Chapitre 44 :

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-Nous deux c'est fini.

-Je ne comprends pas ...

-On ne peut plus être ensemble, c'est aussi simple que ça. Je suis désolée.

Il s'assit sur le canapé du salon, les yeux rivés sur le sol. Il avait l'air si triste. Je ne dis plus rien. J'avais déjà dit suffisamment de mots blessants. C'était pour cette raison que je l'avais repoussé avec tant de véhémence pendant plusieurs mois. J'avais succombé un jour de faiblesse et nous voila aujourd'hui face à la cruelle réalité.

-Parfois ce sont les situations plus que les sentiments qui changent. Tu n'y es pour rien, mais il m'est impossible de rester ici plus longtemps.

Léo était toujours muet. Il avait l'air prêt à pleurer, même si techniquement nous n'avions pas été ensemble suffisamment de temps pour nous attacher.

-Ne pars pas. Reste ici. On trouvera une solution à tes problèmes Sonya, je ne les laisserai pas te faire du mal.

-Tu ne peux pas comprendre, c'est bien plus compliqué que ça.

-Explique moi alors ! supplia-t-il, sa voix entre la colère et le désespoir.

-Si je te racontais ce qu'il y a à savoir je devrais te tuer. Crois moi, tu ne veux pas être au courant, c'est mieux si tu te dis qu'il n'y a rien à faire et tu me laisses partir.

Le garçon était en colère contre moi, peut-être même contre le monde. Ses yeux bruns me toisaient durement. Il n'avait pas l'habitude de se faire larguer. Cela devait être un choc brutal. Mais c'était une expérience utile. Il en sortirait grandi. Á l'avenir, il ressentirait d'avantage d'empathie quand il larguerait ses copines. Et moi, j'éviterais de commettre la même erreur. Plus encore, j'aurais besoin d'un peu plus d'entrainent pour redevenir le fantôme.

-Je ... Tu ... Non !

Léo ne savait même plus quoi dire. Les sentiments l'avaient rattrapé. Il luttait contre la tristesse en la transformant en colère.

-Tu n'as pas le droit de me faire ça. Á cause de toi j'ai dû aller en garde à vue sous le regard désapprobateur de mon père. Je t'ai suivi dans tes manigances sans jamais te questionner lorsque tu disais stop. Et là tu me largues comme une vieille chaussette sale et je dois l'accepter sans rien demander ?

Ses joues étaient rouge de rage.

-Écoute, je ne te dois rien, tu m'as suivi de ton plein gré.

-Mon plein gré ?! Tu déconnes ? La dernière fois que je t'ai suivi, tu ne m'as laissé aucune option. J'ai juste elle temps de monter dans une voiture que j'étais face à la police.

-Ridicule. Si tu ne voulais pas me suivre, tu ne l'aurais pas fait. Le libre arbitre c'est toi qui le détiens. Tu m'as suivi parce que tu m'aimes voilà tout, l'amour t'a rendu docile.

Il se tut de nouveau, mais au lieu de rester immobile, il se leva pour me faire face, nos yeux étaient quasiment à la même hauteur.

-Oui je t'aime et tu me brises le coeur, déclara-t-il finalement résigné à me dire adieu.

Je soupirai. J'avais mal moi aussi pour la première fois depuis très longtemps. La tragédie de ma tribu aurait dû me sevrer définitivement de ce besoin de chaleur humain et d'affection. J'étais faible, j'aurais dû être plus forte que ceci. J'étais au-dessus de cette nature humaine liée à une réalité illusoire. Les sentiments ne me servaient que de mascarade pour mieux leurrer mes ennemis. Il n'y avait que les compétences et la raison qui avaient leurs places dans le monde. Dans mon monde.

-Moi aussi je t'aime, mais la vie est injuste. Il n'y a pas que des fins heureuses.

Mes doigts trouvèrent leurs places auprès des siens tandis que j'engageais un contact. Notre dernier moment de tendresse avant la fin.

-J'imagine que c'est le revers de la médaille. Aimer a un prix, on prend un risque et parfois on finit blessé. Tu m'auras appris ce que signifiait l'amour, et c'est inestimable, merci.

Ses yeux brillèrent d'un éclat terriblement doux, à m'en couper la respiration. Il était à présent calmé. Il se laisser bercer comme un enfant aux creux de mes bras. Mes lèvres trouvèrent les siennes, douces, aimantes. Elles s'entremêlèrent dans une caresse légère puis plus intense. C'était mon dernier moment de faiblesse.

MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant