Chapitre 4 (Partie 2)

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Le soleil venait d'émettre ses derniers rayons lorsque Alésanne décida de s'arrêter pour une pause. Nous avions marché dans le silence absolu pendant des heures jusqu'à ce que finalement le dernier pic de la chaîne de montagnes soit loin derrière nous, laissant place à une plaine d'un blanc incandescent.

-Nous allons nous enfoncer dans la forêt pour ensuite nous arrêter pour la nuit. C'est bon pour toi?

J'étais si épuisé que lui répondre ne me disait rien, je hochai donc la tête en signe d'approbation.

C'est dans la pénombre ombrageuse que nous pénétrâmes dans la forêt qui, jusqu'ici, m'avait semblé impénétrable. Pourtant, maintenant que nous étions en son cœur, je voyais un long chemin sillonner discrètement entre les racines des arbres.

Nous n'avions pas fait cent mètres qu'Alésanne s'arrêta soudainement. Elle m'intima d'un geste brusque de faire de même et d'écouter.

Je concentrai toutes mes forces restantes pour essayer de percer ledit bruit. Rien. Je n'entendais rien. Je fermai mes yeux céruléens quelques secondes, espérant ainsi décupler mon ouïe. Grossière erreur.

Aussi soudain que terrorisant, une main glacée vint se poser durement sur ma bouche, me coupant net la respiration. Je rouvris mes yeux avec stupeur, regardant frénétiquement partout où pouvaient se poser mes pupilles à la recherche d'Alésanne. Elle n'était plus devant moi. Mais où elle était donc passée ? Elle y était encore avant que je ferme les yeux.

-Un seul son et je te tue, c'est clair ? dit l'étrangère d'une voix sèche.

Mon rythme cardiaque s'intensifia, j'étais déjà terrifié à l'idée de mourir tout simplement, mais là dans cet univers qui n'est pas le mien, c'est encore pire. Si je meurs ici ma grand-mère ne le saura jamais. Juste l'imaginer toute seule à la maison me provoqua un pincement au cœur. Comment j'avais fait pour l'abandonner comme ça, sans rien dire ? Ok elle était au courant de cette histoire d'Étoile sinon elle ne m'aurait pas envoyé avec Alésanne, mais tout de même j'aurais dû lui dire au revoir. Je m'en veux terriblement. Et Alésanne qui avait disparu... Peut-être qu'ils l'avaient prise elle aussi... Une chose est sûre, je ne m'en sortirais jamais seul, surtout pas ici, dans un monde où je n'y connais fichtrement rien.

Un faible bruissement parvint jusqu'à mes oreilles, me sortant de ma crise de panique. Il semblait provenir de derrière mon agresseur et moi. Malheureusement, je ne pouvais pas me retourner pour voir de quoi il en retournait puisque l'étrangère me tenait toujours aussi solidement.

-Tammy lâche-le tout de suite ! dit Alésanne.

Aussitôt que ces paroles fusèrent, je sentis la pression m'entourant s'envoler. Je soupirai de soulagement. J'étais sauvé.

Je me retournai pour remercier d'un regard ma libératrice et pour ainsi avoir également l'occasion de découvrir à quoi ressemblait mon assaillante. Je restai bouche bée devant celle-ci. Elle avait un corps fin mais musclé et une longue tignasse écarlate encadrait son visage délicat. Si cela n'avait pas été de sa pigmentation, elle aurait eu l'air Humaine. Puisque, oui, elle avait littéralement la peau dorée. J'ai dû m'arracher de ma contemplation lorsque celle-ci se mit à parler.

-Ally! Je suis vraiment désolé, je n'avais aucune idée que c'était vous, dit-elle. Je ne vous attendais pas avant quelques jours et voilà que des bruits de pas se font entendre. Je ne voulais pas que ces sales Turquaziens découvrent notre camp. Et ces jours-ci, ils grouillent de partout.

Les deux filles se regardaient en chien de faïence, l'une d'elles transparaissait la désolation et l'autre la colère. J'étais content de ne pas m'en être mêlé, je n'aurais pas aimé me retrouver entre ces deux-là !

-Dépêchons-nous de rentrer au camp pour élaborer notre plan. On reparlera de cet incident plus tard, dit finalement Alésanne sévèrement.

Elle partit devant et comme j'allai la suivre, Tammy vint m'accoster en posant sa main sur mon épaule.

-Je m'excuse pour la façon dont je t'ai traité, puisses-tu me pardonner.

J'allais lui répondre que ce n'était qu'un malentendu lorsque, au loin, Alésanne se manifesta.

-Allez on ne traine pas, à moins que vous préfériez dormir dans ses bois.

Nous reprîmes donc notre marche en silence. Bientôt les espaces entre les arbres s'éclaircirent laissant dévoiler une trouée où surplombait une petite maisonnette en bois rond. Toute simple, elle ne disposait que d'une seule fenêtre dont un des carreaux était fissuré. Je pénétrai par la porte avec les autres devant moi.

À l'intérieur, je distinguai rapidement un lit de fortune ainsi que quelques modestes meubles. Mais depuis que mes yeux avaient croisé le matelas de paille, je n'avais qu'une idée en tête, dormir. La journée avait été longue et remplie d'actions, ce qui m'avait particulièrement épuisé.

J'eus un mouvement de surprise lorsqu'au fond de la pièce, une ombre bougea. Je devais vraiment être éreinté pour ne pas avoir réalisé plus tôt que nous n'étions pas seuls. Un homme y était lui aussi, il était âgé d'une trentaine d'années, grand, musclé, d'apparence humaine. Il avait le pédigree d'un gars de l'armée. Peut-être qu'il était là pour nous protéger lors de la mission ? Peut-être qu'il était le chef ? Je n'allais pas tarder à le savoir.

-Bonsoir Liam !  s'exclama Alésanne tout en allant serrer chaleureusement le nouveau venu dans ses bras.

Une fois leur accolade achevée, elle me fixa avec ses gros yeux. Elle toussota légèrement en m'indiquant avec des gestes pratiquement incompréhensibles le fait qu'il fallait que je me présente à l'homme. J'avais compris dès le début, mais je n'avais jamais été très à l'aise avec des inconnues.

-Bonjour, moi c'est Emmanuel, dis-je en présentant ma main à Liam, mais celui-ci en décida autrement et me serra dans ses bras.

-Je suis content de te savoir enfin parmi nous, me dit-il à l'oreille.

Ne sachant pas quoi répondre exactement, je répondis un ''moi aussi'' mal assuré. Puis après ce qu'il me semblait être une éternité, l'homme desserra son étreinte et se tourna vers Alésanne.

-Alors, Ally, as-tu un plan pour la suite?

-Oui, commença-t-elle d'un ton sérieux, pour débuter nous allons aller au bureau du Gardien, il se trouve au prochain village au nord. Bien sûr, nous n'allons pas le trouver là, ce serait trop facile, mais peut-être que nous pourrions dénicher quelques indices sur la raison qui l'a entraîné à déserter son poste. Et il y a quelques témoins à travers la contrée disant l'avoir aperçu.

Au moins la mission que ma mère nous avait octroyée ne semblait pas si difficile.

-Ok sait un bon départ, dit Liam. Nous allons partir à l'aurore demain matin. Maintenant allez-vous reposer, vous en avez besoin.

Je ne me fis pas prier et sautai tout de suite sur la couchette. Je fermai les yeux et m'endormis.

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Et voilà la suite!

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