Je dois me rendre à l'évidence : je suis (rien qu'un peu) nulle.
Mon plan pour connaitre le père de Charlotte n'a pas marché. Et celui pour pécho mon prof aussi : voilà trois jours que je lui ai fait passé ma lettre et toujours aucune nouvelle. Ouin.
Je me sens seule et désespérée. Même Patrick n'a pas su trouver les mots pour me calmer. Il est pourtant mon meilleur ami zen. Ouin.
Faute de mieux, je vais chercher de la glace à la vanille dans la cuisine, dans le but de la manger sous ma couette en regardant un film niais. Il parait que c'est un remède efficace.
Mais en arrivant dans la pièce, je constate que c'est Charlotte qui a le pot et qu'elle le mange seule au comptoir. Je suis surprise puis en colère puis surprise encore. Elle a l'air triste elle aussi.
Je renonce à la tuer, prends une cuillère et une longue inspiration, puis m'assieds à côté d'elle.
Les autres sont en train de dormir, et nous voilà à manger de la glace au milieu de la nuit.
J'attends que Charlotte parle, car elle va le faire étant donné que ceci est une chronique. C'est en général à ce moment-là que le personnage lâche ses états d'âmes pour faire un peu avancer l'histoire. Enfin, je crois.
Charlotte (nulle aussi) : Je sais même pas qui est mon père.
Moi : Moi non plus.
On se regarde et je comprends que nous avons autant envie de savoir toutes les deux.
Moi (docte) : Si tu veux tout savoir, le mien, il est mort.
Elle garde le silence quelque instant, et me prend le pot de glace pour piquer dedans.
Charlotte : Alors, toi aussi t'as loupé ton complexe d'Oedipe ?
Moi : C'est qui Dipe ?
Avec son air choqué, elle ressemble beaucoup à Fraise quand je lui faisais des doigts d'honneur. Ah, la belle époque. Je ne suis que nostalgie. Ouin.
Moi (perplexe) : Il joue dans quel film ?
La gamine me fusille du regard alors je lui arrache le pot de glace des mains pour me venger.
Je réfléchis. Charlotte et moi, on cherche toutes les deux à savoir qui est son père. Moi, par besoin de commérages, elle, pour réussir son truc de Dipe ou je ne sais quoi. Une idée de génie germe alors dans mon esprit fertile. Je ne suis donc pas nulle. Le constater me met du baume au coeur et j'ai presque plus envie de pleurer.
Moi : On devrait faire équipe. Toi et moi.
Charlotte : À deux.
On commence à chanter comme dans une comédie musicale, mais soudain, Fraise et 31 nous hurlent de nous taire alors, on arrête notre danse. Je suis déçue. Charlotte me fixe et c'est chelou. Cette fille est trop bizarre.
Moi : Alors, tu acceptes de faire équipe ?
Charlotte : Tu es du côté obscur ou lumineux de la Force ?
Moi : C'est l'union qui fait la Force.
Soudain la maison s'écroule autour de nous, des journalistes arrivent en masse et me demande une interview tout en me bombardant de photos, et le monde entier est en effervescence car c'est la première fois que j'ai une réplique cool dans toute l'histoire de mon existence.
C'est faux en fait, rien de tout cela ne se passe, mais j'aurais aimé que ce soit le cas. Mais l'auteur vaut pas. Du coup, le seul témoin de mon éclat est une gosse de quatre ans instable et obsédée par Star Wars.
Moi (sans conviction) : Hiiiiii...
Charlotte : J'y gagne quoi ? Je peux très bien me débrouiller seule.
Moi : Si tu refuses, je te vire de la chronique. En plus, je suis riche et belle. Alors ?
Elle réfléchit. Ça la rend moche, pas comme Tom-Richard.
Charlotte (déter) : Deal.
Nous nous serrons la main. J'avais bien dit que le personnage allait faire avancer l'histoire.
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Le Cri de la Carotte
HumorJe ne vais pas vous ressortir le coup de la thérapie, on ne va pas se mentir : je n'écris le tome 2 que pour le privilège d'utiliser cette couverture (que Phyphy a concoctée, qui d'autre ?). Cinq ans plus tard, Amy est toujours aussi stupide rassur...