Cela fait une demi heure que j'essaie d'enfiler cette chose. Comment ces femmes arrivent-elles à mettre ces robes ? Odile et la marquise rient discrètement. Mon amie -si je peux l'appeler ainsi- m'aide à l'enfiler. C'est une robe brune satinée. A l'intérieur de la robe c'est d'un brun avec des reflets jaunâtre. La poitrine est bien recouvert. Les manches des bras s'évasent avec une fine dentelle dorée brune à la fin. Elle est simple. Elle n'amène pas le regard. C'est parfait. Au contraire d'Odile qui a une robe d'une teinte grisée mais est ornée par de jolies roses orangées. Le bas de la robe est décoré de dentelles avec des filaments d'argent. Ça lui va à ravir. Cette couleur la rend plus belle, plus élégante. Elle me regarde les yeux brillants.
— Tu es née pour entrer dans cette robe même si elle est modeste. On ne te reconnais point, me complimente-t-elle.
Je rougis. Je ne peux m'en empêcher. Mais je me fais quand même contenance pour ne pas l'enlever. Je ne me sens pas à l'aise dans cet accoutrement. Surtout avec la poudre blanche que la marquise m'a masqué sur tout le visage avec les lèvres rouges. À l'aide d'un recourbe-cil -que je ne connaissais point l'objet- elle a levé mes cils les rendant plus grandes. La marquise s'approche de nous pour nous contempler. Elle s'est vêtue d'une robe beige avec des bords blancs. Plusieurs nœuds papillons sont accrochés juste en dessous de la poitrine qui descend jusqu'à la taille. Les manches sont évasés à partir des coudes. Et la robe est large au niveau du bas. Elle est bien sûr gantée d'une paire blanche. Elle est magnifique dans cette robe.
Mais pour quel raison, nous fait-elle habillée ? Personnellement, je n'aurai jamais cru que je serai vêtue ainsi un jour. Vu que la question me pend aux lèvres, je la questionne.— Mais voyons ! Vous étiez -navrée de le dire- crasseux. Je ne pouvais pas vous laisser ainsi. En temps que marquise de Granada, je me dois de bien accueillir mes invités.
— Vous n'avez pas peur que le roi vous châtie pour parlementer avec une fille de chasseur.
— Il n'est pas mon père -qu'il repose en paix- pour me dire avec qui je dois fréquenter. Navrée pour lui.
Je commence à bien l'aimer cette femme. Elle nous demande de la suivre et pour une raison quelconque, j'accepte de la suivre. Nous arrivons dans un salon : gigantesque pièce avec des grandes fenêtres comme il y en a dans chaque pièce. La couleur dominante de cette pièce est le violet. Des canapés en bois dorées sont à quelques mètres de nous. Mais au fond de la pièce, les deux chevaliers de tout à l'heure sont en train de s'intéresser à des bouquins.
— Avez-vous trouvé quelque chose de captivant, monsieur Cologne ?
Le concerné repose un bouquin sur une étagère. Il époussette son manteau puis se remet droit.
— Je ne voulais pas être indiscret, madame la marquise. Mais puis-je permettre un avis ?
Elle hoche la tête.
— Vous avez très bon goût en littérature.
Elle rit discrètement puis fouette l'air d'une main.
— Voyons, arrêtez ses éloges. Vous me mettez dans tous ses états.
Il baisse légèrement la tête puis la marquise nous demande de nous assoir. Elle appelle un majordome et lui demande de préparer le thé et quelques biscuits.
— Alors. Que vous est-il arrivé pour vous retrouver dans la forêt ?
— Le village de ma très chère amie s'est fait attaqué hier vers l'après-midi. J'ai perdu un ami quand nous allions la délivrer, dit Odile.
Ses yeux se baissèrent. Léo. Je prends l'initiative de continuer à sa place.
— On s'est retrouvée dans une taverne et puis le lendemain en marchant, ces quatre hommes nous ont séquestré.
L'un des chevaliers s'avance vers nous et s'arrête près de mon canapé.
— Si je puis-je dire, vous devriez faire attention avec cette jeune fille. Nous ne savons pas grand chose appart qu'elle est fille d'un chasseur.
Il accentue bien le mot chasseur qui me désigne. Oui, je suis la fille d'un chasseur mais est-ce un problème ? Je suis fière de l'être et c'est ainsi. La marquise se lève et se poste devant le chevalier.
— Monsieur Fernand, si vous ne voulez pas que je me plaigne auprès du prince de Rollalya, vous devriez savoir tenir votre langue.
Il pince ses lèvres, pas content de cette remarque. Le majordome arrive avec le thé et les biscuits.
— Ce n'est pas trop tôt ! J'ai cru attendre une éternité, s'exclame la marquise.
— Madame la marquise, le prince de Rollalya est ici. Il attend dans la pièce d'accoté.
— Mais faites-le entrer, voyons !
Il fait une révérence et ouvre les portes laissant voir un jeune homme vêtu d'un manteau beige aux bordures dorées avec un pantalon noir droit dans des bottes noirs. Une sorte de foulard blanc orne son cou. Ses cheveux châtains sont bien coiffés. Mais ses yeux gris connaissables entre tous fixent les miennes d'une insistance brûlante. Tout le monde se lève mis à part moi. Odile me demande de ses yeux de me lever. Après quelques secondes à être fixé par tout ce monde, je me lève.
— Votre Altesse, quelle agréable surprise, susurre la marquise.
— Je suis là pour vous parler mais je vois que vous êtes déjà en de très agréables compagnies.
Elle rit et s'approche de Nathanael posant sa main sur l'avant-bras du prince. Un petit pincement au cœur survient sans que je ne le veuille.
— Voici, Odile de Beaux-arts fille de madame de Beaux-arts, la couturière et...
Elle se tait puis elle continue après quelques secondes de silence.
— Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous prénommer.
Je réponds :
— Je m'appelle...— Stallia, termine Nathanael.
La marquise nous jauge d'un regard interrogateur.
— Vous vous connaissez ?
Je hoche la tête et je sens mes larmes monter. Même si je suis maquillée, ça ne cachera pas ma nature devant lui. Je m'approche de lui et lui donne la gifle la plus monumentale que je ne puisse faire et sort en vitesse de la pièce.
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Sang de chasseur
Teen FictionLe village petit malgré cela, rien ne peut se cacher. Barbare, violent, brutal ou traditionnel, cette communauté est désigné ainsi. Le roi n'arrive point à les soumettre sous l'autorité de la royauté. Nous les appelons les chasseurs du Caulus. I...