Je me retrouve habillée d'une brassière où des perles et du tissus bleus nuits transparents pendent sur mon ventre ouvert. Ma longue jupe de la même couleur que ma brassière ne cache pratiquement pas mes jambes vu qu'il est d'un tissu transparent dont une simple étoffe cache le bas. Je suis pied nu. Je me sens vraiment pas à l'aise là-dedans. Et on m'a donné de plus un plateau remplit de sucreries. On m'ordonne d'entrer dans la salle. Je me débats comme je peux pour ne pas y entrer. Toutefois ils allaient appeler des gardes dont des hommes.
Dès que je suis entrée, tous les regards du sexe opposé me dévorent des yeux. Je me sens soudainement sans rien sur moi et peine à marcher vers les tables. Un homme me demande de venir. Je tressaillis. Je marche lentement pour faire perdurer les secondes avant que je dois être proche. Je sens le regard de Nathanael sur moi. Il me relooke sans gêne. Quand je suis proche de l'homme en question. Il prend une sucrerie après m'avoir fait un clin d'œil. Je vais vomir. Aah ! Ne te met pas en colère. Garde ton sang froid. J'entends d'autres m'interpelle pour me prendre encore d'autres sucreries.
Je suis soulagée quand il n'y en a plus. Je retourne hors de la salle et je me laisse glisser sur le mur froid laissant ma respiration recouvrir les bruits de la musique et des invités. Je ne pensais pas que d'être domestique pouvait être si dur. Je veux dire étant une jeune fille vulnérable aux hommes qui veulent s'amuser. Je ne dis pas que les femmes ne savent pas se défendre mais on doit bien avouer qu'ils sont plus forts que nous. Je ne peux m'empêcher de penser à toutes ces jeunes filles de mon âge qui ont dû perdre leur valeur la plus inestimable qu'elles ont dans ce bas monde. J'aimerai tellement m'enfuir d'ici. Il y a trop de mâles dans ce château.
Au moment où je pars loin de ce petit regroupement, comme si ce n'était déjà pas assez, une domestique me demande d'apporter des verres de vins dans la salle. Je la supplie de ne pas me laisser entrer la dedans mais elle n'hésite pas à me pousser dans la pièce. Je vois que pour elle aussi c'est un cauchemar pour y entrer.
J'aperçois le roi sourire malicieusement. Il me demande du regard de venir mais je ne fais rien. Je reste immobile comme une statue. Comprenant que je ne vais pas bouger, il me demande cette fois-ci du geste de venir. Je m'approche de lui à contrecœur. Il me prend un verre de vin et le boit d'une traite.— Pourrai-tu nous faire l'honneur d'une danse ? On m'a dit que les filles des chasseurs savent danser telles des aigles majestueux. J'aimerai voir ça.
Je ne vais pas danser. Déjà porter ces idioties me répugnent alors danser devant toute un auditoire d'hommes. Nathanael intervient :
— Père, elle ne doit sûrement pas savoir danser. Elle a l'air d'être maladroite.En ce moment, je regrette de ne pas être malhabile. Le roi rit pareil à une plaisanterie.
— Fils, si tu savais comment elles dansent, tu ravalerai ta langue.
Ce qui veut dire qu'il en a déjà vu une. Danser. Il me demande d'approcher mon visage du sien ensuite il me chuchote du creux de l'oreille :
— Si tu ne danses pas, je jure de te faire danser dans mes appartements, me menace-t-il. Danse maintenant, soumet-toi.Un sourire malfaisant trône sur ses lèvres. Nathanael n'a rien entendu. Je déglutis. Ma vie va-t-elle devenir ainsi ? Avec toujours des menaces ou des chantages dans l'air ? Je bouge doucement mes hanches en tournant mes mains d'une élégance que seule nous nous pouvons le faire. Du moins, j'essaie. Je ne suis pas la plus meilleure danseuse dans mon village. Tout de même, même avec mes mouvements étranges, des nobles s'extasient. Je croise les yeux du roi qui me demande d'en donner plus. Je lève mes bras à la hauteur de mes épaules et commence à glisser sur le sol en tapant des pieds que seules nous nous en avons le secret. Les yeux métallisés de Nathanael me dévorent. Je baisse les yeux mais je reste la tête haute. C'est la première fois que je peux voir ça dans son regard. Et je peux découvrir son vrai visage. Celui de son père. Quelque chose en moi vient de se briser. Je sais que nous ne devons pas généralisé mais comme on le dit souvent, tel père tel fils.
A la fin, j'ai pu enfin retourner dans le dortoir néanmoins pas pour longtemps m'empêchent au passage de me rhabiller correctement. J'ai été réaffecté chez le prince Nathanael. Je toque à sa porte, craignant quelque chose. Il m'ouvre, les pupilles dilatées où une fine couleur grise encercle le noir. Je vois du désir mais je ne veux que la liberté. Il ferme la porte derrière moi ce qui me fait sursauter.
— J'ai eu un déclic ce soir en te voyant danser d'une telle grâce que j'étais hypnotisé.
Il vient vers moi d'une démarche semblable au loup. Son regard est sombre. Son souffle rejette une odeur d'alcool infecte. Ses lèvres sont entrouvertes dans un rictus malsain. Mon coeur tambourine.
— Tu n'es pas lucide, Nathanael. Ne fais pas quelque chose que tu regrettera.
Il ricane. Je vois son père dans son regard, son rire, sa façon de me dévisager. Je regarde autour de moi et prend le chandelier en le pointant sur lui. J'espère que ça fera l'affaire.
— Ne t'approches pas !
Toujours en train de rire à tout ce que je dis. Les princes sont-ils tous idiots au point de rire tout le temps ? Sa démarche féline m'empêche de penser à quelque chose. Une seule chose dans ma tête : qu'ont-ils tous à marcher ainsi ? Bête question, je sais, dans une situation critique.
Il balance brusquement mon chandelier de l'autre côté de la pièce. Nous sommes à présent collés au mur et son haleine putride me pique les yeux. Cela me rappelle un douloureux souvenir. Ma plaie n'est à peine fermée.— Tu sais ce que j'ai toujours rêvé de faire ? me demande-t-il.
Je secoue la tête en m'attendant au pire. Je n'ai vraiment pas envie de le savoir ni qu'il ne me le montre. Il touche mes lèvres de ses longs doigts puis parcourt mon visage à chaque défauts, chaque grain de beauté, chaque poils. Des larmes se perlent doucement sur mes joues. Je m'efforce de rester forte. Mais c'est si dur quand les hommes persistent à abuser de ma personne.
Soudainement, je me sens légère. Libre de tout poids sur moi. Libre.
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Sang de chasseur
Teen FictionLe village petit malgré cela, rien ne peut se cacher. Barbare, violent, brutal ou traditionnel, cette communauté est désigné ainsi. Le roi n'arrive point à les soumettre sous l'autorité de la royauté. Nous les appelons les chasseurs du Caulus. I...