Chapitre 20 :

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            Le tableau noir se remplissait au fur et à mesure que je le fixai. Ma main ne bougeait pas pour autant afin de recopier le cours. J'étais absent, dans ma bulle, insonorisée. Les lèvres du professeur de philosophie se déplaçaient et ses expressions changeaient mais je n'entendais rien. Plongé dans mes pensées, je n'arrivais à me concentrer sur rien, les paroles de Sonya me trottaient constamment en tête : Je sais que tu m'accuses de tous les torts cependant, je peux te garantir que je suis innocente pour au moins la moitié de ces crimes. Elle n'était pas seule. J'avais du mal à la croire et en même temps je ne pouvais pas remettre tous ses propos en doute car je savais mieux que quiconque que les créatures étaient les cibles de ces attaques. 

Une secte ? Des gens qui persécutaient les surnaturels. Cela ressemblait à l'inquisition ou au Ku Klux Klan, donc fortement possible. La violence humaine trouvait n'importe quel prétexte pour se manifester. Mais pourquoi ne pas mettre tout le monde au courant si certains humains savaient ? ... L'idée que la société entière sache me glaça le sang : lynchage, meurtre, ghettos, asservissement ... la liste était longue. La « secte » ne tenait donc pas à semer la panique au sein de la société actuelle, c'était déjà un point positif. J'avais peur, peur de ce que je découvrirais si je creusais d'avantage. 

Je me sentais un peu comme un détective à la recherche d'un disparu qui retrouvait un doigt de la victime et priait de tout cœur de ne pas retrouver le reste du corps six pieds sous terre. J'avais presque envie d'enterrer tout ça dans une boîte et prétendre de n'en savoir rien. Le problème avec la vérité était que quand on en découvrait un bout, la curiosité poussait toujours à mener l'enquête plus loin, comme lorsqu'on assemblait deux pièces de puzzle et qu'il commençait à dessiner une forme qu'on veut finir par révéler.

-Un peu de concentration je vous prie jeune homme, dit le professeur pour la troisième fois de l'heure.

D'après son regard exaspéré, je comprenais que j'avais intérêt à me tenir d'ici la fin du cours. Heureusement qu'il ne restait que dix minutes. Edward qui copiait la leçon et les remarques de l'enseignant s'intéressa à moi.

-Et bien qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui mon grand, c'est pas toi de te faire reprendre comme ça ...

J'haussai les épaules.

-Je suis fatigué, soupirai-je avec toue la discrétion d'un adolescent qui refuse de se faire enguirlander une fois encore par son prof.

-Toi et Sonya avez des choses à raconter ? plaisanta-t-il en me donnant un coup de coude léger dans les côtes.

Très drôle ! exprima mon regard à ma place. Il n'avait pas tort, mais je n'étais responsable en rien de l'absence de l'adolescente ce matin.

-J'ai mal dormi, je me suis réveillé à quatre heure du matin sans pouvoir me rendormir, la routine quoi.

Encore ce foutu cauchemar ! Je m'étais tourné et retourné mais impossible de replonger dans le sommeil et avec les évènements de la veille, comment dire que je n'étais pas frais, frais, ce matin au réveil. Je sortais la tête de l'eau pour éviter de me noyer mais cela n'allait pas plus loin, juste de quoi survivre.

-Pas de bol, on dirait bien que tu deviens insomniaque mon pauvre Sam. Si tu veux qu'on parle de ce qui te tracasse n'hésite pas, si je peux t'aider.

Edward était toujours prêt à filer un coup de main, c'était quelqu'un de généreux. Cette fois-ci il n'était pas en mesure de m'aider, et je n'étais certainement pas prêt à me confier.

-Merci, je vais bien, je t'assure. Je dois simplement être un peu stressé par les examens qui approchent et ce genre de choses.

Edward me connaissait trop bien pour croire mes mensonges, par politesse cependant, il n'insista pas. Comme tout bon élève qui se respecte, il retourna à sa prise de notes, me laissant de nouveau dans mes pensées.

MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant