Chapitre 30 :

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Nous étions plaqués contre un haut mur en béton, cachés dans l'ombre tel deux fantômes. Sonya parvenait pratiquement à arrêter sa respiration pour se plonger dans un silence impressionnant. Pour ma part, je faisais de mon mieux afin d'effacer ma présence. L'elfe avait élaboré un chemin à travers la ville pour éviter les zones les plus peuplées ou éclairées. La règle d'or de notre infiltration était d'être invisibles ! De véritables ninjas ! Nous devions nous fondre dans le décor comme le portait de la Mona Lisa sur les murs du Louvres.

Un couple passa à deux bons mètres de nous, main dans la main. Ils semblaient dans leur petite bulle d'amour, un cocon de tendresse. J'y aurais cru s'ils n'avaient pas été membres de la Secte. J'aurais pu être attendri. Cela me serrait le cœur de constater que des gens aux apparences aussi douce pouvaient se laisser endoctriner par un groupe extrémiste. Sonya resta impassible en les suivant des yeux. Je ne savais pas ce qu'elle ressentait ... De la colère peut-être, certainement pas pas de compassion car elle les tuerait à la première occasion venue.

La demoiselle rigola avant de déposer un baiser sur la joue de son partenaire qui lui répondit par un sourire charmant avant de l'embrasser tendrement. Sonya leva les yeux u ciel l'air de penser : « dépêchez vous bon sang ! on n'a pas que ça à faire ... » Ils ne tardèrent pas à disparaître dans le jardin de la maison cible. J'avais du mal à croire que je me retrouvai de nouveau ici. Ma dernière expérience n'avait pas été des plus joyeuse non plus. C'était finalement assez ironique, c'était ici que tout avait commencé, et que tout continuait.

-Infiltration phase deux ! souffla ma camarade.

D'un mouvement de la main elle initia la manœuvre. Elle jeta un coup d'œil de chaque côté de la rue : la voie était libre. Elle traversa la chaussée sous la lueur jaunâtre du réverbère et sauta le muret pour se cacher derrière un large buisson sculpté dans une sphère parfaite. Á mon tour, je prenais garde à ce que personne ne s'aventure dans la rue pour rejoindre ma camarade. Nous avions longuement travaillé ma discrétion, toutefois je n'étais en rien aussi invisible que le Fantôme. Elle me le fit d'ailleurs remarquer d'un regard dur lorsque j'atterris à ses côtés. Sonya était une toute autre personne lorsqu'elle travaillait. Ses moindres gestes respiraient le sérieux et le professionnalisme.

Nous étions dissimulés à l'abri des regards, aussi bien pour les passants que les habitants de la maison. Son architecture me surprenait toujours, de par sa modernité assez absurde.

-Tu es prêt ? me demanda la jeune femme, soucieuse.

J'opinai d'un mouvement de tête. Nous agissions comme prévu au préalable. Je ne la décevrais pas, je me sentais capable de jouer mon rôle.

-Trouve moi une entrée pour m'infiltrer et je m'occupe du reste, déclarai-je optimiste.

L'elfe opina de la tête et se dégagea de la cachette pour se rapprocher de la maison toujours à couvert des plantes. Je retirai mes vêtements et les rangeais dans un sac à dos. Le froid ne tarda pas à se faire sentir tandis que mes joues s'empourpraient à cause de la gêne. J'avais l'impression de me retrouver nu beaucoup trop souvent ces derniers temps. Je ne tenais pas à avoir un casier judiciaire avec un dossier « exhibitionnisme ».

J'étais anxieux. Il y avait tellement de d'étapes qui pouvaient tourner au cauchemar. La commandante des manœuvres avait planifié notre mission dans le plus de détails possibles, toutefois il restait des zones d'ombres. Des zones d'ombres effrayantes. Heureusement Sonya couvrait mes arrières, j'avais un espoir de m'en sortir. Minime, mais un espoir quand même.


Je calmais mon état général et utilisai mon pouvoir. La transformation se déroula plus facilement que lors des entraînements. Mon objectif et mon instinct de survie influençaient mes capacités. Cet instinct sauvage qui me poussait à vouloir vivre. Je secouai mon petit museau dont le bout du nez était blanc. Les fumets étaient forts : un papillon de nuit, une limace, l'humidité de l'herbe. Je me trouvais transporté dans un voyage olfactif inconnu. Et mes oreilles toutes petites sur le haut de mon crâne aplati me permettaient d'entendre le bruit des rongeurs qui courraient dans la haie, le souffle des oiseaux qui se reposaient dans les arbres. Les êtres humains rataient tout un monde fascinant !

MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant