusieurs tables nous séparaient de lui, mais rien n'empêchait son aura dévastatrice de nous perturber. Je sentais que nous étions tous aussi affolé l'un que l'autre. Rien de tout cela ne devait arriver.

-JE TE FAIS PEUR? hurla-t-il. Tammy, on a toujours voulu avoir la paix non? C'est juste en les exterminant que l'on va réussir. Eux et les elfes aussi.

-Mais...

Je n'entendis pas ce que Liam répliqua, car les lèvres d'Alésanne effleurèrent mon oreille, détournant ainsi mon attention.

-C'est l'Étoile de Okelam, chuchota-t-elle. Prends ton poignard, mais reste en retrait. Ok?

-Je les pas...

-Emmanuel! Il faut toujours que tu l'aies sur toi, je pensais avoir été clair.

-Je suis désolé.

Elle soupira en se pinçant l'arête du nez avec deux de ses doigts. Elle réfléchissait.

-Va dans les cuisines. Si ça dégénère, sauve-toi par la porte de derrière. Compris?

Je hochai la tête. Tout se déroulait rapidement que je n'ai même pas pensé à refuser.

-Ne fais pas de bêtise Em, okay? Je... Je t'aime bien, je n'ai pas envie de te voir disparaître.

Je traversai l'infime distance qui me séparait encore de son corps et vint l'enlacer. Mes lèvres effleurèrent les siennes dans un furtif baiser d'adieu.

Elle me repoussa lentement. Je ne tentais même pas de résister, le chaos avait pris possession de mes flux nerveux.

J'entendis sa lame glisser en dehors de son fourreau. Alésanne faisait face à un adversaire rigoureux, mentalement instable et elle était la seule à avoir une arme.

Pourquoi je n'ai pas apporté cette foutue arme? me sermonnais-je.

Mes pas se dirigèrent vers la cuisine. La porte claqua en se refermant. Les cuistots s'étaient tout échappés, la pièce était vide. J'adossai mon corps contre la vitre froide du mur le plus près. Je soufflai tout l'air de mes poumons. Mes mains tremblaient. La peur me rongeait les intestins. Mon cœur s'agitait avec force dans ma poitrine. Comment tout ça pouvait être possible? Il est une Étoile, merde, il ne peut pas vouloir tuer ses semblables, n'est-ce pas?

Je me détournai les yeux vers la pièce principale. Alésanne parait habilement les coups d'épée de Pal. Mais est-ce que cela allait durer? Personne ne pouvait lire l'avenir.

Liam et Tammy tentaient de déconcentrer en lui lançant tout ce qui leur tombait sous la main : chaise, assiette, morceau de vitre. Chaque fois qu'un objet passait près de l'effleurer, il déviait momentanément de son sillon. Comme-ci... comme-ci il était télékinésie. Cet homme était une Étoile après tout... il avait des pouvoirs.

Grmpf...mes pouvoirs ne me servaient à rien, je n'étais même pas assez bien pour eux pour participer à cette bataille. Je devrai rester là, les bras ballants, à les regarder se battre pour leur vie.

Il fallait que je fasse quelque chose. Je contournai le comptoir dans l'espoir utopique de trouver une arme, lorsque mes yeux butèrent sur une forme recroquevillée sur le sol carrelé.

-Satine!

Elle camoufla un cri de surprise en apposant sa main sur sa bouche. Ses yeux bouffis par les larmes me regardaient horrifiés.

-Ça va aller, continuais-je en m'agenouillant près d'elle. Tout va bien aller.

Quelques secondes passèrent avant qu'elle ne se ressaisisse. Ses joues barbouillées de larmes répriment une couleur plus saine.

-Mais Pal! Qu'est-ce qui s'est passé! Il ne peut pas être comme ça! Il doit nous protéger. Il doit lui être arrivé quelque chose, déboula-t-elle rapidement en omettant de reprendre son souffle.

Vous devez savoir que, lorsque l'on se retrouve face à une situation de choc, nos pensées peuvent aller dans tous les sens. Parfois, les solutions les plus évidentes peuvent être balayées rapidement par d'autres... Ce fut mon cas. Mais grâce à Satine, je revins à la réalité. Oui, je pouvais les aider. Je devais attraper celle qui a causé tous ses problèmes. Ma mère.

Qui d'autre pouvait obliger un Gardien tel que Pal à tuer ses semblables, des amis qui plus est? Qui d'autre pouvait agir de façon si égoïste, seulement parce qu'ELLE voulait que tout s'arrête? Qui d'autre...

Je me retournai et fixai la porte de sortie. Elle était translucide, comme tout le reste. Mais de l'autre côté un nouveau futur s'offrait à moi. Il n'était ni lumineux ni obscur. Juste impalpable, incertain. Si je franchissais cette porte et allais affronter ma mère, tout allait changer.

Sans un regard en arrière j'agrippai la poignée et sortis.

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Oui je sais, ce chapitre est court. J'aurais tellement voulu le faire plus long, approfondir le contexte, les pensées d'Emmanuel, tout. Mais je n'y arrive pas. C'est comme si mon cerveau a décidé de ne plus coopérer et ça m'enrage à un tel point là! RAAAAAH! Bref!

J'espère que se chapitre vous aura tout de même plu, la suite arrive la semaine prochaine.

La nostalgie des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant