Chapitre 33 :

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Assis en face de Sonya, j'étudiais les brouillons récapitulant les informations acquises depuis le début de notre mission d'infiltration. Nous étions loin de tout savoir sur la Secte des Sancti Venatorres, toutefois nous avions pu établir une liste assez complète des membres y appartenant. Il y avait environ une cinquantaine de personnes recensées dans la région. Il devait y avoir d'autres rassemblements ailleurs, dans des régions plus éloignées. Mais ils n'étaient pas sous notre surveillance.

Le réseau était large et bien organisé. Loin de la logique d'un petit groupuscule de militants. Une hiérarchie était établie entre chacun des membre ayant rejoint la Secte. C'était le plus déroutant : l'ampleur du phénomène.

Sonya grignotait pensivement un criterium lorsqu'elle attrapa la feuille qui récapitulait leurs dernières actions.

-Ils sont beaucoup trop calmes ces temps-ci. Quelque chose ne va pas, je le sens ... ils préparent un mauvais coup ! déclara-t-elle jouant avec le criterium entre ses doigts.

Je jetai un coup d'œil à la frise chronologique établie par nos soins, avant de hocher la tête.

-C'est vrai. C'est rare qu'ils soient aussi inactifs. Peut-être prennent-ils de plus grandes précautions depuis que nous avons infiltré leur réunion. Ou alors ils misaient sur mon exécution lors du rendez-vous avec Laura pour avancer dans leurs projets. Ils recalculent leurs plans ...

-Non, l'hybride secoua la tête négativement. Ils ont toujours des alternatives, ça tu peux me croire. C'est la raison pour laquelle la Secte me pose autant de problèmes. Ils nous préparent une crasse, pour sûr !

Saisissant le récapitulatif des membres de la guilde, mes yeux tombèrent de nouveau sur son prénom : Laura. Je n'arrivais toujours pas à l'accepter et pourtant c'était bel et bien vrai. Serais-je capable de la tuer si ma vie en dépendait ? En m'engageant aux côtés de Sonya, je n'avais jamais envisagé de tuer quelqu'un. Enfin, il y avait toujours cette idée dans le fond de mon esprit que si un fou furieux m'attaquait je me chargerai de son cas. Mais avec quelqu'un comme Laura, serais-je seulement capable de pointer mon arme dans sa direction ? Finalement ce n'étaient que des pensées futiles car la vérité était toute bête je voulais survivre. J'étais un être égoïste comme la plupart d'entre nous. Dans le feu de l'action, je ne me questionnerai pas autant qu'à présent : l'instinct, l'adrénaline, toutes ces petites choses qui feraient que j'abattrai mon doigt sur la gâchette dans un élan de désespoir et de fureur. Les remords viendraient ensuite, quand il serait trop tard. Une fois que la faucheuse aurait refermée ses doigts sur l'individu sur ma route. Et ce, si ce n'était pas moi qu'elle prenait avant.

Tout de même, le caractère définitif de la mort m'effrayait. J'avais encore en mémoire la disparition de Rebecca. Un instant vivante, l'instant d'après disparu pour toujours. Son souvenir resterait jusqu'à ce que chacun oubli, car l'oubli était tout ce qu'il me restait pour essayer d'avancer.

-Nous n'avons qu'à frapper avant eux. Si on sème la zizanie au sein de la Secte avant qu'il n'exécutent leur plan nous les retarderions, peut-être même parviendrions nous à démanteler le réseau suffisamment longtemps pour faire disparaitre cette dernière.

L'elfe s'immobilisa un instant.

-Et si c'était exactement ce qu'ils voulaient, que l'on frappe avant eux ? questionna-t-elle ses yeux bleus rivés sur les miens.

Je réfléchis : effectivement, il attendaient peut-être que nous attaquions les premiers. Mais si nous coupions les têtes pensantes qui dirigeraient les opérations ? Nous savions que le réseau était particulièrement bien organisé. Le génie derrière cette oeuvre, le terrifiant homme tatoué. Se posaient ensuite Alexandre, le père de Laura, et deux autres personnes, des bras droits agissant indépendamment. Chacun d'eux possédaient deux fidèles subordonnés. Pour le père de Laura il s'agissait d'un membre de la gendarmerie et d'une avocate. En frappant le commandement, nous avions de quoi déstabiliser la totalité de l'organisation. Le problème était de parvenir à les avoir en même temps, ou au moins dans un intervalle suffisamment restreint. En nous attaquant à la globalité du réseau plutôt qu'à un groupuscule, on leur coupait l'herbe sous le pied en terme de riposte et de reprise du commandement.

MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant