Chapitre 5.

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Monsieur Jackson était le principal du lycée de Fairview. Il avait une légère barbe grise et ses cheveux poivre et sel étaient presque frisés. Il portait un costard noir, mais n'avait pas de cravate. Il frappa dans ses mains pour demander le silence à tous les élèves qui étaient installés dans l'amphithéâtre. À regarder le visage de tous les lycéens, personne n'était heureux d'être ici. Une vingtaine d'adultes étaient assis au fond de la pièce. Je repérai des professeurs que j'avais en cours ainsi que des membres de l'administration que j'avais vus dans le journal. Les autres devaient certainement être aussi des enseignants, des surveillants ou d'autres membres de l'administration.

Je regardai autour de moi en espérant trouver Thomas, mais aucune trace de lui. Il n'était pas avec les terminales. Les portes de l'amphithéâtre se refermèrent. Nous fûmes alors plongés dans une semi-pénombre, seul le proviseur sur la scène était éclairé. Toute l'assemblée se tut à ce moment-là. Monsieur Jackson se munit d'un microphone qu'un autre homme venait de lui installer.

— Bonjour tout le monde, dit enfin M. Jackson.

À cet instant, je remarquai le brouhaha et des rires qui résonnaient au fond de la salle. Quand je me retournai, j'aperçus Thomas Carver se faufiler, et l'homme qui avait installé le micro ferma la porte. Thomas s'assit sur le dernier banc où ses amis étaient déjà placés. Un professeur se leva discrètement et alla le voir, certainement pour comprendre les raisons de son retard.

— Si je vous ai convoqués ici, c'est parce que mon bureau a été cambriolé. Un dossier d'élève a disparu et le réseau de l'établissement a été piraté, ajouta le principal d'un ton sec.

Un sentiment de surprise m'envahit à cet instant. Je ne comprenais pas pourquoi quelqu'un avait pu faire cela dans un lycée, surtout à Fairview.

— Une enquête va être menée par les surveillants de l'établissement, mais aussi par des policiers. Je conseillerais donc au coupable de se dénoncer au plus vite s'il ne veut pas se faire renvoyer du lycée, continua le principal.

Je compris maintenant pourquoi les élèves n'avaient pas l'air satisfaits d'être convoqués par le proviseur.

M. Jackson annonça ce que le ou les coupables pouvaient risquer s'ils ne se dénonçaient pas rapidement. Des professeurs et des membres de l'administration prirent la parole avant que les policiers en uniformes n'entrent dans l'amphithéâtre et parlèrent à leur tour. Ils expliquèrent également ce que le coupable risquait ainsi que la façon dont ils allaient enquêter. Tous les élèves seraient interrogés, un par un, sur plusieurs semaines. Je me retournai vers Thomas et ses amis, ils n'avaient pas le même visage que d'habitude. J'avais l'impression qu'ils stressaient, mais je ne comprenais pas, cela ne leur ressemblait pas.

Le principal arrêta son discours quelques instants plus tard et les élèves furent autorisés à quitter la salle. Je pris mon sac et me dirigeai vers les casiers. Thomas et ses amis étaient là, devant les casiers à bavarder. Je m'approchai d'eux.

— Salut, leur dis-je.

— Salut, me répondit Thomas.

— Écoute, ce n'est pas vraiment le moment pour venir nous voir, me dit Andrea, énerver.

— Bon et bien... je vais y aller, lui dis-je en faisant demi-tour.

— Attends ! m'interpella Thomas.

Je me retournai et je vis bien que je dérangeais Andrea. Elle fit un signe de tête à Thomas en hochant les épaules en guise de « pourquoi ? ».

— C'est bon Andrea, elle ne t'a rien fait et on parlera de tout ça plus tard, me défendit Thomas.

— Aller ! Viens ! me dit Scott, qui était là aussi.

Je retournai auprès d'eux. Andrea ferma son casier qu'elle venait d'ouvrir pour récupérer un livre, fit volte-face et partit un peu plus loin.

— Il ne faut pas faire attention à elle quand elle est comme ça, m'expliqua Rachel.

Je regardai Andrea s'éloigner.

— Qu'est-ce qu'elle a ? demandai-je.

— Elle est énervée par ce que le principal nous a annoncé tout à l'heure, me dit Scott.

— Ah oui ! Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un a pu faire ça, répondis-je, ahurie.

— C'est vrai, dit Rachel avant de se retourner pour mettre des livres dans son casier.

— Je ne comprends pas pourquoi quelqu'un a volé des dossiers, dit Thomas.

— Oui et surtout quels dossiers ont été volés ? s'enquit Rachel.

— De toute façon, la police va bien finir par trouver, ajoutai-je.

Personne ne répondit et la sonnerie retentit quelques instants après. Nous nous séparâmes alors tous pour aller en cours.

Madame Hansen, notre professeure principale, avait l'air également énervée.

— Je ne comprends pas, dit-elle assise à son bureau.

Tout le monde la regardait sans dire un mot.

— Je ne comprends pas quel est cet idiot qui a pu faire une telle chose, ajouta-t-elle.

Personne ne réagit.

— Et pourquoi ce proviseur autoriserait le coupable à rester dans le lycée même s'il se dénonce au plus vite ? continua-t-elle, sur un ton de colère.

— Et si c'est tout simplement pour donner envie au responsable de se dénoncer rapidement, mais qu'il va le renvoyer quand même, répondit un élève aux cheveux mi-longs.

— N'importe quoi et de toute façon il ne se dénoncera pas tout de suite, s'exclama un second lycéen.

— Du calme, du calme, ordonna Mme Hansen.

— Comment tu peux en être sûr ? demanda le premier garçon qui venait de parler.

— Ça me paraît évident tu vois ! répondit l'autre élève.

Notre professeure se leva de son siège et se dirigea vers le garçon aux cheveux mi-longs.

— Quel est ton nom déjà ? questionna notre professeur.

— Josh... Josh Finnigan, madame.

— Écoute-moi bien, dis notre enseignant d'un ton fort, on ne répond pas comme ça à ses camarades dans mon cours, est-ce clair ?

— Oui !

Madame Hansen se retourna et fixa l'autre garçon.

— Et bien cher..., commença-t-elle.

— Samuel Nolan, coupa le lycéen.

— Très bien et bien, sache qu'il est interdit de prendre la parole sans ma permission, tu lèves la main.

Je ne comprenais pas. D'accord qu'elle était énervée, mais qu'elle s'en prenait aux élèves comme ça, c'était la première fois qu'elle le faisait. En tout cas, c'était la première fois que je la voyais se mettre dans cet état.

— Bon et bien... ouvrez vos livres page 394, ajouta-t-elle en avançant jusqu'à son bureau.

Madame Hansen était notre professeure principale, mais elle était également notre professeur de français. Il s'agissait d'une enseignante bornée, aux cheveux courts et frisés qui ne rigolait que d'elle-même. Je restai discrète tout au long du cours, puisque je ne souhaitai pas me faire remarquer comme avec M. Warner.

Toute la journée,j'entendis parler dans les couloirs d'une seule chose : ce pour quoi nousavions tous été convoqués par le principal. Même le soir dans notre chambre,Anna essaya de mener son enquête pour découvrir qui avait bien pu voler desdossiers et pirater le réseau. La plupart du temps elle inventait, puisqu'ellen'avait pas de preuve. Mais je ne faisais pas attention à ce qu'elle disait,comme toujours.    

Jessie Brooks : la vie d'une lycéenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant