16 • Retour en arrière

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     Heureusement, Pythonissam débarque dans la pièce. L'atmosphère se calme et je recule. Il nous regarde d'un œil superstitieux. Je sèche vite mes larmes en tournant la tête à l'opposé de Pythonissam.

— Aqua te demande.
   Puis d'un ton plus bas qui ne se veut pas être entendu, il chuchota en ricanant :
— Dis donc tu es désiré dans ce village !

     Je pince mes lèvres puis je leur dis que je dois y aller. Dryadalis ouvre la bouche mais s'abstient de dire quelque chose. Je leurs donne mes salutations puis sort de cette humble demeure. Je vois cette fille en question : beaux cheveux châtains, des yeux noisettes, un visage gracieux et son nez est très fin que la plupart du village. Elle est l'une des plus chanceuses à avoir un nez pareil. Je la jalouse pour cela. Elle me fait un sourire digne d'une duchesse. Je lui en donne un, toutefois je pense que celui-ci est un peu crispé.
     Je vois au loin Vinandi. Prétentieux comme prénom tel qu'il est. Ça veut dire : chasseur. Ses parents n'ont pas cherché loin. Il me regarde intensément ce qui me met mal à l'aise. Je baisse mon regarde et continue ma route vers chez moi.

     Ma mère me demande ce que j'ai fais toute la matinée. Et je murmure des mensonges. Elle me fixe, mais n'insiste pas. Suis-je une aussi mauvaise comédienne ? Je vais dans ma chambre et je me couche sur le lit en regardant mon plafond. Au faite, je ne sais point si je l'ai dit, mais dans quelques semaines, j'aurai atteint l'âge de mes 18 ans. Je serai grande pour tout le village. Une nouvelle jeune femme pour assurer la descendance des chasseurs. Voilà ce que nous sommes, les femmes. La famille de ma mère est celle la plus respectée car tous les enfants de ma grand-mère sont celles qui savaient faire le ménage parfaitement et très vite, la meilleure cuisine comme si elles savaient le faire depuis leur naissance, l'éducation la plus digne qu'elles étaient fort demandées par les prétendants. Nous sommes respectés pour ceci.
     Du côté de mon père, c'est la force de mon grand-père et de mon père qui est respecté. Le père de mon père était le meilleur, mais pour cela il fut tué. Il était trop puissant pour nos hommes. Ils l'ont assassiné un soir lorsque qu'il avait trop bu. Mon très chère géniteur en est devenu un rocher après cet épisode. Ils enchaînaient les conquêtes jusqu'au jour où il l'a vue. Ma mère. Le bourreau des cœurs et l'innocente jeune fille. J'aime écouter l'histoire de mes parents quand ma mère me l'a conte.

     Quelqu'un me sort de mes pensées. Celui-ci s'assoit sur mon lit. C'est Solem.

— Ça va, petite sœur ?

     Je souffle d'agacement. Ne peut-on pas me laisser seule quelques heures ? J'aime penser, réfléchir à la vie, à ma vie.

— Maman me dit que tu passes tes journées à rien faire. Tu gâches ton temps.

— Maman s'inquiète trop.

     Elle se relève et ma grande sœur regarde à la fenêtre. Ses doigts courent le long des rebords comme si elle cherchait quelque chose.

— Tu es différente depuis ton séjour chez eux.

     Je reste silencieuse. Peut-être que oui, j'ai changé. Je suis devenue plus distante, plus prudente.

— Maman a reçu beaucoup de lettres, chuchote subitement Solem.

— Quelles lettres ?

— D'un certain Nathanael.

     Je tressaillis. Que dit-il dans les lettres ? Je ne peux pas. Je n'ai pas envie de les recevoir.

— Ne te fais guère du soucis. Elle ne les a pas montrées à papa. Je dois partir. Je voulais juste te prévenir. À une autre fois, petite sœur.

     Sa dernière phrase me fait vite penser à notre rencontre avec Nathanael. Je ne l'ai pas oublié même si j'ai essayé de tout cœur. Je vois des fois son visage dans la forêt Sombre. Mais je ferme les yeux puis les rouvres pour voir qu'il n'y a rien. Soleil, mon beau cheval, son présent, n'est pas encore retourné dans les bois. Je le laisse se promener autour du village, mais pas plus. Je ne veux plus retourner dans cet endroit où ma vie a changé.

     Après que ma mère est sortie pour s'occuper du potager, je suis allée dans sa pièce. Papa ne risque pas de venir. Il est parti à la chasse avec des amis. J'ai cherché partout ces lettres mais introuvables. Ensuite je me souviens que maman déplaçait souvent le lit. Je pencha ma tête en dessous du celui-ci. Une petite trappe y s'y trouve. Je l'ouvre et laisse balader ma main à l'intérieur jusqu'à ce que je sens du papier dans les mains.
   Au moment où j'allais les prendre, maman interpelle mon prénom. Je lâche vite les papiers et referme la trappe. Je me remets debout pile au bon moment. Ma mère rentre dans la pièce et me fixe d'un air étrange.

— Que fais-tu ici ?

— Je... Euh...

     Elle me regarde comme si elle avait vu ce que j'allais faire ici. Puis elle secoue légèrement la tête et me prévient qu'il y a quelqu'un pour moi.
Je reste interdite. Le seul prénom qui me vient en tête, c'est Nathanael. Serait-il venu jusqu'ici pour me voir ? En plus dans mon village. Les pieds ne me répondent pas. Ils ne veulent pas marcher. Mon cœur s'emballe. Je pose un pied devant moi comme si j'étais un nouveau-né sous le regard étrange de ma mère puis un autre et ainsi de suite. Devant l'entrée de la porte, Vinandi est adossé à celle-ci. Ses cheveux bruns sont bataillé. Ses yeux marrons poussant plus sur le noir me dévisagent ouvertement. C'est le seul à avoir cette couleur aussi ténébreuse qu'il en fait peur. Ses bras croisés sur son torse musclé mettent en valeur ses biceps. Son teint hâlé le rend plus attirant qu'il l'est. Il esquisse un sourire carnassier puis il détend ses muscles en laissant ses bras pendre. Il s'approche de moi et s'arrête à une dizaine de centimètres. D'une voix rocailleuse comme si elle n'avait pas été utilisé, il susurre :
— Mes salutations les plus distingués, ma femme.

Sang de chasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant