Jessie Brooks : la vie d'une lycéenne

Chapitre 16.

Sur le terrain de basketball du lycée de Fairview, après les vacances de Noël, les fanfares de chaque lycée s'affrontaient dans un brouhaha vertigineux, attendant les joueurs. Les Pom-pom-girls de notre école, dont Mona faisait partie, enchaînaient des danses en solo avant de s'appliquaient dans une chorégraphie. Puis, lorsque l'équipe de notre lycée pénétra sur le terrain, le vacarme redoubla d'intensité, porté par un public divisé en deux camps. J'étais installée sur les gradins en compagnie de Noémie et d'autres filles pour suivre le match de Thomas. Antonin, Scott et Adam étaient assis juste devant nous. J'eus un sentiment de surprise lorsque l'équipe adverse fit son entrée à son tour sur le terrain. Il s'agissait de l'équipe de mon frère, qui portait un maillot et un short rouges et je l'aperçus entrer avec ses coéquipiers. Corentin allait alors affronter Thomas et je n'étais même pas au courant. Mon frère ne m'avait rien dit. Il ne m'avait pas dit qu'il jouait un match ces jours-ci dans mon lycée. Cette idée me déplaisait, je n'avais aucune envie qu'une des deux équipes perde. Le choix était impossible, je ne pouvais pas choisir entre mon frère et mon petit ami. Un joueur très musclé de l'équipe de mon frère qui portait le numéro dix et le nom de Jordan exécuta une série rapide et intense de pompes au bord du terrain. Un rituel censé effrayer les adversaires, une vieille superstition supposée les protéger du mauvais œil. Ce rituel m'avait frappé puisque lors du match diffusé à la télévision pendant les vacances, aucun joueur n'avait réalisé de pompes avant de commencer à jouer. Certainement parce que Jordan n'avait pas participé au match précédent.

Les joueurs se mirent en place puis l'arbitre siffla le début du match. Au premier quart-temps, le score affichait vingt-deux à quinze. L'équipe de mon petit-ami en tête.

Antonin était un des seuls à vraiment s'intéresser au match. Il hurlait des trucs comme « vas-y Thomas, tu es le meilleur » ou encore « l'équipe de Fairview est la plus forte ». Pendant la mi-temps, alors que l'équipe de Corentin menait vingt à dix-sept au second quart-temps, j'observais le visage des gens dans les tribunes, essayant de repérer ceux qui étaient en couple de ceux qui ne l'étaient pas. À l'instant où je regardai un couple, Rachel m'arracha de mes pensées.

— Je te présente Sam et son petit ami Andrew, me dit-elle.

J'avais reconnu Andrew puisque je l'avais croisé à plusieurs reprises dans les couloirs et devant les casiers. Ils se tenaient tous les deux debout dans l'allée des gradins à côté de notre rangée.

— Je t'ai déjà vu dans les couloirs du bahut, me dit Andrew.

— Oui moi aussi... au fait je m'appelle Jessie, lui répondis-je.

Andrew avait l'air très sympathique tout comme Sam. J'avais comme l'impression qu'ils étaient en terminal tous les deux et que cela ne les dérangeait pas du tout de parler avec quelqu'un de plus jeune qu'eux. Andrew était roux et très séduisant, quant à Sam elle avait les cheveux châtains et des yeux verts très jolis.

— Salut, Jessie, me dit Sam.

— Tu vas bien ? demanda Rachel à Sam.

— Super... je voulais m'excuser de ne pas avoir pu venir à ta soirée du Nouvel An, nous étions partis au ski avec mes parents et tu sais combien le ski est important pour eux, lui avoua Sam.

— Je sais bien, lui répondit Rachel avec un sourire, ne t'en fais pas pour ça.

Tandis que Sam et Rachel continuèrent de discuter, Andrew me demanda :

— Tu as quel âge Jessie ?

— Seize ans, lui répondis-je avec assurance.

— Ah, et tu supportes l'équipe de basket ? me questionna-t-il.