Cela faisait deux jours que l'adolescent avait abandonné sa vie de pêcheur.
Il se rappela alors de son bateau, perdu au plein milieu de la mer, puis réalisa qu'à présent, ce n'était pas le plus important.
Allongé sur le lit de la princesse et les mains derrière la tête, Axel se perdait dans ses pensées, le regard sur le plafond conique. Morgane, elle, regardait la baie vitrée, la tête entre ses mains.
- Oh, remarqua-t-elle, la marchande vient de rentrer dans le château. J'espère que mon père va pas être assez stupide pour se faire arnaquer une deuxième fois.
- Ah ?
- Cette marchande-là est grave futée. Elle arrive à revendre quelque chose deux ou trois plus cher, juste en amadouant son client. Je sais pas comment elle fait.
Elle s'allongea sur le lit, sa tête près de celle de l'adolescent. Ils se regardèrent et se sourirent, sans dire un mot.
Leurs yeux criaient ce qu'ils cachaient au plus profond d'eux-mêmes, mais leurs bouches refusaient de tout avouer.
Puis, soudain, Morgane lui tourna le dos. Elle marmonna :
- J'ai envie de dormir.
Il l'entendit bailler, puis plus rien. Elle s'était déjà endormie.
Axel approcha sa main du corps dormant de la princesse, frôlant à peine le dos de la sirène avec ses doigts, puis les replia sur eux-mêmes, comme si c'était une mauvaise idée.
Il lâcha un soupir puis ferma les yeux à son tour. L'adolescent fut entraîné dans son propre monde des songes.
Avant d'être brutalement réveillé par un bruit fort, comme si quelque chose venait d'exploser.
L'adolescent se redressant brutalement. Il regarda tout autour de lui : rien. Venait-il de rêver ?
Non, Axel ne rêvait pas. Il l'avait compris quand il vit des soldats hurler des ordres à d'autres soldats, certains barricadaient l'entrée de la chambre de la princesse.
- C'est quoi, ça ? lança-t-il.
Morgane grogna, se leva lentement comme si rien ne se passait, s'étira puis regarda le faux triton avec ses yeux mi-clos. Elle s'approcha de la baie vitrée, en posant ses fines mains sur le verre, avant de lança d'une voix plate, sans aucun écho de peur ou de choc :
- Oh, quelle surprise.
L'adolescent se rua sur la fenêtre, ses yeux s'écarquillèrent quand il vit une masse rouge tentaculaire rentrer dans le château, attrapant puis jetant des soldats en l'air comme de vulgaires jouets.
- Je te présente... Clément.
C'était donc lui.
- Faut que j'y aille, cracha-t-il. C'est à moi de le tuer, non ?
- De un, t'es pas armé. De deux, seulement s'il s'approche trop de moi. De trois, tu vas le regretter donc tu vas rester ici.
- Mais je suis ton garde du corps !
- Peut-être, mais suis-je en danger, là, maintenant, tout de suite ? Regarde, il y a des gardes devant la porte de ma chambre, je suis...
- BAISSE-TOI !
Il la plaqua au sol et se servit de son propre corps comme bouclier humain, sentant alors les doigts de la princesse se planter dans la peau de son dos et sa tête se poser contre son torse. Un tentacule avait détruit la vitre et était rentré dans la chambre, avant de ressortir rapidement.
- Ça va ?
- C'est plutôt à moi de te demander si tu vas bien ! rétorqua-t-elle. Tu viens de te jeter comme un malade sur moi !
L'adolescent allait lui répondre mais il sentit quelque chose de froid et de visqueux lui serrer le cou. Il laissa échapper un cri puis quelque chose l'entraîna en arrière, devant le regard choqué de la princesse.
Un rire sinistre retendit derrière lui, Axel essaya de retirer ce qui l'étranglait avec ses mains et sa force, en vain.
Il comprit alors que c'était un tentacule qui lui coupait la respiration. Une créature surgit alors, qui paraissait humaine au premier abord, mais tout le bas de son corps était remplacé par des tentacules rouge vif.
Clément.
La créature sourit d'une façon dérangeante avant de passer sa langue sur ses dents. Des soldats surgirent dans la chambre mais leur ennemi fut plus rapide qu'eux : Clément en attrapa plusieurs, les tapa violemment contre les murs de la chambre, ou les envoya sur d'autres soldats, avant de se concentrer de nouveau sur l'adolescent.
Des cheveux bruns et chaotiques. Des yeux marron banal. Une peau légèrement mate. Des bras maigres. Un corps frêle. C'était donc cela, le pire ennemi du roi des sirènes, celui qui voulait kidnapper la princesse ?
Axel crut que c'était une blague.
- LÂCHE-LE !
Morgane se rua sur Clément, armée d'une chaise, prête à le taper avec. La créature mi-homme mi-pieuvre attrapa son arme de fortune, la balança contre le mur, puis enserra la queue de poisson de la sirène avec une de ses tentacules.
Morgane se retrouva la tête en bas. Elle fronça les sourcils, croisa les bras et rétorqua :
- Ah bah bravo, franchement, félicitations ! Je te félicite ! Bon, aurais-tu la gentillesse de me lâcher et de partir te faire oublier ?
Clément lui sourit, d'un sourire désagréable à voir, limite cruel.
- Non, répondit-il enfin.
Même sa voix était insupportable.
Il se tourna vers Axel, le fixa puis passa de nouveau sa langue sur ses dents. L'ennemi articula :
- Tu es... pas comme eux.
Une nouvelle vague de soldats arriva pour contrer l'attaque de la créature, mais leur intervention fut inutile : Clément les repoussa sans réelle difficulté.
Puis Axel sentit comme si sa queue de poisson se détacher du reste de son corps. Il avait déjà rencontré cette sensation. Il écarquilla les yeux, effrayé.
L'adolescent voulut hurler, mais ses poumons se remplirent d'eau salée. Ce n'était plus sa queue de poisson qui battait l'eau, mais ses jambes.
Il était redevenu humain.
Clément le lâcha, l'humain ne put rien faire, sous l'emprise de la noyade. Sa vue était troublée, son ouïe était atténuée, sa force avait disparu.
Ses yeux se fermèrent. C'était terminé.
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I am not a fish ! // REÉCRITURE
ParanormalDISCLAIMER : quand j'ai écrit cette histoire, j'avais quinze ans. J'en ai à présent vingt-trois. Et je trouve que cette histoire a très mal vieilli. J'ai donc décidé, plusieurs années plus tard, de retravailler « I am not a fish ! » et de la remettr...